Dr FOCK YEE*

Le 8 octobre, le comité Nobel a décerné le prix Nobel de la paix 2010 au dissident chinois Liu Xiaobo. En réponse, Nicolay Troyski, observateur politique à la RIA (Russian Information Agency), a publié un article expliquant que ce prix est devenu un outil politique de l'Occident. D'ailleurs Abdellah Ouahhabi, réalisateur de télévision et journaliste français, a pour sa part publié un commentaire indiquant que « le prix Nobel de la paix est un prix qui veut renforcer la domination occidentale. Son objectif actuel est de créer des obstacles artificiels au développement pacifique, harmonieux de la Chine sous la direction du Parti communiste ». Tout récemment, le gynécologue français Fock Yee nous a spécialement délivré un article pour exposer ses réflexions sur cette affaire.

NUL ne conteste que le prix Nobel de la paix est avant tout une décision politique. C'est un moyen pour l'Occident de faire valoir ses valeurs qu'il veut « universelles », et aussi d'imposer ses points de vue.

L'Occident et en premier lieu les États-Unis s'aperçoivent de l'inéluctable montée en puissance de la Chine et avec elle de pays émergents dont l'Inde, le Brésil, les pays africains et d'Amérique latine. Cela signifie à terme la perte de l'influence et du leadership de l'Occident. Ce qui explique leur désir de ralentir ou de stopper la Chine.

Étant déjà la seconde puissance économique au monde, elle aura rattrapé, voire dépassé, les USA avant deux décennies. Il faut donc coûte que coûte entraver cette avancée qui serait selon l'Occident néfaste à ses intérêts.

L'Occident sait que le talon d'Achille des Chinois, c'est en premier lieu l'unité de la Chine. Dans un pays immense et surpeuplé, grand comme deux fois l'Europe et trois fois plus peuplé, gouverner n'est pas une sinécure, d'autant que le pays sort d'une très longue période d'occupation étrangère et de guerres impitoyables. La grande difficulté est de retrouver cette cohésion nationale après plus d'un siècle et demi de colonisation et d'occupation par les pays occidentaux. C'est en effet, la division de l'empire chinois au XIX^e siècle qui a précipité la chute de la dynastie des Qing et son démembrement en provinces plus ou moins indépendantes sous la coupe de nombreux seigneurs de guerre. Cette division a favorisé l'envahissement du pays par les nations occidentales : c'est la guerre de l'Opium qui a imposé au peuple chinois la consommation quasi obligatoire de cette drogue pour mieux l'assouvir aux intérêts de l'Occident ; c'est le sac du palais d'été en 1860 par les troupes franco-anglaises pour anéantir ce qui reste de la puissance culturelle chinoise ; c'est le pillage de Pékin en 1898 [en fait, c'est en 1900 - NDLR] par la coalition des huit nations occidentales qui a permis l'occupation coloniale de la Chine pendant près d'un siècle et son exploitation éhontée... Est-ce cela les Droits de l'Homme préconisés par Liu Xiaobo? Oublie-t-il que naguère les Chinois ne mangeaient pas à leur faim et que plus de 70 % [en fait, c'est 80% - NDLR] de la population était illettrée?

Aujourd'hui, l'Occident, toute honte bue, a le culot et la prétention de dicter à nouveau aux Chinois leurs soi-disant valeurs. Ont-ils donc la mémoire si courte ou sont-ils tout simplement ignorants de leur histoire et de leur passé?

Pourquoi Liu Xiaobo est-il emprisonné?

Contrairement aux assertions mensongères et aux tentatives de désinformation de l'Occident, Liu Xiaobo n'a pas été emprisonné pour ses soi-disant demandes de démocratisation de la Chine ou pour une liberté d'expression, mais bien pour des actions de subversion et des tentatives de division de la Chine.

Car toute personne qui connaît la Chine ou qui a voyagé ne serait-ce qu'une fois en Chine s'aperçoit des énormes progrès dans ce pays tant au niveau de la démocratie où des élections ont lieu depuis plus d'une décennie au niveau des districts et des provinces pour élire librement leurs représentants; qu'au niveau de la liberté d'expression, ne serait-ce que par le nombre incalculable de médias écrits (plus de 10 000 publications régulières) et audiovisuels (quelques centaines de chaînes de télévision) et surtout par le nombre immense de Chinois voyageant à l'étranger (près de 100 millions en 2010) et du nombre de plus en plus élevé d'étrangers visitant la Chine : comment a-t-on l'audace d'affirmer qu'il n'y a pas, dans un pays aussi ouvert, de liberté de communication ou d'expression?

Pour mémoire, le droit de vote est accordé aux femmes chinoises bien avant les Françaises (qui l'ont obtenu seulement en 1946). [le droit de vote a été en réalité accordé aux femmes chinoises en 1953, après la promulgation de La Loi électorale de la République populaire de Chine - NDLR]

Concernant la protection sociale, la Chine malgré son énorme retard économique est en train de mettre en place un système qui va être généralisé dans tout le pays au cours de la prochaine décennie. Elle n'aura rien à envier dans ce domaine aux pays occidentaux des années 60.

