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Publié le 18/04/2014
Secours populaire français : la solidarité au cœur de l'action

Beijing Information a rencontré le 14 avril à l'hôtel Jinglun de Beijing une délégation du Secours populaire français venue inaugurer un complexe scolaire dans la province méridionale du Guangdong. Notre journaliste Jacques Fourrier a évoqué l'action du Secours populaire français en Chine, mais aussi la nécessité de placer la solidarité au cœur de l'action.

Jacques Fourrier

Le Secours populaire français (SPF) va fêter le 70ème anniversaire de sa création en 2015. Déclaré Grande cause nationale à plusieurs reprises, son action porte sur la lutte contre l'exclusion, la précarité et la pauvreté en France. Il intervient aussi dans une cinquantaine de pays non seulement dans différents programmes, notamment en faveur de la condition des femmes, de la scolarisation et de l'accès à la culture ou de l'accès à l'eau, mais il répond aussi à l'urgence dans les cas de catastrophes naturelles ou de conflits armés. Un autre volet de son action internationale revêt une portée humaniste avec le mouvement d'enfants « Copain du monde ». Il réunit des enfants de tous horizons dans un élan de solidarité qui transcende les différences.

Corinne Makowski et Ismaïl Hassouneh

La solidarité, telle est la philosophie du Secours populaire français. Un mot qui peut sonner creux tant il a été galvaudé mais qui trouve une caisse de résonnance au quotidien dans l'action concrète de dizaines de milliers d'acteurs. Fort de plusieurs décennies d'expérience sur tous les terrains, le SPF propose un modèle de solidarité qui génère l'attention des pouvoirs publics et des autorités locales dans de nombreux pays, dont la Chine.

Le Secours populaire et la Chine

Entre le Secours populaire français et la Chine, l'histoire remonte à 2007. Beijing se prépare à accueillir les Jeux olympiques d'été, un événement de portée planétaire qui reste un rêve pour de nombreux jeunes passionnés de sport. Un rêve que le Secours populaire se propose de transformer en réalité pour de jeunes Français issus de milieux démunis, un rêve qui aura aussi un prix pour ces jeunes : ils auront récolté 25 mille euros pour permettre la réalisation d'un programme d'accès à l'eau dans la province chinoise du Gansu, dans une des zones les plus pauvres de Chine.

« En 2007, on a eu un jour un coup de fil de la ville de Shanghai. Une délégation du bureau des Affaires civiles en visite en Europe avait entendu parler du Secours populaire. Elle voulait voir comment une association comme la nôtre agit pour aider les familles en situation de pauvreté et comment cela se passe avec les pouvoirs publics », explique Corinne Makowski, secrétaire nationale de l'association. « Nous avons ensuite été invités à Shanghai pour voir les situations mises en place et nous avons saisi cette opportunité pour aller en Chine. On a vu la réalité des gens qui venaient de province pour travailler en ville, les difficultés de logement, l'éloignement familial, la pauvreté rurale ». C'est durant cette période que s'est forgé le partenariat avec l'Association du peuple chinois pour l'amitié avec l'étranger (APCAE) avec qui le Secours populaire français partage des valeurs communes, comme tient à le souligner Corinne Makowski. Un partenariat qui prévaut toujours et qui les a conduits à coopérer sur plusieurs programmes avec le soutien financier notamment des fondations d'entreprise Areva et Air France.

Francis Roudière

« L'APCAE nous a dit « on a un projet dans le Gansu pour refaire des installations d'eau », raconte Jean Louis Callens, secrétaire du SPF pour le nord de la France. Ils nous ont expliqué que là où ils étaient, il n'y avait pas de possibilité de creuser de puits et il fallait faire des installations de récupération d'eau par les toits avec des fosses, mais il fallait installer aussi des filtres à eau pour la rendre potable. Un projet d'envergure pour l'APCAE qui concerne plusieurs centaines de paysans, financé à 80% par les autorités provinciales. Une vingtaine de jeunes a réussi à collecter les fonds sans compter les billets d'avion. Un exploit extraordinaire qui a été réalisé en sept ou huit mois. Ils ont mobilisé tout le monde. Ils sont allés inaugurer les premières installations. C'est comme cela que la confiance s'est bâtie avec l'APCAE ».

