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Publié le 30/03/2015
Un rêve chinois pour l'Asie-Pacifique

Xiao Yan

Le 29 novembre 2012, lorsque Xi Jinping avança pour la première fois le concept de « rêve chinois », tout le monde a immédiatement compris que son gouvernement serait caractérisé par la volonté de construire un consensus et de stimuler l'esprit national. Le président chinois a esquissé un plan de renforcement national, dans lequel la nation chinoise œuvre ensemble au grand renouveau de la Nation. Deux années se sont écoulées depuis et sa gouvernance énergique et percutante a obtenu une reconnaissance générale. Sur le plan de la lutte contre la corruption, de l'approfondissement des réformes et de la diplomatie, ses résultats ont été audacieux et ostensibles. Le « rêve chinois » est apparu comme n'étant ni un terme obscur ni de simples paroles en l'air, mais un projet dont les grandes lignes sont chaque jour un peu plus claires.

En réalité, il est évident pour tout le monde que le « rêve chinois » proposé par Xi Jinping ne peut pas se réaliser indépendamment du développement dans le reste du monde. Pour le président chinois, l'approfondissement de la coopération et des échanges internationaux est une condition nécessaire à la réalisation de ce « rêve chinois », qui incarne la stratégie chinoise de développement pacifique dans le monde d'aujourd'hui.

L'identité géopolitique de la Chine est multiple, mais c'est en premier lieu un pays d'Asie-Pacifique, qui n'a qu'une seule ligne côtière. Pour cette raison, la région occupe une place particulièrement importante dans les échanges de la Chine avec l'extérieur. Aujourd'hui, le PIB chinois compte pour 1/4 de l'agrégat économique de la région, et parmi les 10 principaux partenaires commerciaux de la Chine, 8 sont des pays d'Asie-Pacifique. Et enfin, ce sont les visites de Deng Xiaoping à plusieurs pays d'Asie-Pacifique, comme le Japon, la Thaïlande, Singapour et les Etats-Unis, qui initièrent la politique de réforme et d'ouverture il y a 36 ans. Le « rêve chinois » de connexion avec le monde se tourne ainsi prioritairement vers l'Asie-Pacifique.

En novembre 2014, Beijing organisa la réunion informelle des dirigeants de l'APEC. Au cours de la cérémonie d'ouverture, Xi Jinping lança un appel clair à l'édification commune et multilatérale de partenariats tournés vers l'avenir en Asie-Pacifique : « Nous avons la responsabilité envers les populations locales de créer et de réaliser un rêve pour les l'Asie-Pacifique. Ce rêve insiste sur l'idée que l'Asie-Pacifique forme une grande famille et partage un destin commun dans ses efforts partagés pour la prospérité et le progrès. Il s'agit de continuer à être le moteur du développement mondial et de contribuer de manière toujours plus importante au bien-être de l'humanité. Il s'agit de donner à l'économie plus de vitalité, au commerce plus de liberté, et aux investissements plus de facilités. Il s'agit d'ouvrir de nouvelles voies et de renforcer les interactions humaines. Cela, afin de donner aux peuples une vie plus paisible et prospère. »

Le « rêve pour l'Asie-Pacifique », ce n'est pas seulement la mise en place d'une diplomatie publique chinoise. C'est aussi un projet stratégique systématique substantiel et un programme de socialisation, qui utilise l'intégration économique locale comme plateforme principale. Au cours de la réunion informelle de l'APEC de Beijing, Xi Jinping a présenté sa feuille de route sur la zone de libre-échange de l'Asie-Pacifique (FTAAP) et reçut un soutien sans équivoque de la part d'une vingtaine de pays. Ces dernières années, la Chine s'est fortement impliquée dans l'initiative des nouvelles Routes de la Soie et dans l'interconnectivité en Asie-Pacifique. Elle a proposé la création d'une Banque asiatique d'investissements pour les infrastructures financée par 21 pays membres à hauteur de 100 milliards de dollars, et elle a promu de manière active sa diplomatie monétaire, faisant du yuan la 2ème monnaie la plus utilisée en finance internationale après le dollar. Par ailleurs, les pays et régions d'Asie-Pacifique ont participé pour 1/3 des accords bilatéraux de swap de devises réalisés jusqu'à présent par la Chine, et pour 2/3 des signatures ou négociations substantielles des accords de libre-échange.

C'est la raison pour laquelle, il serait erroné de penser que le rêve d'Asie-Pacifique serait un rêve d'hégémonie menant in fine à l'expansion militaire. La Chine n'a pas cette intention et la complexité et la diversité de cette région n'autorise pas l'émergence d'un hégémonisme qui serait latent.

