La perle noire du kung-fu chinois: Luc Bendza |
Un étudiant assidu et brillant
A l'université, M. Ma Yuming, professeur rompu à la didactique de langue, était chargé d'enseigner aux élèves africains. Son atout majeur était de faire parler les apprenants débutants seulement après trois mois d'initiation. « Il est très consciencieux dans le travail. Si tu séchais le cours, il venait te chercher directement chez toi », affirme Bendza. Heureusement, le Gabonais fit des progrès très rapides dans l'apprentissage du chinois, que ce soit au niveau de la compréhension orale, écrite et de l'expression orale. Son seul casse-tête restait l'écriture, qui lui paraît jusqu'à aujourd'hui plus épineuse que la chorégraphie des combats. Pour dissimuler ce défaut, il signe souvent directement en français. Avant de venir en Chine, Bendza avait également consacré une grande énergie à l'étude de l'anglais. « Parmi mes camarades, beaucoup d'entre eux ne s'étaient pas attelés sérieusement à l'apprentissage de l'anglais quand ils étaient petits, sans se rendre compte de l'utilité de cette langue universellement parlée. Qui est oisif dans sa jeunesse s'attristera en vain à l'âge mûr », sourit-il. A vrai dire, jongler librement entre trois langues (français maternel, à part le chinois et l'anglais langue étrangère) a beaucoup aidé le maître gabonais dans la promotion des arts martiaux à l'échelle mondiale. En 1986, suite à sa formation linguistique, M. Bendza fit ses armes à l'Université des sports de Beijing pour approfondir ses connaissances en Wushu et étudier l'acupuncture, la physiothérapie et la médecine traditionnelle chinoise. Il s'apercevait que par rapport à des maîtres initiés aux arts martiaux depuis leur enfance, il lui serait très difficile de faire quelque chose de brillant sans choisir certains arts pragmatiques mais négligés par la plupart des pratiquants. En plus des exercices à mains nues, certains arts martiaux se servent d'une gamme d'accessoires qui tirent leurs origines d'armes anciennes, connues sous le nom des « dix-huit armes », que l'on peut classifier en armes longues : lances, bâtons, hallebardes ; armes courtes : épées, sabres, dagues ; armes doubles : doubles masses, doubles haches, doubles crochets ; armes flexibles : chaînes à 9 sections, cordes à pointe et marteaux volant. Une fois, M. Bendza vit le maître Wang Huafeng faire une démonstration du Bâton du domptage de démons. Cet art qui enchaîne une série de mouvements merveilleux et pratiques correspond parfaitement au goût personnel de l'étudiant noir. Celui-ci n'hésita guère à rejoindre les bancs de l'école du maître Wang, devenant ainsi son premier disciple étranger. En moins d'un an, Bendza maîtrisa correctement toutes les techniques de l'arme longue, avant de jeter son dévolu sur une nouvelle discipline : le sabre Miao. D'une longueur de 1,5 m, le sabre Miao est beaucoup plus long que d'autres armes blanches. Dans les milieux des arts martiaux, en raison de la facilité du maniement, les armes courtes sont plus prisées que les armes longues, qui exigent de la part du pratiquant une habilité extraordinaire permettant de toujours anticiper devant son adversaire. Ainsi les apprenants du sabre Miao ont rarement la chance d'atteindre le niveau avancé. « Dans tout le pays, seules cinq personnes maîtrisent bien cet art », explique M. Bendza, qui remporta en 1990 l'or dans cette discipline lors de la première édition de la Fête des arts martiaux Shaolin. Hormis les techniques d'assaut, le maître gabonais s'intéresse également à certaines disciplines axées sur la préservation de santé, dont la boxe Taiji. Pour lui, le Wushu est non seulement un sport de combat et d'entraînement, mais aussi en quelque sorte une philosophie, une méthodologie qui observe le monde dans une macro-perspective. En s'entraînant aux arts martiaux, l'homme commence à apprendre à garder la sérénité et la magnanimité devant tout ce qui lui arrive. « La boxe Taiji est une sorte de haute technologie salutaire qui mérite d'être généralisée à chaque individu ». |