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Publié le 14/04/2015
La paix en Asie et les intérêts égoïstes

Lan Xinzhen

« Nous devons préserver la paix et la stabilité que nous avons durement gagnées, ainsi que la bonne tendance de développement, nous opposer aux ingérences dans les affaires intérieures et à ceux qui tentent de déstabiliser la région pour des intérêts égoïstes. »

Dans son discours du 28 mars 2015 au Forum asiatique de Bo'ao, le président Xi Jinping a de nouveau mentionné les « intérêts égoïstes ». Deux ans auparavant, il avait déjà soulevé ce point lors du Forum de 2013 : « Nous ne pouvons laisser certains déstabiliser la région, et par là-même le monde dans son ensemble, pour servir des intérêts égoïstes. »

A l'époque, les médias chinois et étrangers avaient tous tenté de deviner qui visait cette expression. Pour certains médias, il s'agissait de la Corée du Nord, du fait des tests de missiles lancés par Kim Jong-un au mépris de l'opposition internationale et de son 3ème essai nucléaire, qui provoqua de vives tensions dans la région. Pour d'autres, c'était le Japon, car le gouvernement japonais s'appliquait alors à lever l'interdiction du droit à l'auto-défense collective et à supprimer l'interdiction d'exporter des armes. D'autres enfin pensaient que c'était les Philippines qui étaient visées... ou la Russie... ou encore les Etats-Unis.

Le contenu des discours de Xi Jinping de cette année montrent que le terme « intérêts égoïstes » vise en réalité plus probablement les Etats-Unis et le Japon.

Il y a pour cela 4 raisons :

Tout d'abord, on peut d'ores et déjà écarter la Corée du Nord. Ces deux dernières années, le Corée du Nord a perdu cette nature capricieuse, qu'elle avait au début de la direction de Kim Jong-en. Le pays s'est beaucoup calmé et au vu de la situation actuelle, n'a pas la capacité de constituer une menace pour la sécurité en Asie. De même pour les Philippines, dont les manœuvres auxquelles elles s'abaissent en mer de Chine méridionale ont peu de chances d'aboutir.

Ensuite, il est possible d'écarter la Russie. D'une part, celle-ci est un pays européen et le discours prononcé par Xi Jinping concernait la sécurité en Asie. D'autre part, la Russie et la Chine entretiennent aujourd'hui une situation de bon voisinage et la Chine n'est en aucun cas inquiète d'une possible menace russe sur la sécurité en Asie.

Troisièmement, Xi Jinping dans son discours a fait une allusion particulière : « Dans le monde d'aujourd'hui, pas un seul pays n'est capable de réaliser sa propre sécurité en dehors de la sécurité à l'échelle de la planète et la sécurité édifiée sur l'insécurité d'autres pays n'existe pas. Nous devons nous débarrasser de la mentalité issue de la guerre froide et créer un nouveau concept de sécurité. Nous devons continuer à avancer sur une voie de sécurité en Asie caractérisée par une construction commune, le partage et des bénéfices mutuels. »

Les Etats-Unis sont réputés pour avoir l'habitude de placer en priorité leur propre sécurité. Pour cela, ils sont capables d'user de méthodes préjudiciables à la stabilité d'autres pays. Par ailleurs, qui aujourd'hui se complaît dans une mentalité issue de la guerre froide? Seuls les Etats-Unis recourent fréquemment à la voie militaire pour résoudre ses problèmes et seuls les Etats-Unis menacent de sanctionner les autres pays.

Enfin, qui donc peut bien menacer la sécurité en Asie, si ce n'est les Etats-Unis et le Japon ? Le Japon a récemment levé l'interdiction de l'exercice du droit à l'autodéfense collective et assouplit ses exportations d'armes. Le JDS Izumo, un destroyer porte-hélicoptères, a également été mis en service, augmentant encore ses capacités militaires. De leurs côtés, les Etats-Unis ont, depuis la mise en place de leur stratégie de retour en Asie-Pacifique, laissé se multiplier les atteintes à la sécurité en Asie. Ce « retour en Asie-Pacifique » est militaire et non économique. Près de 60 % des forces armées américaines sont déployées dans la région et tout particulièrement en Asie. De plus, c'est dans cette région que furent exécutés le plus d'exercices militaires au monde. La proximité de ces démonstrations de force ne rend pas seulement nerveux de nombreux pays, mais elle entraîne également un risque certain d'accrochages. De fait, deux navires de guerre, l'un américain et l'autre chinois, avaient bien failli se percuter en mer de Chine méridionale à la fin de l'année 2013. A cela s'ajoutent le commandant de la Septième flotte des Etats-Unis, Robert L. Thomas, qui encourage la force maritime d'autodéfense japonaise à étendre sa zone de patrouille jusqu'en mer de Chine méridionale et les pays d'Asie du Sud-Est à y mettre en place une patrouille commune avec le soutien des Etats-Unis. Ces agissements troublent et déstabilisent la région.

Dans ce contexte, Xi Jinping fut contraint de mettre en garde à plusieurs reprises : « La déstabilisation d'une région ne peut servir des intérêts égoïstes. »

L'instabilité en Asie ne pourrait de toute façon rien apporter de bon aux Etats-Unis et au Japon, bien au contraire : l'intégration économique, que ce soit entre la Chine et les Etats-Unis, la Chine et le Japon ou les Etats-Unis et le Japon, est trop avancée. Par ailleurs, les liens individuels, au niveau du tourisme, des études, du travail ou encore du commerce, sont aujourd'hui solides et profondément ancrés dans nos sociétés. Dans ce contexte, nous sommes tous liés pour le meilleur et pour le pire.

Il est donc peu probable qu'il advienne dans les relations entre la Chine et les Etats-Unis quelque chose qui puisse avoir des répercussions sur la sécurité du continent asiatique. Ces deux pays privilégient la paix et possèdent suffisamment de sagesse pour régler leurs différends, chercher les points d'entente, coexister de manière harmonieuse et réaliser un développement commun.

Il est à espérer que les mises en garde de Xi Jinping à l'encontre des personnes nostalgiques de la guerre froide seront suffisantes pour les ramener à la raison. Le peuple chinois aspire à un développement pacifique, mais la paix n'est pas une affaire concernant uniquement la Chine. La paix nécessite d'être préservée conjointement par tous les pays.

 

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