La perle noire du kung-fu chinois: Luc Bendza |
D'origine gabonaise, Luc Bendza a posé ses valises en Chine il y a 25 ans. Maintenant, ce fils de la forêt équatoriale s'épanouit complètement en Chine grâce à son rêve d'enfance : rivaliser avec la force de son modèle, Bruce Lee. Conseiller technique à la Fédération internationale des arts martiaux (FIAM) à Beijing, ce jeune Africain enseigne le Wushu sur tout le territoire chinois et fait régulièrement apparition dans des films d'action de Hongkong.
Du haut de son 1m73, et de ses 70 kilos, associé à un pourcentage de graisse inférieur à 8%, vous aurez sans doute du mal, au premier regard, à détourner vos yeux du visage de M. Bendza, qui affiche un air humble, serein mais malicieux, et vous donne toute l'étendue de son impressionnante maîtrise du Wushu, l'ensemble des arts martiaux chinois. Jeune à Libreville, ses idoles étaient les grands acteurs du kung-fu, notamment Bruce Lee et Jacky Chang. Leur adroites voltiges et acrobaties sur les toits et murs l'ont fortement envoûté, le poussant jusqu'à à se rendre en Chine en 1983, à l'âge de 14 ans. Avec l'aide de son oncle qui était alors Premier conseiller à l'ambassade du Gabon à Beijing, il s'inscrivit au temple Shaolin, situé dans le centre du pays. Posture du pas de cheval (semi-accroupissement) C'est en Chine qu'il prit conscience que les sauts de 10 m de haut et le fait de marcher sur l'eau n'étaient rien d'autre que des effets spéciaux du septième art, et que les maîtres du kung-fu étaient seulement plus forts et habiles que le commun des mortels. A la vue du terrain cahoteux résultant de l'entraînement intensif des moines dans le temple Shaolin, l'adolescent africain se débarrassa de toutes ses idées préconçues, décida de s'initier à l'apprentissage des arts martiaux, en commençant par la « posture du pas de cheval ». « Qui s'entraîne à l'art sans entraîner la taille n'atteindra jamais un haut niveau ». La posture du pas de cheval est un exercice élémentaire par lequel l'apprenant cherche essentiellement à assouplir et rendre plus mobile sa taille, et à accroître son endurance et sa vitalité. Rien qu'à maintenir cette position quelques minutes, un débutant sera à bout de force et de souffle, tandis qu'une ceinture noire pourra rester immobile pendant plusieurs heures. Dans un combat réel, celui qui a des jambes bien musclées est difficilement renversé par l'adversaire. La discipline du temple Shaolin est connue pour sa sévérité. Tous les pratiquants de la position de semi-accroupissement ont une longue pointe sous leur postérieur, pour qu'ils n'aient aucune occasion de se livrer à la paresse. « Ayant travaillé sur cette posture pendant quelques années, aucune chose ne m'a fait reculer désormais », confie le maître gabonais. « Bien sûr, j'ai aussi connu bien des passages à vide après mon séjour à Shaolin. Mais à chaque fois que j'étais découragé, je me rappelais toujours une phrase de mon maître Deshui : il vous faut tenir d'autant plus jusqu'à la dernière minute que vous souhaitez plus que tout de succomber à la fatigue ». Pour le jeune africain, à l'entraînement monotone et fatiguant s'ajoutait le problème de communication avec ses confrères, car il savait pas alors parler le chinois. « L'intérêt est le meilleur professeur. L'apprentissage des arts martiaux me permet d'être sain de corps et d'esprit mais encore d'accumuler suffisamment d'énergies mentales et physiques pour faire ce que j'ai envie de faire », explique-t-il. Pour arriver à saisir la quintessence du Wushu, franchir l'obstacle linguistique est indispensable. En l'absence de professeurs de chinois au temple Shaolin, Luc Bendza décida de mettre momentanément un terme à sa vie de reclus et d'étudier le mandarin à l'Université des langues et cultures de Beijing. |