Capacité renforcée |
Hou Weili Le paysage de Dar es-Salaam a été à jamais modifié suite à la construction d'un imposant bâtiment de 22 étages dans la capitale tanzanienne. Entreprise par la société de construction de génie civil de Chine (CCECC), la construction du bâtiment a nécessité seulement deux ans. Il fut ainsi achevé en novembre 2013. Notons toutefois que l'entreprise avait attendu deux ans avant de remporter l'appel d'offre. Wang Xiangdong, le directeur général de CCECC Afrique de l'Est de l'époque, a déclaré à Beijing Information : « Ce n'est pas parce que nous sommes moins qualifiés, mais parce que le projet a été retardé en raison d'un manque d'argent », avant d'ajouter : « Les entreprises chinoises doivent être extrêmement prudentes lorsqu'elles répondent à un appel d'offre pour des projets en Afrique. Nos offres sont généralement établies en fonction de la source de financement et de la possibilité de sécuriser les fonds. » Aujourd'hui, les institutions financières travaillent ensemble pour répondre aux demandes des entreprises locales et chinoises en Afrique en matière de services financiers, notamment en renforçant la capacité des institutions financières locales. Implantation en Afrique « La finance est vitale pour notre coopération pratique », a déclaré le Premier ministre chinois Li Keqiang dans son discours au siège de l'Union africaine à Addis-Abeba, le 5 mai dernier. Il a promis que la Chine fournirait 10 milliards de dollars supplémentaires aux pays africains pour les projets communs, portant le montant total des crédits à 30 milliards de dollars. « Nous fournirons également 2 milliards de dollars pour le Fonds de développement Chine-Afrique pour qu'il atteigne un total de 5 milliards de dollars », a-t-il ajouté. Grâce à des politiques similaires, la coopération financière Chine-Afrique s'est développée très rapidement. « La Chine a travaillé avec les institutions financières africaines multilatérales pour soutenir les Fonds pour l'intégration régionale et la coopération économique sous-régionale », a déclaré Liang Ming, chercheur à l'Académie chinoise du commerce international et de la coopération économique (ACCICE). Citons par exemple la Banque africaine de développement (BAD), la Banque de développement de l'Afrique de l'Ouest et la Banque de développement de l'Afrique de l'Est qui collaborent toutes avec la Chine sur le continent. Outre la coopération régionale, les banques commerciales chinoises ont réussi à s'implanter sur le marché africain grâce à la création de succursales et bureaux de représentation sur le continent. La Banque de Chine a mis en place des agences en Zambie, à Johannesburg en Afrique du Sud et à Nairobi au Kenya. La Banque de construction de Chine a également un bureau à Johannesburg. La Banque Industrielle et Commerciale de Chine (ICBC) a quant à elle adopté une stratégie visant à donner une importance égale aux fusions et acquisitions, ainsi qu'aux branches d'outre-mer. Au début de 2008, ICBC a acquis une participation de 20 % dans la banque sud-africaine Standard Bank pour 5,6 milliards de dollars. Après l'acquisition, ICBC est devenue le principal actionnaire de la Banque africaine, avec 305 millions d'actions ordinaires. «[La mise en place de succursales de banques permet de fournir des services financiers chinois aux populations africaines et aux entreprises chinoises en Afrique. On attire ainsi plus d'investissements tout en améliorant le développement de l'économie locale, ce qui permet d'accroître le nombre d'emplois, les revenus et les échanges internationaux », a déclaré Shi Yongjie, chef du Département de la recherche et du développement du Fonds de développement Chine-Afrique. Dès 2007, China UnionPay a travaillé avec la Banque Nationale d'Égypte sur le développement d'un réseau de paiement par carte UnionPay en Afrique. En mai 2013, ce réseau couvrait plus de 40 pays africains. « Quand les touristes en provenance de Chine voient le signe UnionPay, ils sont plus disposés faire des achats par carte bancaire », explique Ferdinand, manager d'un magasin au centre commercial de Sandton City à Johannesburg, en Afrique du Sud. Coopération financière Aux yeux de Shi Yongjie, il est grand temps que la Chine et l'Afrique approfondissent leur coopération financière. Si l'économie mondiale se trouve dans une phase critique de stabilisation et de redressement, l'Afrique affiche une croissance économique dynamique, a-t-il rappelé. Cependant, avec le retrait de l'assouplissement quantitatif américain, les pays en développement souffrent d'une fuite de capitaux, notamment en Afrique. Le Rapport sur les relations économiques et commerciales sino-africaine 2013 publié par l'ACCICE indique que fin 2012, le stock des investissements directs de la Chine en Afrique a atteint 21,8 milliards de dollars, soit une hausse de 33,8 % par rapport à l'année précédente. L'investissement dans le secteur financier a par ailleurs connu une augmentation de 18 %, devenant l'un des quatre types d'investissement majeurs chinois en Afrique. Le secteur financier africain local a connu une expansion constante au cours des dernières années. Selon Liang Ming, la capacité de financement des institutions financières régionales et sous-régionales africaines croît et le secteur bancaire de l'Afrique du Sud influence de plus en plus les pays africains. La Standard Bank – la plus grande banque africaine par ses actifs et ses revenus – a élargi ses opérations à 18 pays africains en plus de l'Afrique du Sud. Bien que le secteur financier se développe en Afrique, il souffre de l'absence d'un mécanisme de contrôle des risques, d'un financement faible et d'une mauvaise gestion », a déclaré M. Liang. « Les banques commerciales doivent avoir une couverture plus importante, y compris dans les zones rurales », a-t-il ajouté. Des RMB pour l'Afrique Selon M. Shi, « la Chine va coopérer avec la BAD pour présenter une plate-forme de financement tripartite susceptible d'aider les pays africains à atténuer les difficultés de financement en matière de construction d'infrastructures. » Les experts sont également optimistes quant à l'avenir du service de règlement transfrontalier en yuan. Selon Pierre Bonzom, PDG des activités bancaires personnelles et commerciales à la Société Générale (Chine), comme le continent africain n'a pas de monnaie commune comme l'euro ou dollar américain, il est plus facile pour les pays africains d'adopter et de s'adapter à une nouvelle monnaie. Selon le Rapport sur les relations économiques et commerciales sino-africaine 2013, la Banque de Chine a déjà mis en place un système de règlement transfrontalier en yuan convaincant en Afrique. Et en 2012, le personnel africain de la banque a géré 5,25 milliards de yuans (840 millions de dollars) dans le service, soit 35 fois plus que l'année précédente. Jiang Feifei, chercheuse à l'ACCICE, a suggéré que la Chine devrait accorder plus d'attention à la formation de personnels compétents en finance pour l'Afrique. Selon elle, il est également nécessaire de partager son expérience en matière de gestion et de développement dans le secteur financier dans le cadre de la coopération avec les banques africaines et le développement des institutions financières. « C'est une façon de soutenir les efforts de renforcement des capacités des pays africains », a-t-elle déclaré.
Beijing Information
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