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Publié le 01/08/2014
Nouvelles opportunités commerciales entre la Chine et l'Amérique latine

Sun Yanfeng

 

L'Amérique latine possède des atouts uniques, des ressources naturelles à profusion, un marché immense, une structure industrielle relativement éprouvée et une population en âge de travailler abondante. Grâce à une situation régionale relativement stable ces dernières années, le développement économique et social a connu une progression continue. L'Amérique latine est par conséquent devenue une destination stratégique privilégiée pour les entreprises chinoises. Dans les faits, le partenariat commercial entre la Chine et l'Amérique latine a fait des progrès considérables : la région sera à l'avenir un partenaire commercial stratégique incontournable.

Le plus important partenaire commercial complémentaire de la Chine

Les structures économiques et le stade de développement de l'économie de la Chine et de l'Amérique latine sont extrêmement complémentaires. L'Amérique latine est le principal fournisseur de ressources naturelles et énergétiques de la Chine, alors que la Chine est le premier fournisseur d'installations électromécaniques, d'appareils électriques et de produits de l'industrie légère. Dans le même temps, le marché des investissements présente le potentiel le plus important pour les deux partenaires.

Tout d'abord, la Chine est le principal marché de consommation pour les produits agricoles et d'élevage d'Amérique latine, avec notamment des pays comme le Brésil, l'Argentine, le Chili et le Mexique, où ces produits constituent les principales exportations. Par exemple, la production annuelle de soja atteint près de 100 millions de tonnes au Brésil, plus de 40 millions de tonnes en Argentine. Par ailleurs, le bœuf argentin et brésilien, le porc mexicain et les produits de la mer chiliens sont non seulement de qualité supérieure, mais leur rendement est excellent. Avec l'amélioration des conditions de vie des Chinois et les modifications dans leur régime alimentaire,  la Chine est devenu le débouché le plus important pour les produits agricoles et d'élevage d'Amérique latine. La Chine est ainsi devenue le premier client du Brésil et de l'Argentine pour le soja, et présente le potentiel le plus important pour les viandes, les farines de poisson, le vin et l'huile de soja. Récemment, la société chinoise COFCO a acquis la société néerlandaise Nidera, spécialisée dans le négoce de céréales, pour mieux coordonner la capacité de production agricole en Amérique latine et les besoins du marché chinois.

Par ailleurs, la Chine est le client le plus important de l'Amérique latine pour les ressources naturelles. Les réserves y sont abondantes. Le Brésil est le premier producteur et exportateur mondial de limaille de fer et le pays se classe dans les dix premiers au monde pour ses réserves pétrolières en eaux profondes. Le Chili est le premier producteur et exportateur mondial de minerai de cuivre, le Venezuela et le Mexique se classent parmi les dix premiers au monde pour la production de pétrole et les réserves pétrolières. La Chine, « l'usine du monde », a besoin de sources d'approvisionnement stables en Amérique latine tout en  nouant des relations étroites en termes d'offre et de demande. Ces dernières années, PetroChina, SINOPEC et la CNOOC notamment, trois géants chinois du pétrole, ont non seulement pris des participations au Brésil, au Venezuela, en Argentine et en Equateur notamment, mais participent directement à des appels d'offre pour accroître leur présence en Amérique latine. De plus, de telles opérations dans le secteur pétrolier participent à la réforme notamment au Mexique et en Colombie, ce qui donne à la coopération dans ce domaine une plus grande envergure. 

