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Publié le 26/07/2010
Aftershock, un film sur le séisme de 1976 à Tangshan

Le 28 juillet 1976, un tremblement de terre sans précédent a dévasté Tangshan, une ville industrielle située dans la province du Hebei, dans le nord de la Chine. 34 ans après, Aftershock, un film qui retranscrit ce désastre meurtrier, devrait faire trembler l'âme du public pendant tout l'été.

Adapté du roman du même nom, Aftershock a pour objectif de décrire la ténacité et le courage de l'humanité face aux désastres. Le film raconte la catastrophe qui a tout détruit en seulement 23 secondes et comment la ville et la population ont pu se reconstruire durant 32 ans. Pendant ces 23 secondes, Tangshan a subi de lourds dégâts. Une jeune mère de deux enfants a été contrainte d'abandonner sa fille pour sauver son fils et depuis, cette décision cruelle a changé la destinée de la famille.

Deux ans ont été nécessaires pour réaliser Aftershock et le tournage a été comme une thérapie pour l'âme des acteurs et des équipes du tournage. En 130 minutes, le réalisateur Feng Xiaogang raconte une histoire choc avec des effets spéciaux et des scènes émotionnelles. Selon lui, le thème de son opus est beaucoup plus spécial que toutes ses œuvres précédentes. « Pour rendre ce film émouvant, je m'efforce d'accomplir deux tâches primordiales : reconstituer le séisme et l'émotion », dit-il.

Reproduire le contexte historique à l'aide de la technique IMAX

Par rapport au tremblement de terre de Wenchuan en 2008, la catastrophe qui a eu lieu à Tangshan il y a 34 ans est beaucoup moins gravée dans la mémoire de la génération post-1980, malgré son énorme force de destruction qui rappelle les films de Hollywood. Pour reconstituer ce drame d'une manière panoramique, Feng Xiaogang a pris l'initiative de recourir à la technique IMAX. Les images projetées sur un écran d'une hauteur d'un bâtiment de 7 étages apportent aux spectateurs un impact visuel impressionnant, allant des poussières qui cachent le ciel aux cadavres mal habillés, en passant par des cris perçants de survivants.

L'actrice Xu Fan incarne la mère dans le film

A la différence du film hollywoodien 2012, le séisme décrit dans Aftershock est une catastrophe naturelle qui a réellement eu lieu et qui a ôté de nombreuses vies humaines. Que s'est-il passé en 23 secondes ? Selon les chiffres officiels, le bilan de cette catastrophe a été de 242 419 morts. De plus, 164 581 personnes ont été sévèrement blessées, 15 886 familles ont été décomposées, et 95 % des bâtiments civils se sont effondrés. 32 ans après, en 2008, la province du Sichuan était en proie à un nouveau tremblement de terre. Parmi les troupes de secours venues des quatre coins du pays, celle de Tangshan était l'une des équipes les plus médiatisées, en raison de son identité spéciale.

Les figurants : témoins du séisme en 1976

Des milliers de figurants ont été recrutés lors du tournage d'Aftershock, à l'instar d'autres grosses productions. Ceux-ci sont tous originaires de Tangshan et la plupart ont connu la catastrophe il y a 34 ans. Pour eux, la participation au tournage équivalait à réouvrir une plaie et à rendre hommage à leurs parents tués dans le séisme. D'après des photos prises sur place, on peut dire qu'ils sont tout à fait dans la peau de leur personnage.

Des milliers d'habitants de Tangshan ont participé au tournage.

Sous une pluie artificielle qui les arrose à maintes reprises, les figurants retournent dans la nuit du 28 juillet 1976. Tantôt ils se lèvent, tantôt ils se couchent, jusqu'à ce que les séquences du jour soient complètement terminées. Epuisée, une fillette âgée de 6 ans succombe au sommeil dans les bras de sa mère, mais celle-ci refuse d'interrompre le travail. « Je veux lui faire savoir par quoi je suis passée à son âge », dit-elle.

