Décès du réalisateur Edward Yang |
FL Edward Yang (Yang Dechang), s'est éteint à Beverly Hills le 29 juin 2007 à l'âge de 59 ans, des suites d'un cancer du colon, qu'il combattait depuis sept années déjà. Principalement reconnu en Occident pour son film Yi-Yi, qui avait obtenu le prix de la mise en scène à Cannes en 2000, il était avec Hou Hsiao Hsien, l'un des chefs de file de la nouvelle vague provenant de Taipei, au début des années 1980. L'amour de Yang pour le cinéma était également précoce. Son père, cinéphile avéré, emmenait régulièrement son fils avec lui, ce qui lui a permis de connaître les grands maîtres du cinéma à travers le monde. La fibre artistique de Yang s'était alors révélée devant ses petits camarades où il mettait en avant ses talents de conteur et de dessinateur pour que ses amis ne perdent pas une miette de la séance de la veille. Il mettra cette idylle entre parenthèses durant sa scolarité, lorsqu'il décide, après une tentative avortée dans une école de cinéma, d'intégrer une école d'architecture et de poursuivre une formation supérieure en informatique. Il mettra cette occasion à profit pour rejoindre Seattle dans le cadre de son travail. C'est aux Etats-Unis que Yang renouera avec ses premiers amours après avoir assisté à la représentation de la Aguirre et la colère des Dieux de Werner Herzog. Sa vie bascule alors radicalement à l'âge de trente ans et il entame une carrière de cinéaste. Après des débuts en tant que producteur assistant et assistant réalisateur à la télévision, il débute l'écriture de ses premiers films au début des années 1980. Il connaîtra son premier succès à l'échelle locale en 1984 avec Taipei Story, où l'on retrouve également Hou Hsiao-Hsien dans le rôle principal. Sa quatrième réalisation, les Terroristes (The Terrorizers) tout comme son film précédent Taipei Story, bénéficieront d'un certain écho international, tous deux primés au festival de Locarno, consécutivement en 1985 et 1986. Yi yi, son film le plus connu consacre une place toute particulière aux relations contemporaines entre l'ancienne et la nouvelle génération. Il aborde également les thèmes du difficile passage du monde de l'enfance à l'âge adulte. Les tranches de vie abordées par Yang peuvent, au premier abord, nous paraître tout à fait innocentes, mais chacun peut y retrouver une partie de sa propre évolution et de son vécu. De par son insistance sur les différentes tonalités des paysages urbains et des comportements humains, il nous montre également la complexité de concilier la tradition et la modernité. Le parcours international de l'auteur est une véritable richesse et son œuvre est empreinte d'un métissage fort intéressant entre la culture occidentale et la culture chinoise et il semble qu'aucune ne prenne le pas sur l'autre. Il est d'ailleurs intéressant de noter que pour des raisons personnelles (Yang jugeant excessives les dérives commerciales du cinéma hongkongais décida de ne pas le distribuer sur l'île), son film ne fut pas diffusé sur sa terre natale. Cette anecdote montre également que malgré un succès international indéniable, Yang ne fut pas toujours prophète dans son pays. À une période où la Chine s'internationalise progressivement, ce film de Yang nous permet de mesurer les défis qui se présentent à la Chine en ce début de 21e siècle.
|
|