Enfin, la Chine est le premier partenaire de l'Amérique latine pour la construction d'infrastructures de base. Avec le développement de la région apparaissent les déficiences dans les infrastructures de base. Chaque pays a ces dernières années construit des ports, des aéroports, des lignes de chemin de fer, des routes, mais aussi des raffineries de pétrole, des oléoducs, des centrales électriques, etc. Les investissements dans les infrastructures de base ont même contribué à sortir le Brésil de l'impasse économique. Depuis l'année dernière, en vue de la Coupe du monde de football, les aéroports ont été rénovés et améliorés, et à l'avenir, la rénovation de routes, de lignes de chemin de fer et de ports et la construction de nouveaux projets vont nécessiter la participation de capitaux et d'entreprises chinoises.  En Argentine, où il existe une pénurie énergétique et où les chemins de fer sont obsolètes, les sociétés chinoises peuvent investir dans la production d'électricité et dans les transports. La construction de deux centrales hydroélectriques est prévue dans le sud du pays pour un investissement total de plus de quatre milliards de dollars. Il y a aussi d'autres projets comme notamment la transformation du réseau de chemin de fer interurbain dans la capitale dont la valeur contractuelle atteint plusieurs centaines de millions de dollars. Le projet d'intégration d'Amérique du Sud, un projet herculéen visant l'interconnexion de routes, de chemins de fer, de télécoms et d'oléoducs, nécessitera l'expertise et les capitaux chinois.

 Quelques défis restent à relever

Certains problèmes difficiles à résoudre sur le court terme pèsent néanmoins sur le partenariat économique et commercial entre la Chine et l'Amérique latine.  

Tout d'abord, le partenariat dans sa forme traditionnelle ne peut répondre aux besoins des relations actuelles entre la Chine et l'Amérique latine dans leur ensemble. Ces dernières décennies, notamment au cours des années 2000, les échanges commerciaux ont fait un bond spectaculaire, passant de 26,8 milliards de dollars en 2003 à 261,5 milliards en 2013. Le rythme de croissance ralentit néanmoins, passant de 20 à 30% dans la période 2003-2005 à 0,1% en 2013. Les raisons de ce manque de dynamisme sont nombreuses. Il y a en premier lieu le ralentissement de l'économie mondiale, notamment en Chine, entraînant la baisse de la demande en produits de consommation courante. Par ailleurs, les pays d'Amérique latine ont procédé à la transformation de leurs appareils de production en accélérant la production industrielle pour introduire une « réindustrialisation », protéger les marchés nationaux, limiter les importations de produits industriels. Certains pays ont progressivement accru les mesures protectionnistes, notamment des mesures anti-dumping à l'encontre des produits chinois. Des économistes latino-américains ont même souligné que les exportations vers la Chine reposaient à 80% sur des produits non transformés, alors que la Chine exportait principalement des produits manufacturés et que par conséquent, les relations se transformaient en opposition « nord-sud ». Un tel constat montre le souhait de modifier la donne dans la structure des échanges entre la Chine et les pays d'Amérique latine.  

Deuxièmement, la compréhension et la connaissance mutuelles ne sont pas suffisantes. Les experts ne sont pas nombreux. Hormis la distance, les régimes politiques, la société et la culture, les langues sont très différentes. L'Amérique latine est composée de 33 pays et chacun possède des caractéristiques propres. Ces dernières années, on a constaté un intérêt accru pour l'Amérique du Sud et l'espagnol en Chine, et réciproquement, un intérêt pour la Chine et le chinois dans ces pays, mais la compréhension mutuelle et la formation d'experts ne répond toujours pas aux besoins liés au développement des relations entre les parties. Beaucoup d'entreprises chinoises n'ont pas une connaissance suffisante des conditions locales quand elles investissent, notamment dans les procédures administratives et les recours légaux, en termes d'enregistrement et de gestion, de relations avec le personnel, de protection de l'environnement, ou de fiscalité. Elles ne se sentent pas assurées dans leurs relations avec les syndicats, les communautés indigènes ou les organisations non gouvernementales. De même, les entreprises latino-américaines se sentent en terrain étranger en Chine. Les médias exagèrent souvent ces difficultés et influent sur les relations. La Chine et les pays latino-américains n'ont pas vraiment de structures de communication directe, d'autant plus que ces pays n'ont accès aux informations sur la Chine que par le biais des médias occidentaux.  

