Le Laboratoire Huqingyu, roi pharmaceutique centenaire en Chine méridionale |
En 1874, le milliardaire-mandarin Hu Xueyan avait débloqué 300 mille taels d'argent pour créer une fabrique pharmaceutique traditionnelle sous le nom de Huqingyu à Hangzhou, chef-lieu de la province du Zhejiang. L'enseigne de la fabrique était tirée des sentences parallèles qui souhaitaient bonheur et prospérité pour la famille. Derrière la porte s'étale un long couloir qui reliait la salle de vente et les ateliers de préparation du Laboratoire Huqingyu. Sous la dynastie des Qing, il était interdit aux commerçants d'instaurer le couloir dans le magasin, exception faite pour Hu Xueyan, un négociant bureaucratique jouissant du privilège de se déplacer en cheval dans la Cité interdite. Sur les deux côtés du couloir étaient suspendues des enseignes avec des caractères dorés qui s'adressaient aux clients. Le seul panneau orienté vers l'intérieur fut érigé par Hu Xueyan lui-même pour mettre les employés en garde contre la fraude. Sur le panneau est calligraphié : « Il ne faut pas recourir à la tromperie dans les activités commerciales. Le secteur pharmaceutique touche à la vie des êtres humains, la fraude est strictement interdite. Je me suis consacré au bien-être du peuple et je m'oppose à la recherche de profit par des produits de mauvaise qualité. Je souhaite que mes collègues aient de la même compassion pour le peuple. Il leur faut être sérieux dans les achats de matières premières et exigeant dans la préparation des médicaments, ceci pour ne pas me tromper et ne pas tromper les clients. » Les matières premières des médicaments chinois qui comptent plus de 3 000 espèces sont d'origine animale, végétale et minérale, réparties dans des régions aussi vastes que l'on peut l'imaginer, avec des caractères complexes. Les exigences spécifiques relatives aux lieux de production déterminent la qualité des médicaments. C'est ainsi que Hu Xueyan envoyait des représentants dans les diverses localités du pays pour examiner sur place la qualité des médicaments bruts. «Nous avons un collègue qui est entré dans le Laboratoire Huqingyu à 22 ans et y a travaillé pendant 55 ans comme contrôleur de qualité. Suivant la directive de Hu Xueyan, il a effectué un contrôle rigoureux sur la qualité des médicaments. Il était intransigeant sur le problème relatif à la qualité des produits, on peut compter sur lui. », a dit Zhao Yucheng, vieil ouvrier de la Laboratoire Huqingyu de Hangzhou. Lors de la fabrication, le principe de perfection était strictement observé tant dans les outils que dans l'ordre de préparation. Par exemple, pour un remède de secours d'urgence dont le dernier processus de préparation ne devrait pas être effectué dans une marmite en cuivre ou en fer, Hu Xueyan a débloqué une grosse somme pour couler une marmite d'argent et une pelle d'or exclusivement réservées à la fabrication de ce médicament précieux. Un autre exemple, parmi les ingrédients de la pilule Dragon et Tigre, on remarquait une forte dose d'arsenic, une matière hautement toxique qu'il fallait bien mélanger avec les autres ingrédients pour que la vie du patient ne courre le moindre risque. Par conséquent, Hu Xueyan exhortait les employés à broyer avec un bâton en bois à 999 reprises, afin de garantir la qualité de la pilule. Au lendemain de la fondation du Laboratoire Huqingyu en 1874, l'épidémie sévissait à cause du chaos de guerre civil qui avait balayé la Chine méridionale pendant une dizaine d'années. Hu Xueyan invita donc les médecins renommés du Jiangsu et du Zhejiang à mettre au point un remède contre l'épidémie. «Beaucoup de médecins traditionnels furent invités à étudier une nouvelle ordonnance susceptible de guérir et prévenir les maladies transmissibles. Ils finirent par inventer une sorte de pilule anti-épidémique à base de 77 plantes médicinales. Le Laboratoire Huqingyu détenait le droit de brevet pour ce produit magique et en faisait don dans la lutte contre les épidémies dans diverses localités du pays. L'offre gratuit de ce médicament dura près de 10 ans. La pilule anti-épidémique est devenue un médicament spécial du Laboratoire Huqingyu transmis de génération en génération.», a raconté Zhao Yucheng. « La clientèle est vitale pour l'existence d'une entreprise », telle est la devise du Laboratoire Huqingyu. A l'époque, aux premier et quinzième jours de chaque mois où les fidèles se rendaient en grand nombre dans les temples de Hangzhou, le Laboratoire Huqingyu baissait les prix de médicaments au profit des consommateurs. En été, les maladies épidémiques étaient plus fréquentes, le Laboratoire Huqingyu préparait des tisanes rafraîchissantes et les offrait gratuitement aux passants. En mettant en valeur la bienveillance, Hu Xueyan, un négociant qui ne connaissait pas les techniques médicales, réussit à écrire une page brillante dans l'histoire de la médecine chinoise.
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