A Cannes, aucune récompense pour le cinéma chinois |
Chongqing Blues, un équilibre entre art et commerce Initialement retenu dans la catégorie « Un Certain Regard » pour finalement concourir pour la Palme d'or, Chongqing Blues a fait la Une des médias chinois à maintes reprises, espérant sa victoire. Mais d'après certains experts, ce film, à forte empreinte commerciale, ne correspondait pas à 100 % au goût du jury.
Lors d'une interview après la cérémonie de clôture, Wang Xiaoshuai a livré quelques explications. « Le festival de Canne a une prédilection pour l'art. Cela ne m'est pas inconnu car je suis un habitué de la croisette. Mais le tournage d'un film n'a pas seulement pour objectif d'exprimer les idées personnelles du réalisateur, encore faut-il tenir compte des attentes des investisseurs. Pour eux, les films d'art sont trop sérieux pour être rentables. Donc je suis obligé d'ajouter une touche commerciale à mon film », explique-t-il. Chongqing Blues est jusqu'ici la plus grosse production de Wang Xiaoshuai, avec 18 millions de yuans engloutis dans le tournage. Aux dires des médias chinois, cette œuvre marque le virage de ce cinéaste de la sixième génération vers les films commerciaux. Selon Wang Xueqi, acteur tenant le premier rôle, tous les artifices pour attirer l'attention, comme les kidnappings, ou les fusillades, sont bien employés dans ce film. Le film raconte l'histoire d'un capitaine de marine qui rentre chez lui après un voyage de six mois. Il apprend que son fils de 25 ans a été abattu par la police alors qu'il avait pris en otage les clients d'un supermarché. Le père se rend à Chongqing pour faire la lumière sur ce drame. Au fil de ses recherches, il va comprendre à quel point son absence a pesé sur la vie de son fils... Bien que Chongqing Blues n'ait pas été récompensé, de nombreux professionnels chinois ne tarissent pas d'éloges, car avec ce film, Wang Xiaoshuai a réussi à établir un équilibre entre art et profit, ainsi qu'à se faire sa place sur la Croisette. Pour le réalisateur, la meilleure récompense fut le tonnerre d'applaudissement des spectateurs lors de sa première à Cannes. « Les films chinois laissent à désirer » Fer de lance de la sixième génération de réalisateurs chinois, Jia Zhangke a eu pour plus grand fait d'armes l'obtention d'un Lion d'or à la Mostra de Venise 2006 pour Still Life, son long métrage sur le barrage des Trois Gorges. Mais à Cannes, son I wish I Knew n'a pas été récompensé. Concourant dans la catégorie « Un Certain Regard », ce film brosse les portraits de 18 personnes ayant vécu les profonds changements de Shanghai depuis les années 1930. A propos de l'échec des films chinois au festival français, Wang Xiaoshuai explique qu'au Festival de Cannes, les films sont soumis à un examen hyper-strict. « A vrai dire, être en lice pour la compétition officielle est déjà très difficile et témoigne de l'influence du cinéma chinois. Mais nos films laissent encore à désirer en matière de contenu et production. De plus, je souhaite que davantage de gens s'intéressent aux films sérieux, et que ceux-ci traitent plus de thèmes », ajoute-t-il. Wang a révélé le titre de son prochain long-métrage : « 11 fleurs fraîches ». Il espère qu'avec ce film, il pourra prétendre encore une fois à la Palme d'or en 2011. |