Promouvoir les relations mutuellement bénéfiques

La confiance mutuelle entre les gouvernements de Chine et des pays latino-américains ne cesse de s'approfondir, les visites de haut niveau sont nombreuses. Le partenariat entre la Chine et le bloc Amérique latine–Caraïbes progresse rapidement, tout comme la coopération globale tous azimuts avec les grandes puissances régionales comme le Brésil et le Mexique. Il s'agit ainsi d'établir des bases solides dans les relations économiques et commerciales et de profiter des nouvelles opportunités aussi bien en termes de progression, d'amélioration et d'expansion.

D'un côté, il faut continuer à promouvoir la croissance stable en volume du commerce. Le commerce est le socle des relations économiques ; c'est aussi un outil de stabilisation. Un volume commercial considérable permet d'assurer que les relations économiques et politiques ne déraillent pas. Par conséquent, la Chine et les pays latino-américains doivent accorder plus de soutien à l'accroissement des échanges, particulièrement en termes d'accès privilégié au marché. Par exemple, la Chine a déjà progressivement réduit, ou se prépare à le faire, les restrictions pesant sur les viandes mexicaines, argentines, brésiliennes et chiliennes. En accroissant les débouchés de ces pays, la Chine répond ainsi aux besoins de son marché intérieur.

Par ailleurs, il faut absolument renforcer la qualité des relations mutuelles, en passant du modèle de la croissance par le commerce à celui de la croissance par les investissements. La Chine a annoncé que ses investissements non financiers en Amérique latine avaient atteint 60 milliards de dollars, la moitié déjà en place. Ils permettent de résoudre les problèmes liés à la sous-capitalisation dans la région tout en fournissant des débouchés pour les produits chinois, notamment les équipements électromécaniques. Il faut particulièrement encourager les entreprises chinoises à utiliser leurs avantages en termes de capitaux et de savoir-faire humain et technologique à participer dans de bonnes conditions à la construction des infrastructures de base en Amérique latine. A l'avenir, les activités d'investissement et de financement doivent devenir le nouveau moteur du partenariat. Dans le même temps, le partenariat doit être plus novateur, utiliser les réserves de change et mettre en place une plate-forme de financement, par exemple un « fonds coopératif pour la construction d'infrastructures Chine-Amérique latine », des programmes « prêts contre pétrole » ou « prêts contre produits agricoles », permettant à la fois de résoudre la question des infrastructures de base ainsi que des investissements et des financements tout en garantissant les sources d'approvisionnement en ressources naturelles.  Par ailleurs, il est possible de discuter du règlement du commerce international en monnaies nationales, accélérer la mise en place d'essais pilotes dans le cadre de l'internationalisation du renminbi.

Plus important encore, il est nécessaire d'élargir le cadre du partenariat. La Chine a déjà établi des relations de partenariat stratégique spécifiques avec le Brésil, le Mexique, l'Argentine, le Chili et le Venezuela notamment, élargi le contenu de la coopération bilatérale, et renforcé les besoins en termes de coopération économique et de partenariat stratégique. La Chine et les pays d'Amérique latine doivent accélérer le pas dans la stratégie d'ensemble, promouvoir rapidement un forum commun Chine-Amérique latine-Caraïbes, renforcer les échanges culturels et humains, encourager l'établissement d'instituts Confucius et des classes Confucius,  accroître la popularité de la culture latino-américaine et de l'espagnol, encourager les échanges d'étudiants, les missions mutuelles dans les médias et promouvoir la communication directe d'informations. Par ailleurs, la Chine et l'Amérique latine peuvent partager leur expérience et renforcer la coopération dans les domaines de la technologie, du nucléaire, de la médecine, du matériel militaire, du tourisme, de la gouvernance et du sport notamment.

La Chine et les pays d'Amérique latine sont des pays en voie de développement et partagent avec eux des stades de développement similaires. Tous sont confrontés aux mêmes défis en termes de développement économique et social, et de protection de l'environnement notamment. Ces conditions créent une empathie qui sert de base à la coopération mutuellement bénéfique et constituent un fort potentiel. Les conditions actuelles sont favorables à l'émergence de nouvelles opportunités dans les échanges, pour franchir un nouveau stade et passer à une nouvelle étape afin de préparer un nouvel essor des relations pour les dix années à venir.

 

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