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Publié le 13/07/2015
L'internationalisation du yuan et de l'économie chinoise vont de pair

Lan Xinzhen

La question de l'internationalisation de la monnaie chinoise, le yuan renminbi, est de nouveau un thème de discussion récurrent tant en Chine qu'à l'étranger. Le 7ème dialogue stratégique et économique sino-américain qui s'est tenu fin juin a donné lieu à des discussions approfondies sur l'intégration du yuan dans les droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI, et la communication va se poursuivre dans ce sens. Avant ce dialogue annuel entre Beijing et Washington, les ministres des Finances du G7 sont déjà convenus d'incorporer le yuan dans le panier de devises de référence du FMI, avec comme condition préalable la réalisation d'enquêtes de nature technique.

Certes, la possibilité d'accéder au rang d'unité de compte du FMI sera un jalon historique dans le processus de l'internationalisation du yuan, mais pour y parvenir, la Chine se fixe des limites : ne pas affecter le développement de son économie et rendre les risques éventuels contrôlables.

Comment résoudre cette équation ? Le plus important est de synchroniser la marche de l'internationalisation du yuan avec celle de l'économie chinoise.

Quand la monnaie d'un pays devient une monnaie internationale, elle devient librement convertible. Si l'économie de ce pays n'est pas suffisamment internationalisée, derrière la libre convertibilité de sa monnaie se cache un grand danger : l'impossibilité de mobiliser suffisamment de devises pour répondre à la spéculation massive à la baisse, un coup fatal pour l'économie du pays en question. C'est justement pour cette raison que la Chine ne donne pas encore le feu vert à la libre convertibilité du yuan dans le compte de capital.

Le niveau d'internationalisation économique d'un pays est conditionné par trois facteurs intimement liés au système des flux monétaires internationaux, à savoir le commerce extérieur, l'usage des investissements étrangers et l'investissement à l'étranger. Quand la valeur totale de ces trois facteurs représente un pourcentage élevé du PIB, l'économie du pays en question est alors fortement internationalisée et sa monnaie est bien intégrée dans le système des flux monétaires internationaux.

En 2014, le volume du commerce extérieur de la Chine s'est élevé à 26 430 milliards de yuans (4 200 milliards de dollars), un chiffre supérieur de beaucoup au PIB de la France pour la même année. Les principaux pays développés, dans l'Union européenne ou les Etats-Unis, sont tous des partenaires commerciaux de la Chine. L'année dernière, les investissements étrangers réellement utilisés en Chine ont atteint 736,37 milliards de yuans (120 milliards de dollars), alors que les capitaux chinois non financiers directement investis à l'étranger totalisaient 632 milliards de yuans (100 milliards de dollars). En 2014, le PIB de la Chine était évalué à 63 000 milliards de yuans (près de 10 000 milliards de dollars).

A en juger par ces chiffres, le niveau d'internationalisation de l'économie chinoise est d'environ 43 %, accusant encore un grand retard par rapport à celui des Etats-Unis, des pays de l'Union européenne et du Japon (plus de 90 %).

Actuellement, le yuan renminbi est de plus en plus utilisé sur les marchés internationaux. Selon le rapport de la Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication (SWIFT), un réseau interbancaire de transactions financières, à la date de mai 2015, 1 081 institutions financières avaient utilisé le yuan pour libeller leurs transactions avec la Chine, avec 35 % des paiements effectués en renminbi contre 29 % il y a deux ans. En mai, le yuan a continué à se classer au cinquième rang parmi les principales monnaies de paiement des transactions commerciales, avec une part de marché grimpant à 2,18 %.

Le document de la SWIFT montre que le nombre des institutions financières utilisant le yuan a augmenté de 22 % par rapport à l'année 2013 : dans la région Asie-Pacifique, il est passé de 33 % il y a deux ans à 37 % ; aux Etats-Unis, de 10 % à 37 %. Cela constitue un indice important de l'internationalisation du yuan. L'engouement croissant pour le yuan renminbi va peut-être pousser davantage d'institutions financières à intégrer le système de paiement transfrontalier en yuan que la Chine projette de lancer à la fin de cette année.

On peut dire que la monnaie chinoise fait déjà de facto office de monnaie internationale, si l'on excepte la libre convertibilité dans le compte de capital. Compte tenu du faible niveau d'internationalisation de l'économie chinoise, cette lacune ne pourra pas être comblée rapidement.

Il ne faut pas considérer l'internationalisation du yuan comme un objectif important, mais comme l'aboutissement de la croissance de l'économie réelle de Chine et de l'élévation graduelle du niveau d'internationalisation de son économie.

Avec le renforcement du commerce extérieur, l'amélioration qualitative continue de l'usage des capitaux étrangers et l'accroissement de l'envergure quantitative des investissements à l'étranger, la part du yuan sur les marchés internationaux va s'accroître de manière considérable, forçant les organismes de contrôle financier à poursuivre plus profondément et dans une plus large mesure la réforme financière. Dans une nouvelle configuration de stabilité économique, le yuan deviendra naturellement une monnaie internationale à proprement parler : librement convertible dans le compte de capital.

 

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