Bien entendu, il est inévitable que l'influence grandissante de la Chine dans cette région touche aux intérêts des Etats-Unis. Face à cet essor, l'administration Obama a décidé de concentrer clairement sa stratégie internationale sur l'accélération d'un « rééquilibrage vers l'Asie-Pacifique », souhaitant faire du 21e siècle celui du « Pacifique américain » et provoquant de nombreux accrochages avec la Chine. Le deuxième mandat de l'administration Obama réduisit l'ampleur de ses ajustements stratégiques en Asie-Pacifique et tenta d'apaiser les tensions avec Beijing. En avril 2013, juste après sa prise de fonctions en tant que secrétaire d'Etat des Etats-Unis, John Kerry initia une tournée en Asie. A Beijing, il fit savoir que les Etats-Unis étaient prêts à participer au « rêve chinois ». Lors d'un discours à Tokyo, il annonça par ailleurs que les Etats-Unis pourraient définir un « rêve pour la région Pacifique », créer un « partenariat pour un avenir commun » et « transplanter [leurs] valeurs les plus fortes dans une coopération sécuritaire, économique et sociale ».

Un an et demi plus tard, le rêve américain pour le Pacifique n'apparaît plus que rarement sur les lèvres des officiels américains, mais l'administration Obama n'a pas stoppé pour autant sa stratégie de réorientation vers la région. Les Etats-Unis attachent une grande importance à leurs relations avec la Chine et se trouvent être de facto son partenaire dans de nombreux domaines, que ce soient les problèmes régionaux, les questions économiques ou le changement climatique.

Certaines rivalités subsistent bien évidemment sur le plan économique et militaire. Sous la direction des Etats-Unis, les négociations se sont intensifiées entre les 12 pays concernés par le partenariat transpacifique (TPP), qui exclut jusqu'à présent la participation de la Chine. Il s'agirait de l'une des raisons pour lesquelles la Chine propose activement le concept de zone de libre-échange en Asie-Pacifique, plus large que son homologue américain. En mer de Chine méridionale, la Chine observe de façon vigilante la tendance des Etats-Unis aux disputes territoriales, espérant maintenir dans leur giron les pays de l'ASEAN.

Le centre de gravité du développement international se déplace de plus en plus rapidement vers l'Asie-Pacifique. Lorsque les rêves des deux superpuissances chinoise et américaine s'y rencontreront, leur compatibilité et leur coopération mutuelle influenceront, dans un sens ou dans l'autre, l'avenir de la région et du monde entier. Si la Chine et les Etats-Unis en viennent à glisser vers une rivalité généralisée, de nombreux pays de petite et moyenne taille seront contraints de prendre parti. La région s'engouffrera dans une nouvelle guerre froide et se détournera du cœur de son agenda, à savoir l'ouverture et le développement.

Le rêve chinois n'est pas le rêve américain, mais les deux ont des dénominateurs communs, dont le plus important est leur aspiration à la paix, à la stabilité et à la prospérité dans la région. La Chine et les Etats-Unis doivent, à partir de leurs rêves respectifs, trouver des points d'entente et de convergence. Il s'agit d'établir, dans une relation de concurrence et de coopération, une situation de stabilité et de prospérité sur le long terme, et de parvenir à réaliser un « rêve pour le Pacifique » appartenant véritablement aux populations de cette région. La principale entrave à cette réalisation est la suspicion mutuelle, que nourrissent la Chine et les Etats-Unis à leur encontre. Celle-ci apparaît sous la forme de tendances idéologiques biaisées, comme le « péril jaune » et le « conspirationnisme américain ». Ce problème doit être résolu par un dialogue stratégique continu, ainsi qu'une coopération constructive mutuellement bénéfique.

Lorsqu'il rencontre des dignitaires américains, Xi Jinping manque rarement de le rappeler : « Je reste persuadé que le Pacifique est assez grand pour nos deux pays. » En juin 2013, lors d'un déplacement aux Etats-Unis, il avait proposé formellement de bâtir entre les grandes nations des relations d'un nouveau type, caractérisées par la non-confrontation, la non-agression, le respect mutuel et l'esprit gagnant-gagnant. Cette proposition avait été accueillie favorablement par Barack Obama, qui avait répondu de façon positive. Il s'agit là d'un appui important pour la réalisation du rêve pour l'Asie-Pacifique. En novembre 2014, lors d'une visite du président américain en Chine, les deux présidents ont réaffirmé cette orientation et insisté sur le besoin de continuer les efforts dans cette direction. Au cours de cette visite, les deux parties étaient parvenues à conclure des négociations étendues pour l'Accord sur les technologies de l'information (ITA) et à s'accorder sur la facilitation des procédures d'obtention des visas de tourisme et d'affaires pour leurs citoyens respectifs. Ils acceptèrent également de renforcer encore les mécanismes de coopération militaire, et de coopérer sur les grands sujets internationaux, comme la lutte contre Ebola, contre les extrémismes terroristes et contre les changements climatiques.

 

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