Modifier la taille du texte

Modifier la taille du texte

Imprimer cet article

Commenter cet article

BEIJING INFORMATION
CULTURE Vidéos ÉDUCATION ET SCIENCES Panorama du Tibet VOYAGE E-MAIL
CULTURE
Publié le 02/07/2007
Lever de rideau

De l'explosion populaire du théâtre en Chine

Liu Zhaohua

Metteur en scène parmi les plus renommés du pays, Lin Zhaohua a par le passé occupé le poste de directeur adjoint du Théâtre du Peuple à Beijing, la plus ancienne troupe de théâtre en vigueur en Chine. Le studio qu'il a mis en place en 1989 a déjà produit plus de 60 pièces. La force de Lin a été de savoir fondre la beauté visuelle des drames traditionnels dans des pièces modernes. À 71 ans aujourd'hui, il continue de créer plusieurs pièces chaque année, qui s'exportent jusqu'en Allemagne ou au Japon. « Je mettrai en scène tant que je pourrai bouger, sourit-il.  Et lorsque je serai trop vieux pour me déplacer, je resterai dans les tribunes. »

« Aujourd'hui les acteurs évoquent sans cesse points de vente et box-office, que ce soient de grandes productions ou des mises en scène plus intimes. Aujourd'hui, l'esprit du théâtre mangue chez de nombreux artistes : des efforts ininterrompus, une profonde détermination à innover. Mais je ne dis pas que chaque metteur en scène devrait créer un nouveau genre. Après tout, ce n'est pas facile. J'ai dirigé des pièces pendant de longues années me demandant toujours si elles évoluaient selon certains principes. Je n'ai toujours pas trouvé la réponse. Je continue à avancer, indépendamment de la philosophie et des théories. »

« C'est une habitude très chinoise de favoriser l'expérience dans la création artistique. En fait, je ne pense pas que les gens doivent sans cesse suivre un exemple particulier. Au contraire, les artistes devraient toujours être encouragés à casser les modèles existants. Nous avons aujourd'hui désespérément besoin d'une rébellion contre la tradition. Même en acceptant l'héritage des traditions, il faut toujours conserver une attitude critique et déterminer un style propre. »

« Pour être franc, en tant que metteur en scène, je suis accablé si seulement une douzaine de spectateurs viennent assister à mes représentations. Mais je crois qu'il faut laisser l'audience choisir ses pièces plutôt que le contraire. »

Depuis le début des années 1990, Meng Jinghui a été l'une des figures les plus controversées du théâtre chinois. Avec des productions fortement expérimentales, mais immensément populaires, ce metteur en scène d'avant-garde s'est construit une audience stable.

Les exploits de Meng sur les planches ont déclenché une vague de théâtre expérimental chinois ces dernières années, à tel point que son nom est désormais devenu synonyme de « théâtre alternatif ». Quoique peu orthodoxes, ses pièces rencontrent un grand succès dans les petits théâtres de la capitale. Chacune plus déstabilisante que la précédente, elles portent toutes la marque de la passion de Meng pour la vie, la rébellion, l'humour et la satire. « Je crois qu'il est inutile de tenter de définir le théâtre expérimental, se défend-il ; tout metteur en scène devrait adopter sa propre approche expérimentale. »

« La scène chinoise s'est développée rapidement à partir des années 1980, poursuit Meng. Lors de la décennie suivante, quelques metteurs en scène ont commencé à exprimer leur personnalité dans les pièces. Quant à moi, j'ai pensé pouvoir trouver ma place dans une redéfinition de l'art de la scène, contre les règles établies. À ce moment-là, j'ai ressenti la responsabilité d'innover dans mes pièces. »

« À l'université, j'ai étudié la littérature. J'avais été frappé par l'ouverture soudaine au surréalisme et à la magie réaliste qui jaillissaient des pays occidentaux. Jusque-là, nous avions été considérablement influencés par le romantisme révolutionnaire de l'Union Soviétique. Nous étions soudain jetés dans la confusion la plus extrême. Je crois qu'il y a un fossé considérable entre le réalisme et la réalité. En tant que principe directeur de création, le réalisme a couvert beaucoup de sujets. Mais certains metteurs en scène ont cherché à imposer sur les planches toute la vie quotidienne sans créativité ni imagination. Je crois qu'un artiste devrait guider le public plutôt que se laisser guider par le public. »

Parmi les dramaturges chinois contemporains les plus innovants, s'impose Wei Minglun, dont la connaissance de l'opéra chinois est légendaire. Dans sa pièce Pan Jinlian, écrite en 1985, Wei a rassemblé des personnages de différentes époques et différentes cultures pour leur procurer une plateforme d'échanges ouvrant des débats de fond sur la société et l'histoire de la Chine. Le scénario est si brillant qu'il a été récrit des douzaines de fois et joué par près de 200 troupes.

