Des fêtes d'automne (en septembre) |
Lisa Carducci L'automne est, à l'instar du printemps, une saison riche en fêtes. D'abord, le 10 septembre, peu après la rentrée scolaire, la Chine honore ses Enseignants. Les écoliers et les étudiants offrent des vœux à leurs professeurs, parfois des cadeaux comme un livre ou un panier de fruits, et les adultes se souviennent de présenter de bonnes pensées de reconnaissance à leurs anciens professeurs dont l'ardeur à la tâche leur a permis de devenir ce qu'ils sont aujourd'hui. Des spectacles et activités culturelles sont organisés pour les enseignants, et l'on n'oublie pas les retraités. Souvent leur institution d'attache leur remet des provisions comme des fruits de la saison, des produits pour renforcer la santé ou une couverture ouatée. Une des plus importantes célébrations chinoise est la fête de la Mi-Automne, ou Zhongqiu jie, qui a lieu le 15 du huitième mois lunaire et tombe cette année le 25 septembre. Les us et coutumes liés à la fête de la Mi-Automne varient selon les endroits. Mais exprimer son amour profond pour la vie et son aspiration à un bel avenir est une tradition commune. Admirer la pleine lune et consommer des « gâteaux de lune », ou yue bing, sont les principales traditions de cette fête. La fête de la Mi-Automne a lieu en automne après les moissons, alors que les fruits sont mûrs et le temps, agréable. Elle se veut une réunion familiale ; on part de loin pour rentrer dans sa famille à cette occasion. Les membres de la famille ou les amis se réunissent alors autour d'une table dans la cour pour admirer la lune en bavardant et en dégustant des gâteaux et des fruits. Sur les sites pittoresques, les activités sont plus riches et variées. On dit que la lune de mi-automne est la plus brillante de l'année, et certains vont jusqu'à dire « la plus ronde ». La rondeur de la lune, celle des fruits qu'on déguste et des yue bing (qui avec le temps sont devenus carrés pour des raisons pratiques d'emballage) symbolisent le cercle familial. Les yue bing varient d'une région à l'autre. Généralement ronds et habituellement de 8 cm de diamètre, ils sont cuits à l'envers dans un moule qui imprime sur leur surface des motifs décoratifs et des souhaits, ou des indications sur leur contenu. À Beijing, on les farcit d'une purée de fruits secs et de haricots rouges. Ailleurs, ils peuvent contenir du porc ou du poulet, du sucre, de la noix de coco, des fleurs de cannelier, du miel, un jaune d'œuf entier ou même deux, des graines de lotus, de la purée de châtaignes, des arachides ou des noix, etc. Pour ma part, je les aime de plus en plus chaque année, mais j'ai constaté que la plupart des étrangers qui les goûtent pour la première fois ne les apprécient pas. « C'est spécial », disent-ils. Leur goût peut être surprenant quand on n'en a pas l'habitude, mais si l'on persiste, on en devient esclave.
La nuit de la fête, chaque famille dresse une table au clair de lune remplie de bonbons, cacahuètes, fruits et gâteaux. On s'incline face à la Lune pour rendre hommage à Chang'e dans son palais lunaire, puis l'on s'assoit autour de la table pour déguster ces bonnes choses tout en bavardant. Les vieillards racontent aux enfants émerveillés des histoires comme celle de Chang'e qui vole vers la Lune, et que voici. Dans les temps très anciens, dix soleils apparurent simultanément ; par conséquent, l'eau des océans bouillait, la végétation brulait et les gens périssaient. Un habile archer nommé Hou Yi décrocha de ses flèches neuf soleils, n'en laissant qu'un dans le ciel. Cet exploit lui mérita l'admiration et le respect du peuple, qui fit de lui son roi. Mais une fois sur le trône, il s'abandonna au vice de l'alcool et des femmes, et se transforma en un tyran détesté du peuple. S'apercevant que ses jours étaient comptés, il se rendit chez la Reine Mère du ciel et se fit remettre l'élixir de l'immortalité. Mais son épouse Chang'e, craignant qu'il ne continue éternellement à maltraiter ses sujets, but elle-même l'élixir. Une fois la fiole vidée, Chang'e se sentit devenir légère comme un nuage et s'envola vers Lune. Hou Yi aurait pu décrocher la Lune, mais comme il aimait sa femme, il se résigna. Toujours selon la légende, si l'on observe attentivement la Lune cette nuit-là, on pourrait apercevoir Chang'e dans son palais.
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