Ils ont brillé pendant la guerre |
Lu Rucai Alors que pendant les années 30-40, la Chine était envahie par le Japon, et l'Europe par le nazisme, certains, de façon désintéressée, aidèrent les peuples. Parmi eux, on peut citer l'Allemand John Rabe, le Danois Bernhard Arp Sindberg, le Français Jean Jérôme Augustin Bussière, l'Ukrainien Grigori Kulishenko, ainsi que le Chinois He Fengshan.
John Rabe Le 13 décembre 1937, l'armée japonaise occupe la ville de Nankin (Nanjing), capitale chinoise de l'époque, et procède à un massacre barbare, faisant plus de 300 000 victimes parmi les Chinois en seulement six semaines. John Rabe, alors représentant de la société allemande Siemens accrédité à Nankin, est le témoin direct des atrocités de l'armée japonaise. Il écrit dans son journal du 14 décembre 1937 : « Nous avons compris réellement le degré de la destruction quand nous avons traversé la ville en voiture. Tous les 100 ou 200 mètres, on pouvait voir des cadavres. C'étaient des civils. J'ai examiné leurs corps et découvert qu'ils avaient été tués par balle dans le dos. Ils avaient été frappés par derrière alors qu'ils tentaient de s'enfuir. Divisés en troupes de dix ou vingt personnes, des soldats japonais marchaient dans les rues de la ville et pillaient les magasins… » À la proposition de l'Américaine Minnie Vautrin, professeure à Ginling College, et Hang Liwu, président du conseil d'administration de l'Université de Nankin, une dizaine d'étrangers en Chine créent le Comité international de la zone de sécurité de Nankin, pour protéger les civils du massacre de l'armée japonaise. M. Rabe est désigné président du Comité. Ils établissent 25 abris de réfugiés à Nankin, ouverts à la population locale et recueillent plus de 20 000 personnes. M. Rabe transforme sa maison en abri, hébergeant plus de 600 habitants. Jour et nuit, les membres du Comité se relaient dans le quartier général, pour repousser les soldats japonais tentant de franchir le mur, pour recevoir les réfugiés et pour subvenir à leurs besoins alimentaires. Ils notent également toutes les atrocités commises par l'armée japonaise. Dans Le journal de John Rabe dévoilé au monde en 1997 sont inclus de nombreux rapports et lettres venant des membres du Comité international de la zone de sécurité de Nankin, sur lesquels est inscrit sans aucune exception « 5, rue Ninghai ». En effet, avant que la ville soit attaquée par l'armée japonaise, le bâtiment situé au 5 de la rue Ninghai à Nankin était au début la résidence de Zhang Qun, ministre des Affaires étrangères du gouvernement national de la République de Chine. Il fut ensuite transformé en ambassade d'Allemagne en Chine. Au cours du massacre de Nanjing, il était le quartier général du Comité international de la zone de sécurité de Nankin. Lors de sa visite d'État en Allemagne en mars 2014, le président chinois Xi Jinping a évoqué John Rabe, l'appelant « cet ami allemand respecté par les Chinois ». L'ancienne résidence de M. Rabe se situe actuellement dans l'arrondissement Gulou à Nanjing, à l'intérieur du campus de l'université de Nanjing. Au mois de décembre 2013, la construction de la tombe de John Rabe, financée par la municipalité de Nanjing, a été achevée à Berlin. « Les Chinois chérissent la mémoire de John Rabe, pour sa fraternité et pour son aspiration à la paix », a indiqué Xi Jinping.
