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Publié le 10/09/2010
Quand l’opéra de Pékin et le Piying se rencontrent

Jin Duoyou

Du mariage de l'opéra de Pékin et du Piying est née une nouvelle version de L'exécution du juge des enfers. Les Piying, ce sont les figurines du théâtre d'ombre chinois, faites de parchemin translucide rigide, enduites d'huile de sophora, laquées et finement colorées. Si l'opéra de Pékin jouit d'une réputation mondiale, la tradition millénaire du Piying s'éteint peu à peu.

Cette année, le producteur de cette pièce a décidé d'investir un grand théâtre de 350 places. Face au succès remporté l'an passé, un théâtre de 150 places ne suffisait plus à accueillir un public toujours plus nombreux. Pour certains, ce plébiscite est dû au mariage parfait de l'opéra de Pékin et du Piying. D'autres pensent plutôt que cette pièce cherche à redonner ses lettres de noblesse à l'art du Piying.

« Une pièce pour les spectateurs non professionnels »

Sarah Oppenheim, metteur en scène française, a fait la première apparition publique de L'Exécution du juge des enfers en août dernier, dans le cadre du Festival croisements, organisé par la France en Chine.

L'exécution du juge des enfers, adaptée d'une pièce classique de l'Opéra de Pékin, raconte le périple de Bao Zheng (999-1062), juge loyal de la dynastie des Song, qui se rend dans le monde des morts pour disculper Liu Jinchan, assassinée lors de la fête des lanternes. Dans cette version, l'allumeur de lanterne, un rôle anodin dans la pièce traditionnelle, est poussé sur le devant de la scène. « Bien qu'il ne soit qu'un petit personnage, il est plus caractérisé. Il représente les gens ordinaires, qui ont des difficultés, des hésitations, voire de la peur. L'allumeur de lanterne prend une décision juste, alors que les autres n'osent pas de s'en tenir à la justice », a expliqué la metteur en scène.

L'union du Piying et de l'opéra de Pékin constitue la plus grande caractéristique de la pièce. La scène est divisée en deux espaces : le devant de la scène accueille les acteurs de l'Opéra de Pékin, qui représentent le monde des morts ; dans le fond, dansent les marionnettes, qui symbolisent les vivants.

Férue de théâtre traditionnel chinois, c'est après avoir vu de nombreuses versions de L'exécution du juge des enfers que Sarah a eu l'idée de proposer sa propre vision de ce classique chinois.

En 2005, elle a rencontré Han Chi, directeur du Club dramatique de Han Feizi. Et c'est en discutant que l'idée leur est venue d'adapter cette pièce. « Je souhaitais que Sarah insuffle à cette version sa propre pensée et sa vision de la création artistique. Je voulais une pièce totalement nouvelle et occidentale, afin qu'elle trouve son public », explique Han Chi.

Des essais d'un club dramatique privé

Le Club dramatique de Han Feizi a été fondé en 1992 à Harbin, par Han Feizi, le père de Han Chi. En 1998, le club a pénétré le marché de Beijing. A part le théâtre d'ombre, ce cercle travaille aussi sur l'art de marionnette.

Les débuts de la troupe à Beijing ont été difficiles. Han Chi arpentait la ville à la recherche de contrats de représentation. « D'après beaucoup de spectateurs, certains acteurs âgés murmurent derrière la scène, c'est le Piying. Avec l'accélération du rythme de vie, ce mode de représentation ne s'adapte plus à la demande esthétique des spectateurs. » Elle a conscient qu'à part de l'héritage, le développement est plus important pour un art en danger de disparition.

Dans ce contexte, Han Chi a commencé en 2004 ses expérimentations, entre opéra de Pékin et Piying. « Nous avons adapté Emprunter des trésors au palais du dragon, une pièce classique, qui utilisé le mode de représentation du Piying, et la musique et la mélodie de l'opéra de Pékin. C'était la première esquisse de notre art nouveau ».

Dès l'année suivante, Han Chi, Sarah Oppenheim et leur troupe s'enferment pour travailler sur une nouvelle version de L'exécution du juge des enfers, un labeur de quatre longues années.

Parallèlement, le Club dramatique de Han Feizi crée et joue des pièces qui se plient aux modes de notre temps. C'est ainsi qu'en 2008, Les Fuwa à Beijing sera adapté et offert pour les Jeux Olympiques de Beijing.

Cette pièce, qui s'inspire d'un folklore du Nord-Est de Chine, raconte le duel entre le dragon noir et le dragon blanc pour s'emparer de la perle de la flamme sacrée alors que Nezha, personnage légendaire du Taoïsme, tente de les séparer. Cette adaptation a pour objectif de diffuser l'esprit de compétition loyale des JO, à travers l'art classique. Han Chi a depuis une idée en tête : « Je voudrais conserver les images de Piying et transformer la tirade en celui des dessins animés afin d'attirer les enfants », explique-t-elle.

Mais aujourd'hui, l'avenir de la petite troupe demeure incertain. « Comment faire pour que le Piying soit un véritable art vivant, et non une tradition appartenant au passé, un simple héritage culturel ? C'est une question que je me pose à chaque instant », nous confie Han Chi.

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