Les opportunités et défis de la diffusion d'ouvrages chinois en France |
-- Rencontre avec Danielle Charpentier, directrice des Éditions du Centenaire Par Nelly Alix L'apprentissage du chinois est en vogue en France depuis quelques années. La Chine multiplie les efforts pour diffuser son soft power et des Instituts Confucius ont ouvert leurs portes dans de nombreux pays du monde pour répondre à la demande croissante. Cet engouement fait particulièrement le bonheur des libraires et distributeurs spécialisés. Nous avons rencontré hier à Beijing Danielle Charpentier, directrice des Éditions du Centenaire, pour discuter des nouvelles opportunités, ainsi que des défis, de la diffusion d'ouvrages chinois en France.
Les Éditions du Centenaire ont été créées en 1971 et se trouvent au cœur du quartier de Belleville à Paris. Elles fournissent à de nombreux libraires des méthodes de langue, dictionnaires et divers ouvrages sur les cultures asiatiques. Une coopération directe a été établie avec les Éditions en langues étrangères de Chine et la CIBTC (China International Book Trading Corporation) pour assurer l'approvisionnement des titres les plus prometteurs. Mme Charpentier observe une curiosité plus vive pour la culture chinoise depuis quelques années, et note que ce phénomène touche une frange élargie de la population : « Cet intérêt se manifestait auparavant essentiellement dans les cercles intellectuels et politiques, c'est différent aujourd'hui. Il y a aussi une plus grande couverture de la Chine dans d'autres médias, notamment la télévision, qui n'est d'ailleurs pas seulement positive. On sait encore peu de la vie quotidienne des Chinois, de l'image des jeunes sur leur pays et sur les caricatures offertes par certains médias étrangers. La littérature peut être un bon vecteur de diffusion culturelle. Il y a par exemple de bons auteurs chinois de science-fiction susceptibles de toucher le lectorat français ». Suivre les tendances et les publics Un contact régulier doit être maintenu avec les libraires de l'ensemble du pays pour promouvoir les nouveautés. « Le travail de contact se fait de plus en plus sur internet, cela est une méthode souple pour nous, adaptable à chaque saison, qui nous permet d'envoyer des thématiques ». Mais certains libraires de province manquent de temps et de personnel pour gérer leur activité en ligne. C'est pourquoi les visites restent fréquentes : « Cela est un aspect important de notre métier. Nous leur présentons notre collection, mais ce sont eux qui sentent directement le marché ». L'activité des Éditions du Centenaire est pour l'instant centrée sur l'apprentissage des langues asiatiques. « Nous vendons beaucoup de méthodes de langue et de dictionnaires à la communauté chinoise, à ceux qui prennent des cours auprès de la mairie de Paris ou d'autres structures », explique Mme Charpentier. Il est bien sûr crucial de pouvoir anticiper les tendances en restant à l'écoute du marché : « On assiste à un intérêt grandissant pour les ouvrages de catégorie professionnelle, par exemple pour des gens qui souhaitent apprendre du vocabulaire adapté si leur entreprise les envoie en Chine. Beaucoup sont en quête de méthodes rapides, les libraires sont en demande de ce type de livres ». Les dictionnaires électroniques sont encore loin de pouvoir menacer sérieusement leurs versions papier, mais celles-ci doivent tout de même s'adapter pour plaire au lectorat. « Les livres électroniques ne sont pas encore un réflexe de lecteur moyen. Cela touche plutôt les étudiants qui souhaitent transporter moins de volume. Par contre, comme la prononciation est très importante dans les langues asiatiques, toutes les méthodes viennent aujourd'hui avec des CD ou DVD », souligne Mme Charpentier. |