Bernhard Arp Sindberg Le 24 avril 2014, la reine Margrethe II de Danemark a contemplé tranquillement des photos dans le Mémorial des victimes du massacre de Nankin. Il s'agissait d'images décrivant l'aide de Bernhard Arp Sindberg aux réfugiés chinois. Après l'exposition, la reine a reçu Su Guobao, l'un des survivants du massacre de Nankin. Il a aujourd'hui 87 ans. Su Guobao n'avait que 10 ans lors du massacre de Nankin. Heureusement, il habitait avec sa famille dans un abri de réfugiés fondé par Bernhard Arp Sindberg et d'autres étrangers. « Cette dette de gratitude est profondément gravée dans mon cœur. Je veux exprimer mes remerciements à Bernhard Arp Sindberg, et au Danemark », a déclaré Su Guobao, qui maintient toujours un contact avec la famille de M. Sindberg. Bernhard Arp Sindberg arrive à Shanghai en 1935. En décembre 1937, il est envoyé à Nankin par l'entreprise danoise FLSmidth, pour protéger la cimenterie de Jiangnan, qui importait des équipements danois. Depuis le début de décembre 1937, la vie des habitants de Nankin est en permanence sous le joug des attaques aériennes nippones. Après avoir appris qu'un étranger s'occupait de la cimenterie de Jiangnan, les habitants locaux s'y sont rendus pour y trouver un abri. Le 11 décembre, M. Sindberg a fondé un abri de réfugiés à l'intérieur de la cimenterie, et a établi la zone de protection de l'usine. Pour que les blessés reçoivent un traitement efficace à temps, il a fait construire un hôpital temporaire dans la zone de protection, en invitant deux infirmières de l'hôpital de Gulou et en achetant des médicaments et équipements médicaux. En raison de cette protection, les environs de l'usine étaient pleins de réfugiés, dont le nombre a parfois dépassé les 20 000 personnes. M. Sindberg a photographié et filmé les atrocités commises par les soldats japonais, et a soumis des rapports au Comité international de la zone de sécurité de Nankin. En 1938, il est rentré au Danemark. Après avoir quitté la Chine, il a arrangé ses photos et films documentaires, et les a exposés dans plusieurs endroits dont Genève. Par ailleurs, il a aidé le pasteur américain John Magee à produire un film dévoilant le massacre du peuple chinois par l'armée japonaise, et a projeté ce documentaire lors de la 24e Conférence internationale du travail en 1938. Zhu Xuefan, alors chef de la délégation chinoise à cette conférence, a calligraphié sur le passeport de Bernhard Arp Sindberg : « ami de la Chine ». Pendant une longue période, les actes de Bernhard Arp Sindberg et les données dévoilant les atrocités de l'armée japonaise qu'il a laissées furent négligés par le monde. Cette situation a duré jusqu'à la publication du journal de John Rabe. En effet, son nom est mentionné à plusieurs reprises dans le livre. En 2000, un bureau officiel de la Chine est entré en contact avec la famille de Sindberg, et dès lors, ses actions d'aide aux réfugiés chinois pendant la guerre ont été connus.
Jean Jérôme Augustin Bussière
Le 30 mars 2014, un habitant de Beijing offre une calligraphie à Jean-Louis Bussière, fils de Jean Jérôme Augustin Bussière. (XINHUA) « Nous n'oublierons jamais que d'innombrables Français ont contribué au développement de la Chine dans différents aspects, parmi lesquels Jean Jérôme Augustin Bussière, qui transportait en bicyclette des médicaments dans des bases de lutte contre l'agression japonaise », a remarqué Xi Jinping quand il était présent à la Conférence commémorant le 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques sino-françaises organisée le 27 mars 2014 à Paris. M. Bussière est arrivé en Chine en 1912, et est rentré en France en 1954. Pendant la quarantaine d'années qu'il a passée en Chine, il a travaillé comme médecin dans la légation française en Chine, ainsi que dans un hôpital français et un hôpital allemand situés à Dong-jiaominxiang. En plus de cela, il a participé à la fondation de l'Université franco-chinoise, et a soutenu, avec des personnages renommés tels que Cai Yuanpei et Li Shizeng, le mouvement Travail-Études en France. Dans les collines de l'Ouest (Xishan), situées dans l'arrondissement Haidian à Beijing, se trouve un groupe de bâtiments qui reflètent bien les échanges culturels sino-français ainsi que l'amitié entre les peuples chinois et français. Depuis 2013, le gouvernement de l'arrondissement Haidian a mis en œuvre la reconstruction et la rénovation de ces vestiges, y compris le Jardin des Bussière, ancienne résidence du médecin français. M. Bussière avait deux logements à Beijing, dans lesquels il donnait des consultations gratuites aux habitants locaux. C'était un acte de charité pour la population pauvre de l'époque. Après l'éclatement de la Guerre d'agression japonaise contre la Chine, M. Bussière a senti le malheur qui s'était abattu sur les Chinois. À cet époque-là, l'endroit où se situe le Jardin des Bussière était une des bases importantes de la guérilla de lutte contre l'agression japonaise, dirigée par le Parti communiste chinois. M. Bussière soignait les partisans blessés, mais accepta aussi de faire de sa résidence un repaire pour le parti clandestin de Beiping (nom d'alors de Beijing). Aux environs de 1939, après avoir su que la base de lutte créée par les troupes du commandant Nie Rongzhen nécessitait urgemment des articles médicaux, M. Bussière, qui avait déjà plus de 60 ans, avait transporté à plusieurs reprises des médicaments et appareils depuis le centre-ville jusqu'à Xishan en bicyclette (à peu près 25 kilomètres). Mettant de côté sa propre sécurité, il avait ainsi contribué à la résistance contre l'agression japonaise. Le 30 mars 2014, le tournage du documentaire Les Histoires du Jardin des Bussière a commencé dans ledit jardin. Réalisé conjointement par le Bureau de la communication de l'arrondissement Haidian et la CCTV (la Télévision centrale de Chine), ce film vise à faire connaître à plus de Chinois l'histoire de ce médecin français.
