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Publié le 27/01/2010
L'âge d'or du cinéma: l'industrie du film apparaît solide en Chine

Tang Yuankai

 

SUPERPRODUCTION: Conférence de presse pour l'avant-première de Gardes du corps et assassins, film d'action hongkongais au casting prestigieux, le 14 décembre, 2009 (Ji Guoqiang)

 

SUPERPRODUCTION: Conférence de presse pour l'avant-première de Gardes du corps et assassins, film d'action hongkongais au casting prestigieux, le 14 décembre, 2009 (Ji Guoqiang)

 

Durant la période du Nouvel An, les cinémas pékinois ont placardé des affiches invitant les spectateurs à éviter de former des queues interminables à l'entrée des salles. De nombreux exploitants shanghaiens se sont par ailleurs plaints du manque de salles : s'ils avaient plus d'écrans, ils auraient pu accroître leurs bénéfices.

 

« A chaque Nouvel An, c'est le même problème : trop de blockbusters et pas assez de temps pour les exploiter », se plaint Wu Hehu, un directeur du Shanghai United Circuit.

 

Trois films sont sortis en salle le 20 novembre 2009, pour tenir le haut de l'affiche durant la saison hivernale. Le Nouvel An chinois tombe le 14 février, le jour de la Saint-Valentin en Occident, et la plupart des films sortis durant les vacances sont des films d'amour. Plus de 50 sorties étaient programmées sur une période de trois mois incluant Noël, le Nouvel An, la fête du printemps et la Saint-Valentin.

 

Parmi les blockbusters de la période, Avatar de James Cameron, dont le film Titanic avait engrangé des recettes historiques de 360 millions de yuan (53 millions de dollars) en Chine il y a 11 ans. Ce record n'avait pas été battu avant Transformers 2: la Revanche en août 2009, qui a fait 430 millions de yuan (63 millions de dollars). Mais cette nouvelle performance vient d'être battue il y a tout juste trois mois par l'apocalyptique 2012, et ses 453 millions de yuan (67 millions de dollars).

 

« L'expansion rapide du marché du cinéma contribue à la réalisation des ces records d'entrée », analyse Gao Jun, directeur-adjoint des cinémas Xinyinglian de Beijing.

 

Auparavant, les salles de Chine ne possédaient qu'un écran, mais bien que leur nombre ait été multiplié, il est toujours impossible de faire face à cette profusion de films. Le nombre d'écran sur l'ensemble du territoire est passé de 2000 en 1998 à 4800 aujourd'hui.

 

L'année 2009 fut un bon cru pour le cinéma chinois, aussi bien en termes de production que de vente. Selon les statistiques, les recettes commerciales s'élèvent à 6 milliards de yuan (882 millions de dollars), soit une hausse de 40% par rapport aux 4,3 milliards de yuan (632 millions de dollars) de 2008. En 2008, la Chine entrait dans le classement des dix plus grosses recettes d'entrée du monde.

 

Si le cinéma chinois est déjà centenaire, le pays entre seulement dans son âge d'or et commence tout juste à faire des profits substantiels. L'industrie du film a traversé des époques difficiles : chute de la fréquentation, mauvais chiffres d'entrée, et difficultés des studios pour payer leurs salariés. Les plus grandes difficultés ayant été rencontrées sous l'économie planifiée d'antan.

 

En mars 1993, a été élaboré un plan d'aide à l'industrie du film. Les entreprises de production, de distribution et de diffusion s'ajustèrent à la nouvelle économie socialiste de marché ; les films furent dès lors considérés comme des produits culturels, les spectateurs comme un marché, et les progrès économiques et sociaux intégrés dans l'évaluation du marché du cinéma.

 

MONDE BLEU: scène de la superproduction estivale Avatar (CFP)

 

MONDE BLEU: scène de la superproduction estivale Avatar (CFP)

 

Une décennie s'écoula, et le plan fut déclaré caduc, mais la réforme de l'industrie fut approfondie, démontrant la résolution du gouvernement à développer le marché.

 

Tong Gang, directeur du bureau du film de l'Administration d'Etat de la radio, du film et de la télévision, a affirmé durant le sommet du film d'octobre 2009 que les mesures gouvernementales étaient favorables au développement de l'industrie cinématographique. Les procédures d'obtention des licences ont été simplifiées, des fonds spéciaux ont été constitués pour soutenir l'industrie et la coopération internationale a été encouragée.

 

« Pour promouvoir l'industrie du film, une autre série de mesures est en cours d'élaboration », a dit Tong. « Ces 6 milliards de yuan d'entrées ne sont qu'un début. Ce chiffre dépassera la barre des 10 milliards (1,5 milliard de dollars) dans les trois ans. »

 

Tong s'attend à un nombre d'écran compris entre 20000 et 30000 dans la prochaine décennie, et des recettes annuelles de 30 à 50 milliards de yuan. « C'est la part qui correspondra à l'échelle du marché parmi la population chinoise », estime Tong.