Importé d'Occident à la fin du 19e siècle, le théâtre moderne reste fondamentalement basé sur le scénario. Les scénaristes chinois ont pris l'habitude de mettre l'accent sur la réalité, notamment des groupes les plus désavantagés, mais ont jusqu'alors plutôt échoué dans leur mission.

Chen Peisi est l'un des comédiens les plus connus de Chine ; il a joué des rôles à l'opéra, dans des films et des sitcoms télévisés. Après avoir brillamment réussi dans chacun des trois secteurs, Chen est désormais fier de son nouveau rôle : « Je me suis spécialisé dans le théâtre. » Ces cinq dernières années, les pièces dans lesquelles il a joué ont vendu plus de 400 000 billets et engrangé un revenu total de 60 millions de yuans.

« On a remis en cause ma reconversion vers le théâtre, puisque j'étais au départ un acteur de cinéma. Mais par rapport aux films ou aux sitcoms, le jeu des comédiens du théâtre est bien plus exigeant. »

« Avant de commencer ma carrière sur les planches, j'ai suspendu mon travail pendant trois années. Pendant cette période, les expériences accumulées dans le cinéma me sont revenues. J'ai décidé d'entrer dans le théâtre bien que la plupart des troupes perdaient de l'argent à l'époque. J'ai ensuite découvert que beaucoup recevaient des subventions de la poche des contribuables, mais continuaient à mettre en scène des pièces si éloignées de la réalité. C'est une déception, et même une certaine irresponsabilité, vis-à-vis du public. J'ai eu l'intention de détruire cette vieille tradition en créant des œuvres plus proches de la vie des gens ordinaires. La plupart de mes pièces tournent autour de détails, mais qui contiennent une critique et un éclairage sur un côté sombre de la vie. La critique est donc positive car elle expose les maux de la société. »

« Dans mes stratégies de fixation des prix, je me tiens à deux principes : pas de billets à prix très élevés, et pas d'entrées gratuites. Le premier vise à offrir aux gens un divertissement de qualité abordable ; le second vise à garantir la solidité économique de la troupe. »

« L'essentiel est de s'adapter aux réactions du public. Si un détail dans les premières représentations ne fait pas rire, nous le retirons pour toutes les suivantes. Aujourd'hui, les planches chinoises manquent de bonnes comédies et de bons comédiens. Nous espérons créer davantage de pièces et cultiver une génération de talents. »

Contrairement à beaucoup de ses pairs, Yuan Quan, actrice de 30 ans diplômée de l'Institut central de théâtre, a refusé de dire adieu à la scène après avoir remporté un premier succès au cinéma et de nombreuses récompenses individuelles. En couverture des plus grands magazines de mode, Yuan continue de clamer son amour du théâtre. « Pour chaque diplômé d'études dramatiques comme moi, jouer un rôle dans une pièce est un rêve. En cela, je me considère très chanceuse puisque j'ai pu jouer sur les planches pendant beaucoup d'années. »

« Le théâtre chinois a dû passer par une longue traversée du désert, mais les choses se sont remises à bouger ces dernières années. Je pense que le futur sera meilleur : nous avons maintenu une audience stable dans quelques grandes villes. J'aime également jouer dans des opéras et des films à la télévision, mais je sacrifierai certainement des occasions lucratives à l'écran pour un rôle au théâtre qui me donne beaucoup de gratification. Avec mon expérience de nombreuses pièces de qualité, j'ai posé des conditions élevées sur plusieurs manuscrits ; je n'accepterais pas n'importe quel rôle à la télévision. »

 

 


Lire aussi
Fusion culturelle sur scène

Beijing Information
24 Baiwanzhuang, 100037 Beijing République populaire de Chine
Edition française: Tél: 68996274 Fax: 68326628