« Industrie 4.0 » : une opportunité pour la Chine |
Lan Xinzhen Le concept « Industrie 4.0 », proposé par l'Allemagne, désigne les systèmes cyber-physiques qui font interagir ressources, informations, produits réels et individus dans le secteur manufacturier. C'est aussi ce que les Allemands appellent la quatrième révolution industrielle. Le « programme d'action pour la coopération sino-allemande » signé en octobre 2014 va permettre de renforcer la collaboration entre les deux pays dans ce domaine. Le concept correspond en quelque sorte à l'informatisation de l'usine et à la personnalisation de la production, dont l'objectif est la mise en place d'unités de production dites « intelligentes », grâce à l'interconnexion des individus, des machines et des produits. L'« Industrie 4.0 » illustre la tendance actuelle dans l'évolution des processus de fabrication et ouvre la voie de l'optimisation industrielle en Chine. La Chine a manqué les trois premières révolutions industrielles : le développement de la machine à vapeur et de la mécanisation à partir du XVIIIe siècle, puis la seconde vague symbolisée par l'utilisation de l'électricité au début du XXe siècle et enfin l'automatisation massive dans les années 1970. La Chine va maintenant jouer un rôle d'acteur et de promoteur et ne pas laisser passer les opportunités à l'aube de cette nouvelle révolution industrielle. Le secteur manufacturier chinois a en effet besoin de l'« Industrie 4.0 ». Selon les statistiques du ministère de l'Industrie et des Technologies de l'information pour l'année 2013, la Chine a fabriqué pour plus de 20 mille milliards de yuans d'équipements (plus de 33% de la production mondiale), généré 120 millions de kW d'électricité (60%), construit des navires d'un tonnage total de 45,34 millions de tonnes (41%), produit 22,12 millions d'automobiles (25%) et 959 mille machines-outils (38%). Sur plus de 500 catégories de produits industriels fabriqués en Chine, plus de 220 se classent au premier rang mondial en termes de quantités produites. En 2013, le secteur manufacturier chinois représente 37 % du PIB, fournissant 25 % des emplois du pays. Si le secteur manufacturier chinois affiche des chiffres substantiels, il n'est pas puissant car les technologies clés sont aux mains des pays occidentaux. C'est seulement en termes de prix que les produits chinois sont compétitifs sur les marchés internationaux. Après la crise financière, les Etats-Unis ont effectué un virage vers l'économie réelle et le Made in China est devenu moins attractif. A cela s'ajoutent divers facteurs négatifs comme la disparition du dividende démographique, la diminution du nombre d'actifs, la hausse du coût de la main-d'œuvre et un moindre attrait des plus jeunes pour le secteur industriel. Transformer le Made in China en Created in China et améliorer la compétitivité des produits chinois dans le monde sont deux axes importants pour le gouvernement et les entreprises du pays. C'est à ce niveau que l'« Industrie 4.0 » peut jouer un rôle. Actuellement, un grand nombre d'entreprises chinoises ont encore recours au processus traditionnel de production. Dans les industries à forte intensité de main-d'œuvre, la production à la chaîne, un modèle en aval dans le secteur de la fabrication, n'a pas encore libéré les ressources humaines. Avec l'augmentation du coût de la main-d'œuvre et la disparition du dividende démographique, la fabrication chinoise fait face à des contraintes croissantes en raison de l'insuffisance des ressources humaines. Il est donc nécessaire de transformer les usines traditionnelles en usines intelligentes. En fait, depuis ces dernières années, certaines entreprises chinoises ont déjà exploré avec succès certaines possibilités d'intégration avec les sociétés internet. L'usage d'internet à des fins industrielles permet aux entreprises d'améliorer leur production en termes d'efficacité et de qualité et de se lancer dans la restructuration et l'optimisation. La Chine doit satisfaire à la demande des entreprises dans ce domaine. Quant à l'« Industrie 4.0 », la Chine et les pays occidentaux partent des mêmes bases. Le concept est double, à savoir l'usine intelligente et la production intelligente. L'« Industrie 4.0 » cherche à attirer la participation des PME et à faire de ces dernières non seulement des utilisateurs et des bénéficiaires des techniques de production intelligentes de nouvelle génération, mais aussi des créateurs et des fournisseurs de technologies industrielles avancées. On peut en conclure que la base de l'« Industrie 4.0 » est l'internet des objets et la datamasse. Dans ce domaine, la Chine n'accuse aucun retard par rapport à l'Occident, car le pays possède le plus grand ordinateur capable des calculs les plus rapides au monde ainsi que la première entreprise mondiale d'information électronique. En même temps, la Chine renforce le soutien des technologies clés comme les composants et les puces haut de gamme ainsi que l'usage de nouvelles technologies telles que l'informatique en nuage et la datamasse. Bien sûr, pour entrer dans l'ère de l'« Industrie 4.0 », il faut résoudre un certain nombre de difficultés comme la question des normes. Pour intégrer les divers processus avec l'internet, il est nécessaire d'avoir les mêmes normes. La sécurité des réseaux est aussi un problème épineux à régler. Toute unité de production connectée avec l'extérieur sera en effet confrontée à des risques croissants venus de logiciels malveillants et d'attaques virtuelles qui peuvent asséner des coups décisifs à l'« Industrie 4.0 ». Les scientifiques et entrepreneurs chinois pourront sans l'ombre d'un doute surmonter ces difficultés afin de permettre à la Chine d'être aussi compétitive que l'Occident dans la fabrication intelligente, voire même de jouer un rôle de leader au lieu de toujours rattraper un retard.
Beijing Information |