Concernant le multipartisme, Liu Xiaobo a-t-il oublié que son pays la Chine est gouvernée par le Parti communiste chinois, dont les plus de 50 millions [plus précisément 78 millions de membres en 2010 - NDLR] de membres sont issus des différents milieux représentatifs du peuple ? Que d'autres petits partis démocratiques contribuent pour leur part à la vie politique en Chine et que de plus, au sein de ce grand parti, les débats sont permanents pour mieux cerner les problèmes et gouverner au plus près des aspirations du peuple. La démocratie n'est pas exclusivement le multipartisme, mais c'est surtout permettre au peuple de s'exprimer à travers les institutions et les organes de transmission. Le multipartisme à l'occidentale, c'est opposer une partie du peuple à une autre partie. C'est la porte ouverte à toutes les dérives et à toutes les forces séparatistes dans un pays qui a tout juste recouvert sa stabilité. C'est aussi une idée contraire à l'harmonie sociale et à la philosophie chinoise.

La séparation des pouvoirs telle que pratiquée en Occident serait idéale? Liu Xiaobo croit-il avoir découvert le système idéal de gouvernement universel en parcourant quelques traités ou manuels politiques de l'Occident? Une telle prétention et une telle intolérance cachent en fait une ignorance de l'enracinement culturel de chaque peuple. Le système exécutif, législatif et judiciaire en Chine reflète en réalité les traditions et la longue histoire de la Chine. Il en est de même pour chaque pays.

Le vrai problème c'est que Liu Xiaobo, en proposant (ou plutôt en servant de courroie de transmission à certains milieux occidentaux) une République fédérale de Chine, ne fait que reprendre les désirs à peine voilés de l'Occident de voir la Chine de nouveau la proie aux divisions, de voir les forces centrifuges refaire surface et faire imploser la Chine. Qu'a donc obtenu le comité Nobel de la paix en donnant ce prix à l'ancien président Gorbatchev? L'éclatement de l'ex-Union Soviétique, la paupérisation et le pillage de ce grand pays par l'Occident pendant plus de 10 ans...

Qu'a obtenu le comité Nobel de la paix en accordant ce prix à monseigneur Tutu en Afrique du Sud? Calmer la révolte des Noirs surexploités dans leur propre pays et permettre à la minorité blanche raciste de continuer à exploiter sans vergogne le pays.

Ainsi, après une première vaine tentative de nuire à la Chine en donnant le prix au Dalaï-Lama en 1989, voilà que le comité Nobel récidive en le décernant à un traître à la nation chinoise.

Mais le peuple chinois ne se laisse plus berner et saura faire face aux tentatives de déstabilisation de son pays et aux visées expansionnistes et néo-coloniales de l'Occident.

Les nouveaux harkis, c'est une expression bien française pour désigner les traîtres à leur nation. Rappelons que les harkis sont des Algériens qui se sont engagés dans l'armée française durant la guerre d'indépendance de l'Algérie, pour combattre les indépendantistes...

Dans tout peuple, il y a quelques traîtres, la France en connaît quelque chose avec l'occupation allemande durant la Seconde Guerre mondiale...

Trahir son pays pour une poignée de dollars ou pour une pseudo gloire est malheureusement chose courante, c'est dans la nature humaine. On peut facilement imaginer qu'en Chine, avec plus de 1,3 milliard d'habitants, il n'est pas difficile de recruter quelques milliers voire quelques dizaines de milliers de traîtres à la patrie. Liu Xiaobo et ses acolytes en font malheureusement partie.

L'Occident voyant la montée rapide et inéluctable de la Chine sur le plan mondial s'aperçoit en même temps de son déclin relatif.

Le problème c'est qu'au lieu de prendre à bras le corps ses problèmes (chômage, retraites, baisse du pouvoir d'achat, délinquance...), l'Occident ne voit rien de mieux que d'essayer de ralentir les progrès de la Chine. Mais cela ne suffit pas, il faut la déstabiliser et si possible la faire imploser...

Par exemple, en changeant en permanence les règles de jeu : l'Occident, qui a toujours prôné une économie de libre échange, se met à ériger des barrières protectionnistes dans ses échanges avec la Chine.

C'est comme si le maillot jaune, dans une étape de montagne du tour de France, arrivant au pied de l'Alpe d'Huez, présentait de grosses défaillances et sentait la meute de jeunes le rattraper et vite le dépasser. Alors il sème des embûches, mais, cela étant inefficace, il va changer le règlement en décrétant que c'est le premier arrivé au pied de la montagne qui est déclaré vainqueur...

En étant manipulés et instrumentalisés, des intellectuels dévoyés tel Liu Xiaobo crient haut et fort pour se faire passer comme le défenseur des Droits de l'Homme en Chine, relayé en cela par les médias occidentaux, mais en fait il n'est que la marionnette de l'Occident, le laquais au service des forces ennemies de la Chine. Dérisoire et pathétique!

Je ne serais pas étonné d'apprendre dans une décennie, à l'occasion de déclassification des archives, que Liu Xiaobo a été financé et instrumentalisé par la CIA comme l'a été son triste prédécesseur le Dalaï-Lama.

À croire qu'à l'avenir, le nom de Liu Xiaobo sera immanquablement le synonyme de traître à la patrie.

En vérité, la Chine ne craint qu'elle-même. Et depuis le règne de son premier empereur Shihuangdi des Qin qui a unifié le pays il y a plus de 23 siècles, à l'époque où l'Occident était encore une contrée « barbare », son unique problème était et reste son unité. La Chine a besoin de stabilité sociale et politique pour parvenir à une société de classe moyenne aisée. L'Occident le sait bien et tente par tous les moyens de la diviser pour l'affaiblir.

Le peuple chinois qui a tant souffert pendant ces deux derniers siècles saura résister à ces coups bas et continuer sa progression vers une société harmonieuse pour contribuer à un monde plus équitable.

* Dr FOCK YEE est un médecin français, célèbre dans son île de la Réunion.

Source: la Chine au présent