La zone de libre-échange de Shanghai, un an après |
Lan Xinzhen, commentateur Il y a un an, le 29 septembre, la zone de libre-échange de Shanghai (ZLE) était inaugurée. S'étendant sur une superficie de 28,78 kilomètres carrés, la zone, saluée comme « un nouveau sommet dans la réforme en Chine », a déjà attiré l'attention d'innombrables entreprises chinoises. Au bout d'un an, tout le monde est curieux d'en connaître les réalisations, de savoir quels projets peuvent être reproduits et appliqués à une plus grande échelle, quels projets peuvent s'aligner davantage sur l'international, mais aussi quels sont ceux qui ont rencontré des difficultés. Pour répondre à ces questions, un organisme tiers formé par le gouvernement a été chargé de préparer un rapport d'évaluation. Si l'on peut résumer les résultats obtenus par la ZLE après une année d'activité, on ne doit pas utiliser de simples statistiques, comme par exemple le nombre de projets qui peuvent être généralisés ou le nombre d'entreprises dans la ZLE, voire même les chiffres sur le volume de marchandises dédouanées. Enregistrés dans la première zone pilote de libre-échange de Chine, ces résultats doivent servir de base pour savoir si le système de gestion fonctionne et peut être amélioré. Tout d'abord, il faut établir clairement si en un an, l'établissement de la ZLE a bien tenu ses promesses. La création de la ZLE et les expérimentations réalisées avaient pour but de parvenir à remettre à niveau l'économie chinoise. Pour cette raison, la ZLE joue un rôle expérimental et exploratoire. Sa fonction est différente des mesures de réforme et d'ouverture mises en place en Chine actuellement. Mis à part ces mesures, ce qui est extrêmement important, c'est l'ouverture de l'industrie des services dans la ZLE. Dans le plan directeur soumis par le Conseil des affaires d'Etat de Chine pour la ZLE, une liste positive a été validée pour l'ouverture de six domaines et 18 départements gouvernementaux. L'accent est mis sur la nécessité d'explorer et de transformer les fonctions gouvernementales, de l'enregistrement des activités commerciales à l'approbation des entreprises étrangères et aux méthodes de gestion de la liste négative. Il faut explorer et accumuler les expériences dans la mise en place de la réforme, notamment en harmonisant et en unifiant les modalités règlementaires dans de nombreux départements de supervision, en avançant un peu plus dans la réforme, et forcer la réforme du système économique en Chine. Tous ces essais sont une première et de ce fait, il faut établir de nouvelles normes qui leur correspondent, sans quoi les effets de l'expérimentation et de l'exploration ne pourront pas voir jour, ne pourront pas servir de référence et de soutien à l'actualisation de l'économie chinoise. En matière de réglementation, les réalisations de la ZLE sont importantes. Elle a permis l'accumulation d'expériences en termes de pratiques, et les avancées sont substantielles pour certains mécanismes, notamment dans la gestion des investissements, la supervision du commerce international et l'innovation dans la libéralisation financière, où les résultats sont les plus saillants. Rien que pour cela, cette année aura été satisfaisante. Ensuite, nous devons clairement établir si au cours de l'année passée, la ZLE a passé le test d'une ouverture plus grande, plus profonde, de la Chine vis-à-vis de l'étranger. Si la réponse est négative, il faut en connaître les causes ; si elle est positive, il faut en dresser le bilan. La raison pour laquelle cela est nécessaire, c'est que la ZLE endosse une responsabilité historique. Bien que le développement de l'économie chinoise ait attiré les regards du monde entier au cours de seulement 30 années de politique de réforme et d'ouverture, le pays n'est pas complètement adapté à un système de marché libéralisé. Actuellement, les Etats-Unis jouent un rôle dominant dans le PTP, le Partenariat transpacifique de libre-échange. Dans le même temps, avec la libéralisation du commerce mondial, ils établissent et reconfigurent de nouveaux principes internationaux pour le commerce et les investissements. Ces principes seront probablement bénéfiques pour la Chine, mais pas nécessairement. Il est encore difficile de savoir si la Chine pourra s'adapter à ces principes ou si elle en sera exclue. Il faut donc savoir si la Chine peut ou non s'adapter à une libéralisation plus large et plus profonde du commerce international. C'est la grande responsabilité qu'endosse la ZLE : explorer l'élargissement de la libéralisation des services, explorer les méthodes de gestion de la liste négative notamment. Telles sont les questions auxquelles le pays fait face alors que se déroulent les négociations pour l'intégration du commerce régional avec d'autres entités économiques. D'abord procéder à des essais dans une zone consacrée, et même s'il y a des problèmes, ils peuvent être circonscrits et on peut en retirer une expérience. Dans le processus d'intégration, la Chine n'en sera que mieux préparée aux défis. Les réalisations de la ZLE sur ce dernier point ne sont pas vraiment suffisantes. Ce qui a été surtout pointé du doigt est sans doute la longueur exagérée de la liste négative. Lors de l'inauguration de la ZLE, la version 2013 de la liste négative a été promulguée. Elle concernait 18 catégories, réparties en 89 classes, 419 sous-classes et 1069 subdivisions, ainsi que 190 mesures de gestion. Une telle liste exhaustive n'est pas propice à l'approfondissement et à l'élargissement de l'ouverture. Bien que la liste négative de cette année promulguée le 1er juillet compte 51 éléments de moins, la situation n'a pas réellement changé. On ne peut cependant pas en rejeter la faute aux initiateurs de la ZLE. En raison de considérations qui regardent la sécurité de l'économie nationale, personne ne peut effectuer une libéralisation d'un seul coup. Pour la Chine, il vaut mieux raison garder que de s'empresser. Sur ce point, donc, nous pouvons seulement dire que dans le processus exploratoire, il reste encore des questions à régler rapidement dans le système de la liste négative et qu'il faut accélérer le pas pour en améliorer la gestion. La ZLE a donc une responsabilité importante en tant que test d'envergure dans la prochaine série de réforme du système de gestion gouvernemental et dans l'ouverture vis-à-vis de l'étranger de l'économie chinoise. Les facteurs complexes qui concernent la mise en place de la réforme et l'ouverture sont plus nombreux que la simple libéralisation du commerce international. Nous ne pouvons pas exiger que cela se fasse trop vite, mais il ne faut pas que cela soit trop lent non plus. Nous souhaitons que la ZLE contribue au développement stable et sain de l'économie chinoise.
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