Conserver ces langues qui disparaissent au fur et à mesure |
Wang Wenjie Organisée par le Service d'action culturelle relevant de la Commission d'État des Affaires ethniques et par le Service du contrôle des langues et des écritures relevant du ministère de l'Éducation, avec le concours de l'université centrale des nationalités, les résultats de la protection des langues des ethnies minoritaires de Chine ont été dévoilés le 24 novembre à Beijing, sur le thème « Édifier une vie linguistique harmonieuse et diffuser l'excellence des cultures ethniques ». C'était la première exposition à l'échelle du pays des résultats de la protection des langues et écritures des ethnies minoritaires. Parmi les 13 provinces (ou régions autonomes) du pays où l'on développe systématiquement des affaires consacrées aux langues et écritures des ethnies minoritaires, 12 provinces ont participé à cette exposition, d'après Chen Jiacai, l'ex-directeur adjoint du Service d'action culturelle relevant de la Commission d'État des Affaires ethniques. La langue peut servir à véhiculer la culture « Les langues sont très précieuses en raison de leur valeur culturelle. La disparition d'une langue n'est jamais moins regrettable que celle d'une espèce vivante. Chaque ethnie possède ses propres avantages ; la langue peut servir à véhiculer de nombreux messages culturels qui méritent d'être découverts », a estimé Sun Hongkai, expert académique dans le milieu linguistique. Sun Hongkai, chercheur à l'Institut d'ethnologie et d'anthropologie de l'Académie des sciences sociales de Chine, s'est longtemps dévoué corps et âme à l'observation et à la recherche des langues des ethnies minoritaires. Au mois de juin 2007, il a reçu le titre de « Travailleur national émérite pour la protection de l'héritage immatériel culturel ». Lors du dernier jour de l'exposition, il a commenté la nécessité de la protection des langues des ethnies minoritaires, en racontant ses propres expériences. « Je me suis rendu en 2005 dans le district de Ganluo dans la province du Sichuan pour mener des recherches sur un dialecte tibétain nommé ersu. Les habitants locaux ont leurs propres concepts et méthodes de médecine traditionnelle. J'ai noté plus de 170 noms de médicaments traditionnels chinois, certains ne pouvant faire l'objet d'une traduction en chinois. Cela n'est qu'un simple exemple. Je voudrais dire qu'il y a encore beaucoup de cultures spécifiques aux ethnies minoritaires qui restent à explorer, et la langue est un outil formidable pour les découvrir. À l'heure actuelle, de nombreuses langues des ethnies minoritaires ne persistent que de manière résiduelle dans la mémoire ou dans la conversation orale des personnes âgées. Si celles-ci ne font l'objet d'aucune étude et analyse linguistique dans l'immédiat, on ne pourra garder leurs traces dès que leurs derniers locuteurs auront disparu », a déclaré l'académicien. Par ailleurs, il a indiqué que bien que l'exploitation de l'ouest du pays accélère le développement économique et social des régions des ethnies minoritaires, certains trésors culturels vulnérables pourraient devenir les victimes de cette politique, à la merci d'une rapide modernisation. Par conséquent, il est impérativement nécessaire, voire indispensable de protéger les langues des ethnies minoritaires dès maintenant et dans un avenir très proche. Un long chemin reste à parcourir pour la préservation de ces langues La population des ethnies minoritaires dépasse 100 millions de personnes en Chine. Parmi celle-ci, plus de 60 millions de personnes utilisent leur propre langue et à peu près 30 millions de personnes utilisent leur propre système d'écriture. Hormis l'ethnie mandchoue et l'ethnie hui, les autres 53 ethnies disposent de leurs propres langues. En outre, il existe différents dialectes au sein de certaines ethnies. « Le gouvernement chinois accorde une grande importance à la protection et au développement des langues des ethnies minoritaires, en particulier pour les langues menacées de disparition. Nous avons entrepris une série de mesures diverses et modernes pour les sauvegarder, tels que la rédaction de dictionnaires, la publication de livres spécifiques et des enregistrements sonores et vidéos », a déclaré Chen Jiacai. Accompagnant le développement socioéconomique ainsi que le renforcement des échanges entre les pays, la disparition des langues des communautés de populations est devenue un problème mondial. Malgré les conditions favorables installées pour l'héritage et le développement des langues, certaines langues utilisées dans une région d'envergure restreinte ou qui sont utilisées par un faible nombre de personnes, sont gravement menacées par une disparition inévitable. « La protection des langues des ethnies minoritaires nécessite le soutien du gouvernement et des efforts inlassables de la part de tous les composants de la population chinoise. Cependant, il faut souligner que la langue n'est pas l'unique facteur constitutif d'une ethnie ; elle ne représente pas toute la culture de l'ethnie. Ainsi, la disparition des langues ethniques n'influe pas sur le développement et les échanges extérieurs de ces ethnies », a-t-il conclu.
Beijing Information |