 

L'argent n'est pas un problème

 

AGE D'OR: spectateur passant devant les affiches d'un cinéma de Zhengzhou, province du Henan, le 22 décembre 2009 (ZHU XIANG)

 

AGE D'OR: spectateur passant devant les affiches d'un cinéma de Zhengzhou, province du Henan, le 22 décembre 2009 (ZHU XIANG)

 

C'est le rêve de la plupart des réalisateurs et producteurs chinois d'avoir assez d'argent pour tourner leurs films. La pénurie d'investissements et le faible réseau de distribution constituaient les deux principaux freins au développement de l'industrie. Auparavant, le concept de marché n'était pas intégralement compris, et des gens n'ont pas réussi à voir le film comme une réelle opportunité de business. Mais avec l'avènement de cet âge d'or, l'argent ne semble plus constituer un problème.

 

En octobre dernier, la Huayi Brothers Media, l'un des plus gros producteurs de télévision et de cinéma de Chine, a obtenu le feu vert pour être inscrite sur la liste des entreprises de croissance, sorte de NASDAQ national. Selon les analystes, c'est le meilleur moyen pour obtenir des investissements massifs sur les marchés financiers, et de fait s'épargner la pénible recherche de financements.

 

Le réalisateur champion du box-office Feng Xiaogang a signé avec la Huayi Brothers en 2000, s'offrant ainsi le luxe de se consacrer uniquement à la réalisation d'un film meilleur. Et le film qu'il produisit cette année-là se classa en tête du box-office, et reçut plusieurs distinctions.

 

Les concurrents de Feng sont soulagés, car tournant actuellement son dernier film Tangshan Earthquake, il ne participera pas cette année à la compétition pour le meilleur film des vacances. La Huayi Brothers s'attend à ce que ce film au casting prestigieux soit un blockbuster de l'été.

 

La ruée vers le cinéma

 

Cette année, le groupe China Film, le plus grand et plus influent groupe de cinéma d'Etat dans le pays, a entamé une coopération avec des réalisateurs hongkongais afin de produire plusieurs blockbusters. Ce partenariat démontre à quel point le marché de la partie continentale de la Chine privilégie les réalisateurs venus de Hong Kong.

 

La vitalité de l'industrie du film attire également de nombreux producteurs de télévision. Dong Chaohui, fondateur et président du groupe Joy media, producteur TV basé à Beijing, estime que le moment est opportun pour se tourner vers le cinéma, en raison de la maturité de l'industrie et de la solide compétition sur le marché. « La moitié de nos activités est télévisuelle, le reste va à la production cinématographique. Nos films seront portés à l'écran pendant les prochaines importantes saisons », a dit Dong.

 

Les entreprises de jeux ne souhaitent pas non plus être à l'écart. En 2009, la société pékinoise Perfect World, leader dans le développement de jeux en ligne, a investi dans le film La vengeance de Sophie afin d'y placer les produits de l'un de ses jeux. Dans le film, l'actrice principale Zhang Ziyi est une mordue de ce jeu. Le géant de l'industrie des jeux Shanda Interactive Entertainment a également mis sur pied une joint venture avec la Hunan TV afin de pénétrer le marché du cinéma.

 

Les entreprises de partage de vidéos sur internet recherchent également de nouveaux pôles de croissance sur le marché du film.

 

« Les entreprises de vidéos exploitent inévitablement le sommet de l'industrie du divertissement », estime Liu Hong, vice-président du portail vidéo de Beijing LeTV.com, « C'est le contenu qui prime. En tant qu'entreprise de contenu, nous devons nous développer de manière indépendante. »

 

Alors que le marketing se fait de plus en plus important, les entreprises de cinéma et de publicité renforcent leur coopération. Elles doivent parvenir à une conclusion commune sur la manière de faire du placement de produits.

 

Le recul de l'économie globale n'a pas réellement impacté l'industrie du cinéma chinois. Au contraire, l'industrie a attiré de nombreux outsiders, comme les entreprises d'immobilier ou d'exploitation houillère, qui souhaitent y investir.

 

Mais quelques experts ont rappelé que la plupart des films ne rencontreraient qu'un public restreint, et que d'autres n'arriveraient même pas à se frayer un chemin jusqu'au grand écran. Ainsi, l'an dernier, seules 83 des 450 productions chinoises sont sorties en salle.

 

« Les exploitants ont tous la même idée que seuls les films susceptibles de rapporter beaucoup d'argent méritent d'être projetés. Il arrive donc parfois que tous les cinémas du pays passent le même film au même moment », explique Zheng Dongtian, secrétaire général de l'Association de réalisateurs chinois. Il explique cela par le fait que le marché n'a pas été segmenté, ce qui permettrait de cibler différents publics en même temps.

 

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