Grigori Kulishenko La construction de la tombe de Grigori Kulishenko est achevée en 1958 dans le parc de Xishan, dans l'arrondissement Wanzhou à Chongqing. À la veille de la Fête nationale de cette année-là, la Croix-Rouge de Chine a invité la veuve et la fille de Grigori Kulishenko à se rendre visite en Chine et à se recueillir sur sa tombe. Lors de la réception organisée à Beijing, le premier ministre chinois Zhou Enlai a exprimé que le nom de Grigori Kulishenko serait gravé pour toujours dans le cœur des Chinois. De la fin de 1937 à 1939, l'Union soviétique a envoyé successivement en Chine plus de 2 000 soldats aériens pour soutenir la guerre de résistance contre l'agression japonaise, parmi lesquels plus de 700 personnes ont participé directement aux batailles protégeant Nankin, Wuhan et Chongqing. Plus de 200 de ces soldats ont sacrifié leur vie en Chine. Grigori Kulishenko était l'un des deux hauts officiels de l'armée de l'air soviétique envoyés pour combattre en Chine. Né en Ukraine, Grigori Kulishenko était chef de l'escadre de bombardiers relevant du groupe aérien volontaire de l'Union soviétique. Au mois de mai 1939, il arrive en Chine en dirigeant une troupe de bombardiers à longue portée, pour aider les Chinois à lutter contre l'agression japonaise. L'équipe entre et se met en garnison à l'aéroport de Taipingsi à Shuangliu, à Chengdu. En plus de la participation directe aux batailles contre l'armée japonaise, l'armée aérienne soviétique s'occupait de former les soldats de l'Armée de l'air chinoise. M. Kulishenko tenait une attitude très stricte envers les aviateurs chinois. Il donnait souvent lui-même l'exemple au cours de la formation, rectifiant sans cesse les manœuvres erronées des apprentis pilotes. Davantage d'aviateurs chinois ont reçu une formation de haut niveau de la part de l'Armée de l'air soviétique. En été 1939, ce chiffre a dépassé 1 000 personnes pour les aviateurs, 800 pour les navigateurs aériens, et 8 000 pour les techniciens aéronautiques. Le 14 octobre 1939, dans l'après-midi, Grigori Kulishenko et son équipe de bombardiers lancent un combat à mort au-dessus de Wuhan. Après avoir abattu de suite six chasseurs japonais, son avion est frappé par les obus de l'armée japonaise, et perd sa stabilité lorsqu'il cherche à regagner le port de Wanzhou à Chongqing. Pour assurer la sécurité de la foule au sol, il fait tout son possible pour faire atterrir son appareil sur le fleuve Yangtsé. Toutes les autres personnes à bord ont réussi à s'extraire de l'appareil après son atterissage, sauf Grigori Kulishenko, trop épuisé pour s'en échapper. Il coule dans le fleuve. Vingt jours plus tard, sa dépouille est retrouvée et enterrée au pied d'une montagne à Wanzhou. Du fait que les mouvements des volontaires destinés à aider la Chine étaient confidentiels, la patrie et la famille de M. Kulishenko n'ont reçu la notification de son décès que quelques mois plus tard. Ils n'étaient pas au courant des détails de sa mort. Les Chinois n'ont pas oublié ce héros. Depuis 1970, le gouvernement a alloué des fonds spéciaux pour effectuer à quatre reprises la réparation de la tombe de Kulishenko. En 2009, sa tombe fut incluse sur la liste nationale des édifices commémoratifs aux martyrs. En 2013, lors de son discours à l'Institut d'État des relations internationales de Moscou, le président chinois Xi Jinping a évoqué M. Kulishenko, ainsi qu'une Chinoise et son fils qui s'occupent de sa tombe depuis plus d'un demi-siècle. Il s'agit de Tan Zhonghui et de son fils Wei Ying-xiang. « J'ai entendu l'histoire de Kulishenko auprès de ma mère, et des années après, je l'ai racontée à mon fils, et puis à mon petit-fils. Je trouve que c'est un bel héritage », a dit Wei Yingxiang. Après le discours du président Xi, il a contacté par téléphone le petit-fils de Kulishenko. « Ses remerciements sont une grande fierté pour moi », a exprimé Wei Yingxiang.
