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Publié le 26/08/2014
Hommage à la culture tibétaine au Musée du yak

de notre journaliste Zeng Wenhui

« Là où il y a des Tibétains, il y a des yaks. Et là où il n'y a pas de yak, il n'y a pas de Tibétain ». Cette expression du dixième Panchen Lama figure en tibétain, en chinois et en anglais à l'entrée du premier musée au monde dédié aux yaks, à Lhassa.

Galerie des yaks (Crédits photo : Zeng Wenhui)

Avec près de 110 millions de RMB investis, ce musée s'étend sur 10 000 mètres carrés et a ouvert ses portes le 18 mai dernier. Pour Wu Yuchu, qui est à l'origine du projet, il s'agit plutôt d'un musée anthropologique qui se base sur le yak, un animal qu'il décrit succinctement comme étant « simple, loyal, compatissant, persévérant, brave et énergique ».

Lorsqu'il fut diplômé en 1976, Wu Yuchu choisit de partir dans le xian de Nagchu, une division administrative reculée du Tibet. Il y resta jusqu'en 1991, date à laquelle il rentra à Beijing pour son travail. Il continua cependant à retourner au Tibet une fois par an. Son expérience lui apporta non seulement une profonde compréhension de la culture tibétaine mais aussi une certaine affection pour le yak, un animal omniprésent chez les Tibétains.

Un jour, lui et ses collègues avaient organisé un convoi d'une vingtaine de voitures pour apporter des matériaux résistants aux tempêtes de neige sur leur lieu de travail, dans le xian de Ngari. Il neigeait fortement ce jour-là et le col qu'ils devaient emprunter avait été rendu infranchissable par les quatre mètres de neige qui étaient tombés. Le convoi se retrouva rapidement bloqué dans la montagne d'Ayila. Lorsque les autorités en furent informées, elles tentèrent de leur envoyer des ravitaillements par voiture et par cheval, mais leur tentatives se soldèrent toutes par un échec. Finalement, ils chargèrent des yaks, qui eux, réussirent à se frayer un chemin dans la neige. « En voyant les yaks arriver, de nombreuses personnes se sont mises à pleurer. Ce jour-là, ils nous ont sauvés la vie. »

Visite guidée au musée du yak (Crédits photo : Zeng Wenhui)

C'est en 2010 que Wu Yuchu eut l'idée de construire un musée sur les yaks. A cette époque, le gouvernement chinois préparait une nouvelle série de travaux d'aide pour le Tibet, parmi lesquels un centre sportif à Lhassa. Une nuit, ce musée lui apparut en rêve et il commença dès lors à promouvoir ce projet. Lorsque celui-ci fut finalement accepté, Wu Yuchu quitta son poste de président du Conseil d'administration du Beijing Publishing Group et malgré ses 60 ans passés, il se lança corps et âme dans ce projet.

Pour lui, les yaks sont un élément indispensable de la culture tibétaine : « La plupart des gens pensent que la culture tibétaine se résume à la religion, mais ce n'est pas le cas. Malgré son importance, il ne faut pas oublier que l'élevage et le nomadisme font aussi partie des spécificités de la culture tibétaine et ce sont elles, que le musée tentent de préserver. »

Une des tâches les plus difficiles mais aussi les plus importantes de cette représentation culturelle était d'en trouver le symbole. Les yaks portent avec eux la culture et l'histoire du Tibet. Leur existence est bien antérieure au bouddhisme tibétain et leur présence, plus largement répandue. Ils sont de fait particulièrement représentatifs de la population tibétaine.

Le jour de son ouverture au public, le musée a attiré plus de 1 000 visiteurs. L'un d'entre eux, qui avait plus de 80 ans, ne cessait de répéter les yeux remplis de larmes : « Magnifique ! C'est magnifique ! »

Cette approbation du musée par la population locale a rassuré Wu Yuchu. Lorsqu'il leur avait présenté ce projet, il n'avait pas parlé de « musée » mais de « yapozhang », un terme tibétain qui signifie « palais du yak ». Il avait ainsi gagné un soutien chaleureux de la part des éleveurs locaux. L'un d'eux a mobilisé sa famille pendant plusieurs mois pour confectionner une tente en poils de yaks et voyagé pendant 3 jours pour l'apporter à Lhassa. Il n'a voulu recevoir en échange aucune compensation financière. Un autre a voyagé pendant deux jours pour apporter un kayak en peau de yak, ainsi que des articles manufacturés. Et lui non plus n'a pas voulu recevoir d'argent.

Wu Yuchu a souhaité laisser l'entrée gratuite. Il espère ainsi que les Tibétains s'approprieront ce musée et en feront un lieu d'échanges et d'apprentissage. Il espère aussi montrer au monde le vrai visage du Tibet et des Tibétains.

 

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