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Publié le 09/11/2007
Une fête qui porte à confusion

Lisa Carducci

La fête occidentale de l'Hallowe'en (All Hallows' Eve ou Veille de tous les saints en gaélique), commence à prendre pied en Chine, car les Chinois ne perdent pas une occasion de célébrer et de s'amuser. Il devient de plus en plus fréquent de voir des jeunes déguisés en fantômes ou en sorcières sortir en groupes, ce soir-là, pour une tournée des bars.

Année après année, la fête prend une tournure plus moderne; on en est actuellement à l'envoi de cartes électroniques et de joyeuses réunions « virtuelles ». Les sites sina.com, sohu.com et 163.com ont offert, en 2006, un choix de cartes électroniques. Un petit fantôme au visage vert a été envoyé plus de 20 000 fois! Une compétition de souque à la corde a même eu lieu en ligne, entre les « diables » chinois et les « fantômes » occidentaux.

Ce qui est étonnant est que la plupart des Occidentaux ignorent l'origine de cette fête païenne. L'Hallowe'en était un des quatre grands sabbats de l'année, celui du dieu druidique des morts, Samhain. Cette fête avait lieu la veille du nouvel an du calendrier celtique, soit le 31 octobre du calendrier grégorien, qui est sa date encore aujourd'hui. Chez tous les peuples on connaît la peur de l'hiver où la terre doit subir de longs mois d'inactivité et d'obscurité. Le soleil est faible, les nuits froides et longues, et l'on cherche à compenser cet aspect de mort par des chants et danses autour du feu.

Les Gaulois avaient enrichi cette fête de rites pour célébrer la récolte des fruits, d'où l'utilisation de noix et de pommes à l'origine en l'honneur de la déesse Pomona. Les Celtes, pour leur part, croyaient que les esprits des morts, réincarnés dans des animaux, devaient changer de corps à la fin de chaque année. Les humains se méfiaient en particulier des chats noirs dont on disait qu'ils étaient les hôtes d'âmes peu recommandables.

Diablotins jumeaux. Photo Olga Cassetta

Fête de l’Hallowe’en dans un parc, au Canada. Photo Olga Cassetta

 
Le Qingming, www.ici-asie.com 

En 834, le pape Grégoire IV a institué la Toussaint, une fête religieuse, dans le but de supprimer le très ancien festival païen. La Toussaint, une fête catholique, se célèbre le 1er novembre, et ne doit pas être confondue avec la fête des Morts, qui a lieu le lendemain. Comme son nom l'indique, la Toussaint est un jour où les croyants honorent globalement « tous les saints » auxquels n'est dédié aucun jour particulier du calendrier. La fête des Morts est le jour où l'on va au cimetière prier sur la tombe des parents et amis disparus. Cette fête peut être comparée au Qingming des Chinois, qui a lieu à date fixe le 5 avril.

D'où vient la fête telle qu'on la connaît aujourd'hui?

Les Amérindiens cultivaient la citrouille depuis des temps immémoriaux. Ils consommaient sa chair et faisaient sécher son écorce qui devenait ainsi un récipient. Les archéologues en ont découvertes au Mexique qui remontaient à 6 500 ans avant notre ère. Les Mayas, pour leur part, célébraient leurs morts le 2 novembre. Ils croyaient que le vent ramenait chaque année les esprits des disparus sur une colline, où ils attendaient que les vivants leur apportent des fleurs, des oranges, des gâteaux de maïs, des haricots et de l'alcool. Craignant les démons, on ne sortait qu'à l'aube pour aller porter ces offrandes aux morts.

En Europe, les Druides, chassés du continent par les rois chrétiens, s'étaient réfugiés en Irlande. Leur tradition s'est enrichie de la légende locale de Jack-le-Vilain qui, refusé au ciel après sa mort à cause de son avarice, était condamné à tourner éternellement autour de la terre, une lanterne à la main en ciel. C'est le personnage mythique connu sous le nom de Jack'o Lantern.

De là vient qu'en Amérique du Nord, les enfants se promenaient avec une citrouille dans laquelle brulait une bougie. Les citrouilles étaient découpées au gré de la fantaisie pour laisser passer lumière.

Plus près de nous, les enfants, costumés selon leur imagination fertile, vont frapper aux portes du voisinage et « quêtent » des bonbons, des fruits, de l'argent. Vu de malencontreux incidents qui ont même couté des vies innocentes, les parents accompagnent souvent un groupe d'enfants, ou transforment cette fête en réunion amicale à la maison où les enfants déguisés s'amusent entre eux. Dans les écoles, l'Unicef propose aux enfants de ramasser des fonds ce soir-là pour fournir de la nourriture essentielle et des vitamines aux millions d'enfants sous-alimentés du monde.

Et en Chine

Outre le Qingming du printemps, la Chine a aussi sa fête des Esprits du 1er au 15 du VIIe mois; c'est le Zhongyuanjie ou fête des esprits orphelins et fantômes sauvages, une fête bouddhiste.

D'ailleurs, il existe dans la culture chinoise plusieurs fêtes en l'honneur des morts. Celle qu'on appelle Shi yue chu yi, c'est-à dire le premier du dixième mois, en est une. Dans le calendrier lunaire, le dixième mois correspond le plus souvent au mois de novembre. Au début de l'hiver, les morts ont droit à la sollicitude des vivants qui leur apportent des vêtements chauds. Un autre nom de la fête signifie d'ailleurs « vêtir les morts ».

Certaines familles apportent à leurs défunts de l'argent et de la nourriture pour passer l'hiver. Ces offrandes sont faites sous forme de papiers imprimés que l'on brule sur les tombes. Pendant trois jours avant la fête, on vend ces monnaies et vêtements de papier, ainsi que des pétards. Le soir, dès la tombée de la nuit, on entend ici et là éclater des pétards pour chasser les mauvais esprits.

 

Chaque année, on s'adapte à la mode ainsi qu'à la hausse du niveau de vie, et les offrandes deviennent de plus en plus sophistiquées. Sur la photo, on remarquera un téléphone fixe et un autre cellulaire, un appareil photo, une bicyclette à moteur, une petite moto et une voiture, une montre, des lunettes soleil, de la crème à mains, un distributeur d'eau, un chauffe-eau, une cuisinière, un humidificateur, une poubelle, un appareil à air conditionné et un calorifère électrique, une armoire et un lit, des bijoux en or, etc. Parmi les vêtements, on passe du bonnet aux pantoufles, du sac à main en cuir aux couvertures ouatées.



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