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Publié le 25/08/2014
La réduction ciblée du taux de réserves obligatoires doit être provisoire

Lan Xinzhen

Afin de stimuler l'économie nationale, la Banque centrale de Chine a adopté des mesures de réduction ciblée du taux des réserves au profit de maillons faibles de la chaîne des services financiers, à savoir le secteur agricole qui regroupe le sannong (agriculture, fermiers et régions rurales) et les petites et microentreprises. Les banques commerciales concernées connaîtront une réduction de leur taux de réserves afin de libérer davantage de capitaux qui seront alloués aux crédits.

A en juger par la vitesse de la croissance économique, on peut conclure que la politique de réduction ciblée commence à produire des effets. Au deuxième trimestre de cette année, le rythme de croissance a cessé de chuter, rebondissant de 0,1 point de pourcentage par rapport au trimestre précédent. Certains ont même proposé d'accroître l'ampleur de cette mesure, voire même une réduction cilblée des taux d'intérêt.

Les prévisions du marché sont optimistes car de plus en plus d'entreprises vont bénéficier de la politique de réduction du taux de réserves. Nous estimons cependant que cette mesure doit être temporaire et qu'il faut éviter de l'appliquer sur une longue période.

Tout d'abord, quand un pays établit sa politique monétaire, c'est la quantité totale de monnaie qui est prise en compte plutôt que le degré de difficulté d'accès au crédit dans certains secteurs ou la nécessité de l'octroi d'une aide spécifique à d'autres. La masse monétaire est actuellement suffisante en Chine. Selon les statistiques de la banque centrale, à la fin du mois de juin de cette année, M2 s'élevait à 121 000 milliards de yuans, soit trois fois plus que pour la même période de 2008, et dix fois le PIB en 2013. Bien que la politique de réduction ciblée ne s'applique qu'à certaines banques commerciales, elle aura un certain impact sur la masse monétaire.

Dans les faits, la banque centrale, en adoptant une réduction ciblée et non pas générale du taux de réserves, a clairement indiqué ses états d'âme devant le problème de la masse monétaire. En 2008, le gouvernement chinois avait mis en place un programme de relance de 4 000 milliards de yuans afin de résister au choc de la crise financière internationale. Cela avait engendré une pression inflationniste en raison de l'augmentation de la quantité de monnaie.

Certes, une mesure de réduction ciblée peut produire un effet de stimulation dans l'immédiat, mais elle risque de se répercuter sur la masse monétaire et sur l'application de la politique économique si elle devait se poursuivre sur une longue période.

Deuxièmement, dans un contexte où la liquidité est suffisante sur le marché chinois, les difficultés que rencontrent les petites et microentreprises et les sociétés liées à sannong pour emprunter relèvent de la structure même des secteurs économiques. Le « Rapport sur l'exécution de la politique monétaire chinoise pendant le deuxième trimestre » publié le 1er août par la banque centrale l'a confirmé. D'après ce document, au premier semestre de cette année, les financements des institutions financières ont en effet atteint le record historique de 10 570 milliards de yuans, soit une augmentation de 414,6 millions de yuans en glissement annuel.

La mesure de réduction ciblée joue notamment un rôle d'orientation afin de faire affluer les capitaux vers les secteurs que nous avons mentionnés, ainsi que vers les logements sociaux. Il y a cependant des problèmes liés à l'assouplissement monétaire ciblé avec l'injection de liquidités excédentaires. La reprise économique au deuxième trimestre est en effet due à un effet de stimulation. A en juger par les chiffres du premier semestre, les fonds réunis auprès des institutions financières ont établi un nouveau record historique. Si la banque centrale décide de poursuivre la réduction ciblée à long terme, le problème de la masse monétaire se posera de nouveau, et le marché financier sera confronté à des risques d'endettement plus élevés.

Troisièmement, La réduction ciblée n'est qu'une mesure administrative, pas une mesure de marché. Si cette politique se poursuit d'année en année, elle aura un impact sur le processus décisionnel des banques commerciales concernées et le marché financier subira les interférences du pouvoir exécutif. Il faut donc éviter d'être trop optimiste devant les effets produits par la réduction ciblée.

Pire encore, si cette politique perdure, le marché sera de moins en moins capable d'orienter le flux des capitaux, ce qui aura des conséquences sur la fonction même des réserves obligatoires, un des instruments de la politique monétaire souvent utilisé.

Il faut compter sur le marché pour soutenir le développement de sannong et des petites et microentreprises. Ainsi, si la culture céréalière est rentable, l'argent affluera naturellement vers le secteur agricole ; si les PME chinoises sont aussi attrayantes que les entreprises situées à Silicon Valley, elles emprunteront facilement. A vrai dire, le développement de sannong et des PME tient davantage aux débouchés qu'à des mesures administratives de soutien.

Actuellement, le caractère irrationnel du système économique et bancaire chinois provient de graves déformations dans le mécanisme de fixation des prix sur le marché financier, et non pas d'un problème d'excès ou d'insuffisance des flux de liquidités dans certaines branches ou entreprises. Si la politique de réduction ciblée ne tient pas compte des anticipations en termes de politique monétaire et ne prend pas en considération le rôle décisif joué par les instruments de politique monétaire, elle risquera de susciter un nouveau cycle d'expansion excessive des crédits.

Pour ces raisons, le signal envoyé par ces mesures de réduction ciblée est évident et il n'est pour le moment pas nécessaire de les pousser plus en avant. Il faut encore s'appuyer sur la réforme des mécanismes et du système pour garantir le développement durable et stable de l'économie à long terme. La politique monétaire de la banque centrale doit actuellement se baser davantage sur la flexibilité des opérations d'open-market, sur l'ajustement des flux de liquidités, sur le maintien d'un niveau raisonnable de masse monétaire et sur la garantie de stabilité des liquidités sur le marché. Toutes ces mesures sont plus importantes que la réduction ciblée du taux de réserves.

 

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