Dans une scène consacrée à l'offrande faite à la mémoire des personnes décédées, les acteurs pleurent toutes les larmes de leur corps, à tel point qu'ils continuent à sangloter même lorsque le réalisateur crie "coupez", comme s'ils parlaient vraiment avec leurs parents qui sont maintenant dans un autre monde.

Lors d'une interview, Zhang Jingchu, actrice incarnant la fille abandonnée par sa mère en faveur de son frère lors du séisme, évoque une scène inoubliable et émouvante lors du tournage. Celle-ci raconte que dans un rêve, la fille retourne dans son enfance, et croise son père qui enfourche un vélo, sur lequel s'assoient aussi sa mère et son frère. Normalement, il s'agit d'une scène qui n'a pas besoin de la participation des figurants, et un environnement extrêmement tranquille est nécessaire pour le tournage. « Après avoir tourné la moitié de la séquence, je me rends compte de la présence silencieuse des figurants. Ils se rassemblent au-delà de la cote d'alerte, sans faire le moindre bruit. Leur coordination est motivée par leur gratitude, car notre film représente une mémoire collective de Tangshan », dit-elle.

Les décors : reconstruction d'une rue entière et usage d'objets représentatifs de l'époque

Pour rester fidèle au style particulier de l'époque des années 1970, Feng Xiaogang a pris contact avec Fan Jianchuan, conservateur d'un musée privé dans la province du Sichuan. Mais sa collection composée de transistors, journaux intimes et albums de photos était loin d'être suffisante. Par la suite, l'équipe de tournage s'est efforcée de recueillir des objets du quotidien de l'époque en lançant un « appel d'offre » dans tout le pays, notamment les « quatre pièces importantes », à savoir la bicyclette, la télévision, la radio et la machine à coudre. Les anciens véhicules à moteur sont également venus sur le site de production, comme les autobus, fourgons-pompes, camions arroseurs, grues, voitures « drapeau rouge », etc. Des fiches médicales des années 1970 trouvées dans un hôpital à Hangzhou ont servi de modèle pour une « production en masse ». Grâce à ces efforts, les images du film revêtent des couleurs du temps très vivantes, et d'importantes économies ont été réalisées.

Une nouvelle cité reconstruite à l'image de l'ancienne ville détruite par le séisme.

Les détails ont pu être perfectionnés grâce à l'utilisation d'objets anciens, alors que la reconstruction d'une nouvelle cité était nécessaire pour les séquences tournées en dehors du studio. Une rue pleine d'ordures et située dans un parc à Tangshan a été choisie comme lieu de tournage en extérieur. Dans cet endroit d'une superficie de 13 000 m², des bâtiments symboliques ont été reconstruits d'après les photos de l'ancienne ville. Plus d'une dizaine de millions de yuans ont été engloutis dans les travaux de construction d'une durée de trois mois. Mais après quatre jours de tournage seulement, ce décor gigantesque a été transformé en monceaux de déchets.

Résonance sentimentale : larmes et sang

Lors du tournage de la séquence du séisme en 23 secondes, tous les acteurs se barbouillent le visage et les vêtements, et tombent par terre face à la caméra. Pour bien reconstituer la violence du tremblement de terre, certains figurants font volontairement une chute terrible et se blessent. Parmi les ruines, ils courent çà et là à la recherche de leurs parents disparus, tout en étant confrontés à une tempête artificielle. C'est pourquoi l'utilisation de pansements adhésifs est monnaie courante chez les acteurs principaux.

Tous les figurants se barbouillent le corps entier.

Les générations post-1980 et 1990 n'ont pas de marque profonde du désastre de Tangshan, mais elles connaissent les tremblements de terres à Wenchuan et à Haïti. Un écho va être éveillé dans leur cœur, avec la sortie mondiale de ce film le 22 juillet.

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