He Fengshan En janvier 2001, le gouvernement israélien a décerné, dans le mémorial de Yad Vashem à Jérusalem, le titre d'honneur d' « ami étranger » au Chinois He Fengshan. « Généreux et tolérant, mon père est un Chinois typique, qui trouve qu'il est naturel d'aider les autres », a déclaré He Manli, fille de He Fengshan. En 1926, He Fengshan a eu l'occasion de partir en Allemagne faire ses études aux frais de l'État dans l'université de Munich. Six ans plus tard, il a obtenu un doctorat en économie politique, et est entré dans le monde diplomatique. Au mois de mai 1938, il fut désigné consul général de Chine en Autriche. À l'époque, l'Europe était enveloppée par les sombres nuages de la guerre. En Autriche, presque 185 000 Juifs se retrouvèrent pris au piège de la terreur nazie. Effrayés par la violence des nazis, ces Juifs cherchaient à s'enfuir. Mais cela n'était pas facile pour eux, car l'Allemagne nazie leur imposa d'avoir un visa d'entrée pour pouvoir aller dans d'autres pays. En tant que diplomate, He Fengshan maintenait de bonnes relations personnelles avec des Juifs. Face au malheur de ceux-ci, il a décidé sans retour de les aider à s'enfuir d'Autriche. Ainsi, dès que des Juifs présentaient leur demande de visa, He Fengshan leur délivrait directement le visa pour la Chine. Largement encouragés, de plus en plus de Juifs se rendirent au consulat de Chine à Vienne. Pendant le mois de mai et d'octobre 1939, He Fengshan a délivré 1 900 visas pour la Chine aux Juifs qui en faisaient la demande en Autriche. Bien que Shanghai fût une ville ouverte à l'époque, un visa était nécessaire pour les Juifs. « Mon père savait que Shanghai n'était pas la destination idéale pour les Juifs, mais sans ce visa, ils auraient été envoyés dans un camp de concentration », a raconté He Manli. Au début de l'année 1939, la propriété du consulat de Chine à Vienne fut confisquée par les nazis, sous prétexte que le bâtiment appartenait à un Juif. Mais cela n'empêcha pas He Fengshan de continuer à faire vivre le consulat de Chine en Autriche en louant lui-même un autre local. En réalité, les avis étaient partagés en Chine sur les actes de He Fengshan. Certains ont rapporté au gouvernement de la République de Chine que He Fengshan vendait les visas aux Juifs. He Fengshan fit l'objet d'une enquête. En mai 1940, on lui demanda de quitter Vienne malgré son innocence prouvée. « Après l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne, les persécutions de Hitler s'aggravèrent. Le sort des Juifs en Autriche devint tragique. Des persécutions se produisaient chaque jour. Des religieux et organisations de charité américaines avaient commencé à secourir les Juifs, et je gardais toujours un contact étroit avec eux. J'essayais par tous les moyens d'aider les Juifs. Je suis sûr que mon travail a sauvé la vie de beaucoup de personnes », a écrit He Fengshan dans ses mémoires 40 ans de ma carrière diplomatique publiés en 1990. Lors d'une exposition baptisée « Visa de la vie » qui s'est tenue en janvier 2000 à Stockholm, l'histoire de M. He Fengshan a été mise sur le devant de la scène. Ce diplomate chinois est considéré comme le « Schindler chinois ».
