Un appétit grandissant pour l'art |
Résultats étonnants
« La partie la plus intéressante fut celle consacrée à l'art chinois », a dit Howard-Sneyd. « J'avais assisté à des ventes impressionnantes avec une participation massive, mais celle-ci fut vraiment incroyable. La salle était comble, les acheteurs criaient et trépignaient. » Les ventes aux enchères pendant la Semaine de l'Asie, estimées à 4 ou 5 millions de dollars, ont finalement rapporté 30 à 40 millions. « Un grand bond par rapport à notre attente », a dit Howard-Sneyd. Il a également évoqué que le marché s'est développé à partir de 2006, quand Sotheby's a engrangé 70 millions de dollars. L'année suivante, le montant a doublé, avant que la crise économique mondiale ne frappe le marché en 2008. En ce qui concerne l'art contemporain chinois, Eric J. Zetterquist, galeriste et marchand d'art à New York, estime qu'il faut faire une distinction entre deux différents types de sujets. Pendant 18 ans, il a principalement travaillé sur la céramique de la dynastie des Song, qu'il considérait comme « l'un des sommets de l'histoire de l'art mondial ». Eric Zetterquist a indiqué qu'un grand nombre d'œuvres chinoises, très médiatisées et estimées à des prix très élevés, faisaient partie de l'art occidental contemporain. « Ce marché est devenu très spéculatif, attisé principalement par les collectionneurs occidentaux », a-t-il poursuivi. « La bulle s'est dégonflée parce que beaucoup d'occidentaux, qui considéraient l'art comme un investissement ou spéculaient là-dessus, ont arrêté leurs achats avec l'arrivée de la récession ». En comparaison, « les artistes qui cherchent à actualiser et réinventer l'art chinois, ou à y incorporer les techniques de l'art chinois traditionnel, sont des artistes dont les œuvres prendront tout leur sens dans 20 ans », a précisé Eric Zetterquist. Son modèle en la matière est Liu Dan, qui a « orienté la peinture chinoise classique vers une nouvelle direction intellectuelle ». Nouveaux venus D'après un rapport récent de la TEFAF (The European Fine Art Fair), de 2007 à 2009, la Chine a continué à gagner des parts sur le marché international de l'art. En 2009, les ventes sur le marché de l'art chinois ont augmenté de 12 % pour atteindre 4,2 milliards d'euros, soit 14 % du marché mondial. La Chine est le troisième marché mondial depuis 2007. « Mais la croissance rapide du marché chinois ne doit presque rien aux acheteurs occidentaux. Le phénomène est plutôt attribuable aux collectionneurs chinois qui nourrissent un intérêt croissant pour ce secteur », explique Arnold Chang, un peintre ayant travaillé en tant que marchand d'art pendant plus de 20 ans. Quand il a collaboré avec des maisons de ventes aux enchères dans les années 70, Arnold Chang a observé que la plupart des acquéreurs étaient occidentaux. « Maintenant, les acheteurs chinois sont omniprésents », sourit-il. « Un nombre croissant de collectionneurs chinois venaient à New York pour essayer d'acheter des œuvres d'art chinoises, indique Loong. Au départ, les Chinois se sont concentrés sur la céramique de la dynastie des Qing. Mais depuis ces dernières années, ils témoignent, avec un fort pouvoir d'achat, d'un grand intérêt pour les jades, les bronzes et les meubles antiques. La porcelaine raffinée reste leur produit préféré ». L'enthousiasme des acheteurs chinois a bien rassuré Howard-Sneyd. « Il y aura un marché plus stable après la période de récession, où le nombre de clients avait chuté brusquement ». « Je suis serein car les Chinois se lancent massivement dans la collection », ajoute-t-il. « Cela va continuer ». Selon Arnold Chang, de nombreux collectionneurs chinois achetaient des œuvres d'art comme un investissement, alors que la plupart des occidentaux avec qui il avait travaillé étaient motivés par leur propre intérêt personnel. Howard-Sney exprime une même opinion. « Au moment où la spéculation allait bon train sur le marché de l'art en Chine, il y avait également certaines personnes qui avaient commencé comme investisseurs, et avaient fini par devenir experts en esthétique ». « Les acheteurs chinois sont prêts à dépenser des millions pour l'art », souligne Arnold Chang. Selon lui, les collectionneurs occidentaux ont désormais du mal à surenchérir face aux offres des Chinois, qui n'hésitent pas à mettre le prix. « Les Chinois aiment les enchères, peut-être car c'est un moyen facile et ouvert pour acquérir des œuvres d'art », dit Howard-Sneyd. Mais sur ce point, Arnold Chang n'est pas d'accord avec lui. Il pense que c'est plutôt la concurrence directe aux enchères qui permet aux Chinois d'avoir un plus grand sentiment de réussite. Quelle que soit la raison, une chose est sûre : les collectionneurs du pays de Confucius n'ont pas autant d'expérience que leurs adversaires occidentaux, en termes de négociation avec les marchands d'art. « Il vaut mieux avoir affaire aux experts, parce qu'un bon connaisseur peut aider à concevoir et perfectionner la collection », insiste Zetterquist. « Si un collectionneur travaille avec un spécialiste réputé et fait la collection de façon raisonnable et soigneuse, il finit par moins dépenser aux enchères. De plus, il a souvent l'occasion d'être le premier à tomber sur une bonne œuvre », conclut Zetterquist. Beijing Information |