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Publié le 20/01/2010
The Banquet Bug enfin en chinois

Bonne nouvelle pour les mordus de littérature, The Banquet Bug, premier roman écrit en anglais par la célèbre écrivain chinoise Yan Geling, arrive enfin en Chine en version chinoise. Ce livre n'a pas tardé à s'afficher en tête des best-sellers sur le web, et à devenir l'une des meilleures ventes en librairies.

«La traduction du professeur taïwanais John Chiang Kuo-sheng a été plus longue que prévue », a dit Yan. « Je ne l'ai pas traduit moi-même, car je n'aime pas me répéter ».

Yan a choisi la comédie pour traiter le thème de la vanité dans la société chinoise. Dong Dan, un ouvrier mis à pied, se retrouve journaliste par un concours de circonstances. Il se voit donc invité à de grands banquets où il se régale gratuitement, tout en percevant une somme d'argent en guise de remboursement de son « déplacement ». L'envie de s'intégrer dans la haute société le pousse, en profitant de sa fausse identité, à continuer son aventure gastronomique, à fréquenter des personnalités de différents milieux, et même à consommer un amour adultère. La fin de son imposture est prévisible : le glouton ne tarde pas à tomber entre les mains de la police.

Pour son Banquet bug, l'auteure s'est inspirée de faits réels. « Il y a quelques années, l'actrice Cheng Chong m'a parlé d'un reportage sur ce sujet à la télé, et m'a proposé d'écrire un roman. Par curiosité, j'ai emprunté une cassette vidéo de cette émission, j'ai vraiment éclaté de rire. Plus tard, je suis tombé sur un article de la presse, qui révélait un secret amusant : à chaque banquet, il y a au moins trente à quarante parasites de ce genre. Peu à peu, l'idée m'est venue d'écrire une satire mettant en scène ces gastronomes vaniteux », a dit Yan.

The Banquet Bug s'attaque directement aux règles tacites qui régissent les médias chinois. Pour rendre dans les détails la réalité du monde de la presse, la romancière a rencontré de nombreux journalistes. « Mieux encore, j'ai même essayé de me lancer dans la même aventure que le héros de mon roman. J'ai assisté à deux banquets donnés dans un grand hôtel de l'avenue Chang'an, bien sûr, en faisant semblant d'être invitée. Personne ne m'a reconnue, ni ne m'a dénoncée. Cette expérience m'a fait prendre conscience de cette passion dévorante qu'ont certains Chinois pour les festins, notamment des orgies bien particulières que je n'ai jamais vues à l'étranger, comme le Nyotaimori, qui consiste à manger des sushi présentés sur le corps dénudé d'une jeune femme ». Dans son écriture, l'idée directrice de Yan est de critiquer la décadence et la corruption motivées par l'envie, et de railler l'hypocrisie et le luxe.  

Yan affirme que presque tous ses romans, notamment ceux qui ont été écrits après son installation aux Etats-Unis, se distinguent par leurs approches différentes. Diplômée de master en écriture de fiction à l'université Columbia de Chicago, elle s'est rendue célèbre avec The Lost Daughter of Happiness et Xiu Xiu: The Sent-Down Girl. Elle porte également ces ouvrages à l'écran, en en rédigeant les scénarios. Aujourd'hui, la romancière vit à Berlin avec son mari, un diplomate américain.


« L'écriture de ce roman m'a permis de relever un nouveaux défi : utiliser directement l'anglais pour la première fois », avoue-t-elle.

« Le scénario n'est pas ma tasse de thé »

Selon Yan Geling, The Banquet Bug pourrait être bientôt adapté par une société chinoise du septième art, mais le scénario n'est pas terminé alors que les droits d'auteur arrivent à échéance. « C'est le réalisateur Huang Jianxin qui l'adaptera. Il apprécie bien mon roman et le considère comme une bonne comédie satirique ».

Malgré son expérience de scénariste, Mme Yan n'aime pas adapter ses propres œuvres. « A vrai dire, je n'ai pas l'étoffe d'une scénariste. Le succès de « Mei Lanfang » n'était dû qu'à la bonne direction du réalisateur Chen Kaige. C'est seulement quand une personne de son calibre m'épaule et me conseille que j'arrive à bien organiser la description des personnages, les dialogues et les intrigues ». En fait, Yan se satisfait pleinement de son statut de romancière. « Pour moi, avoir du talent dans un seul domaine suffit amplement. Et je me méfie toujours des gens qui prétendent être polyvalents », ajoute-t-elle.

Selon cette célèbre femme écrivain, un romancier risque de voir son niveau littéraire baisser s'il écrit trop de scénarios. « Au cinéma, chaque intrigue doit se dérouler en parallèle avec l'accomplissement d'une action, et chaque personnage, en parlant, doit avoir un langage corporel. Si un romancier s'habitue peu à peu à cette façon d'écrire, il peut dire adieu au métier d'écrivain. Car dans un roman, la narration se développe lentement et se focalise sur l'imaginaire », justifie-t-elle.

« Créer est devenu une seconde nature pour moi »

A partir du jour où elle s'est entièrement adonnée à la littérature, Yan s'est sentie nettement plus à l'aise. « Au départ, j'ai souhaité me creuser la tête pour trouver une nouvelle forme d'écriture. Mais une fois l'ouvrage paru, seuls les experts l'ont apprécié ; la plupart des lecteurs s'en sont moqué, le trouvant d'une « élégance insupportable ». Par contre, quand j'ai commencé à abandonner les tournures compliquées, en privilégiant une narration sans ornements ni détours, comme dans « Epopée d'une femme » et « La neuvième neuve », je n'ai éprouvé aucune difficulté, et les lecteurs ont franchement apprécié ces œuvres ».

Cependant, pour Yan, ce genre de succès est un réel dilemme, car à chaque fois qu'elle a envie de créer une chose nouvelle, la peur d'être éloignée de son public la tourmente. « Aucun écrivain ne veut tomber en disgrâce auprès de ses lecteurs. Je n'échappe pas à la règle. Les mauvaises critiques comme « ton écriture est incompréhensible » m'énervent profondément. Pour le moment, je continue à suivre ce chemin pour plaire à mon lectorat, espérant que sa fidélité me permettra d'explorer une nouvelle forme d'écriture ».

Wang Shuo, scénariste et auteur de plusieurs best-sellers dans les années 1980, est devenu écrivain parce qu'il se jugeait incapable de faire autre chose. Il en fut de même pour Yan Geling. « J'écris par manque de talent dans d'autres domaines. Mais ce métier m'apporte un réel plaisir : tous les jours, je bouquine, j'écris et je fais du sport. Je ne suis pas une femme ambitieuse, j'aspire à une vie simple mais heureuse ».

« Quand je m'attaque à un roman en m'installant devant une table, je n'ai pas la moindre idée de ce que vont dire ou faire mes personnages. C'est comme entrer dans l'inconnu, cette fascinante sensation m'ensorcèle ». Pour cette belle romancière, écrire est une bonne méthode pour se revaloriser. « Il m'arrive de me détester. Mais quand vous prenez la plume et écrivez un paragraphe qui vous plaît, vous tombez tout de suite amoureux de vous-même. Cela vous permet de prendre la vie du bon côté ».

Yan souhaite agrandir son lectorat étranger, et promouvoir la langue chinoise dans le monde entier. « Mais pour atteindre cet objectif, il me faudra d'abord remplir une condition préalable : devenir une grande femme de lettres ».

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