«Je pense que les Chinois sont pareils aux Français. » |
Palais de l'Est, Palais de l'Ouest fait courir les foulesEn Chine, qu'est- ce qui vous a particulièrement plu ou déplu ?
X.F. : Les faux bons de réduction dans les centres commerciaux sont vraiment ennuyeux. (rires) Rien d'autre ? L.Y. : La mise en scène du Palais de l'Est, Palais de l'Ouest était frustrante. Face à la pression, bien des gens n'ont pas eu le courage de coopérer avec nous. À l'origine, certains théâtres nous autorisaient à jouer chez eux, mais dès que Zhang Yuan a précisé que les droits d'auteur sur cette pièce n'étaient pas clairs, ils nous ont refusé. Finalement, Xavier n'a pas eu d'autre solution que de monter la pièce dans le district d'art 798 de Dashanzi. La représentation était tellement réussie que nous avons décidé de jouer deux fois de plus. Les spectateurs étaient si nombreux qu'ils n'arrivaient pas à tous entrer tous, malgré leur réservation. Xavier a alors invité nos anciens « coopérateurs » qui s'étaient défilés. Ils ont dit : « La pièce est excellente, elle fait recette. Nous vous financerons. » Est-ce que le thème de l'homosexualité est au centre de la pièce ? L.Y. : Non, je pense qu'en réalité elle parle de l'amour. Je n'ai pas rencontré le moindre homosexuel ; ce drame décrit seulement l'amour. Avant de jouer, Xavier m'a montré le film de Wong Kar-wai, « Happy Together »; je suis convaincu qu'on peut tout à fait remplacer Leslie Cheung par une femme car le film ne parle dans le fond que d'amour. L'ouvrage de Wang Xiaobo traite du même sujet. J'interprète le rôle de Xiao Shi, un sadique. Une fois le rideau baissé, le père de l'acteur qui joue le rôle de mon partenaire - un masochiste donc - vient me voir les larmes aux yeux : « S'il arrive quoi que ce soit à mon fils, je te tue ! ». La situation est embarrassante : je fais du théâtre, je ne veux absolument pas maltraiter son fils. De plus, je suis très ami avec cet acteur, qui s'appelle Guo Chao.
Que pensez-vous de l'œuvre de Wang Xiaobo ? X.F. : C'est un peu par hasard que je l'ai découverte. D'abord j'ai vu le film Palais de l'Est, Palais de l'Ouest, qui est de très mauvaise qualité... C'est la façon de tourner qui n'est pas à la hauteur du scénario, lui-même au demeurant très bien écrit. Je cherche donc le nom de l'auteur dans le générique, et je me rends compte qu'on a écrit à tort le caractère « Xiao ». Et puis j'achète l'un de ses livres dans une librairie ; je trouve trois versions de Palais de l'Est, Palais de l'Ouest dans le même bouquin : une nouvelle, un scénario de film et une pièce de théâtre moderne. Pour moi, la pièce de théâtre est bien meilleure que le scénario. L'idée me vient alors de la mettre en scène. Le langage de Wang Xiaobo est simple et proche de la vie réelle, et le contenu qu'il exprime est très riche. Donc je ne change aucun mot lors des répétitions. « Je pense que les Chinois sont pareils aux Français » D'où vient votre passion pour l'art, pour la littérature ? Vos parents vous ont-ils influencé ? Racontez-moi votre parcours en France. X.F. : Ma mère est pianiste. C'est peut-être grâce à ma sensibilisation à la musique que j'ai voulu apprendre l'art dramatique et la mise en scène. Parallèlement, j'ai fait mes études universitaires dans une faculté de littérature, avec une thèse sur le rapport texte-musique dans Ariane Barbe-bleue de Paul Dukas. Ensuite, j'ai travaillé un an à l'Opéra de Paris puis à celui de Nancy. |
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