Mieko kato
Photo à gauche: Nie Rongzhen reçoit Mieko Kato dans le Grand Palais du Peuple en 1980 ; Photo à droite: Nie Rongzhen et Mieko Kato en 1940. (XINHUA) En 1999, à l'occasion de 100e anniversaire de naissance du maréchal chinois Nie Rongzhen, la ville de Jiangjin (à Chongqing), région natale de Nie Rongzhen, s'est jumelée avec Miyakonojo, ville natale de la Japonaise Mieko Kato. « J'ai réalisé le dernier vœu de mon père », a déclaré Mieko Kato. En fait, le « père » qu'elle désigne est le maréchal Nie. Le 28 mai 1980, l'agence de presse Xinhua a publié un article intitulé Où es-tu, petite fille japonaise ?, qui raconte l'histoire d'une enfant japonaise nommée Xing Zi, qui fut sauvée des canonnades en 1940 par l'Armée de la 8e route (dirigée par le Parti communiste chinois pendant la Guerre de résistance contre l'agrassion japonaise). De nombreux médias tels que Le Quotidien du Peuple ou le Quotidien de l'Armée populaire de Libération ont retransmis cet article. Quelques jours après sa publication, le journal japonais Yomiuri Shimbun a réussi à trouver, à Miyakonojo, dans la préfecture de Miyazaki au Japon, la jeune fille mentionnée dans le texte. Cependant, elle ne s'appelle pas Xing Zi, mais Mieko Kato. L'histoire décrite par l'agence Xinhua s'est produite au mois d'août 1940, dans un village le long du chemin de fer Zhengtai (de Shijiazhuang dans le Hebei à Taiyuan dans le Shanxi). Il s'agit d'une voie de communication principale qui traverse les monts Taihang, où se situait la mine de houille de Jingxing, importante base de combustibles pour l'armée japonaise en Chine du Nord. Kiyotoshi Kato, employé d'une compagnie de transports japonaise, avait été envoyé fin 1939 à la gare de la mine de Jingxing, pour s'occuper du transport de charbon. Le 20 août 1940, l'Offensive des cent régiments (un ensemble d'attaques conduites par l'Armée de la 8eroute) s'est ouverte. Elle est la plus longue bataille commandée par le PCC contre l'armée japonaise dans le Nord de la Chine. Dans les flammes de la guerre autour de Jingxing, des soldats chinois ont sauvé deux enfants japonaises, respectivement de 4 ans et moins de 12 mois. C'étaient les filles de Kiyotoshi Kato. Ne sachant que faire, les soldats ont demandé conseil à leur supérieur, et au commandant d'alors : Nie Rongzhen. Celui-ci leur a demandé de transférer ces deux enfants au quartier général militaire. Après leur arrivée là-bas, l'aînée n'a pas mis beaucoup de temps avant de se familiariser avec Nie Rongzhen. Elle le suivait en permanence, comme un petit chien. Un correspondant de guerre a pris une photo sur laquelle Nie Rongzhen et la petite fille se reposent ensemble hors du poste de commandement. Cette photo est devenue un témoignage précieux de ce moment historique. En raison du danger sur le front, Nie Rongzhen a décidé de transférer les deux filles à la caserne japonaise. Il a écrit une lettre destinée au gradé de l'armée japonaise accrédité à Shijiazhuang, et choisi un habitant local digne de confiance pour cette mission. Les enfants furent placées dans deux paniers sur une palanche. Ayant peur qu'elles ne pleurent en route, on leur mit des fruits dans les paniers pour qu'elles puissent manger si besoin. Selon la description de la Biographie de Nie Rongzhen, la caserne japonaise à Shijiazhuang a répondu par une lettre de remerciements en chinois, après avoir récupéré les enfants. Après l'arrivée à Shijiazhuang, les deux filles ont été envoyées dans un hôpital local, mais malheureusement la cadette est décédée des suites de ses blessures. Au mois d'octobre 1940, la fille aînée est rentrée au Japon avec son oncle, et a vécu avec sa grand-mère maternelle. Elle parlait souvent de « s'asseoir dans un panier » et de « manger des poires » à sa grand-mère, ce qui constitue une preuve importante dans la confirmation de son identité par les médias japonais. Après avoir su qu'elle était en réalité la Xing Zi dans l'article de l'agence Xinhua, Mieko Kato a adressé sans retard une lettre au général Nie Rongzhen, pour exprimer ses remerciements sincères et son souhait de visiter la Chine. Le 10 juillet 1980, elle est venue en Chine à l'invitation de l'Association d'amitié Chine-Japon. Quatre jours plus tard, Nie Rongzhen a reçu Mieko Kato et sa famille dans le Grand Palais du Peuple. Pour noter cette belle histoire, Central Newsreel and Documentary Film Studio a tourné un film documentaire baptisé Visite de Mieko à son parent en Chine. « Notre famille a reçu un accueil chaleureux en Chine, qui dépassait complètement ce que j'avais imaginé. Mais je sais bien pourquoi moi, qui ne suis qu'une Japonaise ordinaire, ai obtenu tant de sollicitudes de la part des deux pays : c'est parce que mon expérience miraculeuse en Chine quand j'étais petite a touché le cœur des Chinois et des Japonais, qui désirent tous la paix entre eux », a déclaré Mieko Kato. Depuis cette visite en Chine, Mieko Kato s'applique au travail de l'amitié sino-japonaise. De plus, Nie Li, la fille de Nie Rongzhen, et Nie Fei, la petite-fille de Nie Rongzhen, ont pris le relais du maréchal, pour contribuer aux échanges amicaux entre la Chine et le Japon.
Source : La Chine au présent |