«Je pense que les Chinois sont pareils aux Français. » |
Entretien avec Xavier Froment, Yang Jiaqing Le 9 décembre, à 19 h 30, le théâtre des Trois Oranges, seul groupe artistique de Chine composé d'acteurs professionnels français et chinois, donnait à Beijing, à l'occasion de son troisième anniversaire, une représentation gratuite sur le thème de l'Amour.
Institution à la réputation déjà bien assise dans le milieu culturel de Beijing, le théâtre des Trois Oranges a été co-fondé par Xavier Froment, metteur en scène français, Laetitia Zeppellini, première actrice française à intégrer une troupe artistique de l'État chinois (en l'occurrence l'Ensemble artistique des mines de charbon), ainsi que Qi Jian, un jeune artiste chinois. Depuis sa fondation, le groupe a participé à diverses activités organisées par les ambassades de l'Union européenne, en interprétant, en chinois, des pièces très appréciées du public dont The Zoo Story d'Edward Albee ; Feu la Mère de Madame de Georges Feydeau ; Palais de l'Est, Palais de l'Ouest de Wang Xiaobo ; Les Mamelles de Tirésias de Guillaume Apollinaire ; et Les Diablogues de Roland Dubillard. Le 10 décembre, dans un petit café du quartier Di'anmen, à Beijing, BeijingInformation a rencontré Xavier Froment, accompagné de Liu Yang, l'un des acteurs des Trois Oranges. « Les acteurs viennent chez nous pour différentes raisons, mais sûrement pas pour l'argent » Beijing Information : Comment le théâtre des Trois Oranges est-il né ? Xavier Froment : Lorsque Laetitia Zeppellini étudiait au Conservatoire central d'art dramatique, il y a quatre ans, je l'ai aidée à monter, dans le cadre de sa formation, la pièce The Zoo Story. L'idée m'est venue ensuite de créer mon propre théâtre. Je suis passé à l'action le 10 décembre 2003, il y a exactement trois ans. Occupée par le tournage d'une série télévisée, Laetitia n'a pas pu participer aux répétitions, mais on a décidé de continuer sans elle. On a confié le premier rôle à un acteur chinois, Fan Jinxuan. The Zoo Story est une pièce assez longue - près de deux heures - mais aussi la première pièce de théâtre moderne que j'aie mise en scène en Chine. La structure financière du théâtre est-elle bien assise ?
X.F. : Bien sûr que non. (rires) Parfois nous vendons des billets. Mais la moitié du temps nous jouons gratuitement. Il nous arrive de gagner un peu d'argent, mais c'est loin d'être suffisant. Les acteurs viennent chez nous pour différentes raisons, mais sûrement pas pour l'argent : ils sont passionnés de théâtre. Il y a une autre raison importante : les jeunes acteurs chinois commencent en général par jouer de petits rôles ; chez nous, dans les pièces que nous choisissons, il n'y a pas de petit rôle. Liu Yang, par exemple, ne pourrait certainement pas jouer Confucius dans un théâtre officiel. Liu Yang : Nous n'avons aucune source financière extérieure ; nous nous autofinançons. Xavier a refusé le parrainage de certaines compagnies, qui nous demandaient ensuite de faire exactement ce qu'elles voulaient. Ç'aurait été une sorte de servitude. Pensez-vous reprendre les représentations commerciales à l'avenir ? X.F.: Oui. Palais de l'Est, Palais de l'Ouest, par exemple, possède une certaine valeur commerciale grâce à la réputation de son auteur, Wang Xiaobo. Et cette pièce est en elle-même assez connue en Chine, parce qu'elle a été portée à l'écran par le réalisateur Zhang Yuan. En vérité, Confucius aussi est assez commercial, et je souhaite pouvoir le vendre à l'avenir. C'est un espoir que je me réserve. Notre prochaine pièce, dont Liu Yang interprétera le premier rôle, aura également une teinte commerciale ; il s'agit de Ma femme s'appelle Maurice, de Raffy Shart. |
|