Le 12 mai 2008, un séisme meurtrier frappe le Sichuan. Le Secours populaire français intervient rapidement sur le terrain, une expérience qui marquera les bénévoles mais qui permettra d'ancrer plus profondément encore la coopération entre le SPF et l'APCAE, et plus encore, l'amitié entre la France et la Chine. Grâce au soutien financier de la fondation d'entreprise Areva, ce partenariat s'est traduit par l'ouverture d'une médiathèque à l'école Mengjia de Deyang. Cet « espace de la solidarité franco-chinoise » a été inauguré le 15 décembre 2011 en présence notamment du président du SPF Julien Lauprêtre. Le 15 janvier 2012, la diplomatie des pandas battait son plein avec l'arrivée de deux pandas au zoo de Beauval. Des élèves chinois du Sichuan, invités en France la même année, n'ont pas manqué le rendez-vous au zoo pour rendre compte à leurs camarades des nouvelles conditions de vie des pandas en France !

Médiathèque de l'école Mengjia de Deyang

L'APCAE bénéficie d'une réputation de taille en France. Elle travaille beaucoup avec les collectivités territoriales, dans la coopération décentralisée : elle participe ainsi aux Rencontres de la coopération décentralisée franco-chinoise depuis sa création en 2005. Wu Yuna, sa représentante pour les relations avec la France, nous explique que cette plate-forme va « au-delà des échanges symboliques qui existent déjà avec les jumelages et elle permet de développer des projets concrets, d'exposer les différences en termes d'aménagement du territoire et d'exploiter le potentiel de coopération ». Lors des 2èmes Rencontres de la coopération décentralisée à Bordeaux en 2007, des délégués du SPF réunis en congrès à Brive-la-Gaillarde ont même fait le déplacement pour retrouver la délégation de l'APCAE.

C'est dans ce climat de confiance et d'amitié qui était palpable lors de notre rencontre à Beijing que le SPF et l'APCAE continuent de coopérer dans de nouveaux projets. Ainsi, dans la province du Yunnan, dans le district de Hekou, à la frontière avec le Vietnam, deux autocars de ramassage scolaire ont été offerts avec le soutien de la fondation Air France. Ils permettront la scolarisation des enfants vivant dans des zones reculées.

Les échanges franco-chinois entre jeunes : à l'école de la solidarité

L'APCAE et le SPF organisent des échanges annuels avec une vingtaine de jeunes sur le thème du sport et de la musique, « deux thèmes où la barrière du langage n'existe pas, souligne Wu Yuna. Les rencontres se terminent par un spectacle ou un match, mais se poursuivent grâce aux liens tissés sur Internet ». Leur objectif est d'encourager les liens d'amitié dès le plus jeune âge. L'initiative des Conseils municipaux de jeunes (CMJ) a trouvé un écho en Chine : 16 jeunes du CMJ de Gravelines dans le Nord ont fait le déplacement en Chine en juillet 2013. En 2014, des élèves d'Anyang, dans le Henan, se rendront à Gravelines et selon Jean-Louis Callens, ils sont très attendus.

Jean-Louis Callens

Le mouvement d'enfants « Copain du monde » est une création dont le SPF s'enorgueillit. Dans le village des enfants « Copain du Monde », des jeunes Français peuvent passer des vacances avec des enfants d'une vingtaine de pays. « Ce sont des vacances, mais c'est aussi l'école de la solidarité, explique Francis Roudière, membre du conseil d'administration du SPF. Il y a plusieurs années, nous avons réuni des enfants israéliens et palestiniens, qui continuent toujours de correspondre. L'année prochaine, nous allons essayer de faire venir des enfants catholiques et musulmans de camps de déplacés en Centrafrique à Bangui ». Même les divergences irréconciliables du monde des adultes ne pèsent pas lourd face à la solidarité entre les enfants. Jean-Louis Callens, évoquant la venue d'enfants de Corée du Nord et de Corée du Sud, se rappelle : « Quand les enfants nord-coréens ont vu tous les drapeaux au village, ils ont dit : « Non, non, notre drapeau ne va pas à côté de celui du Sud ». Ça a duré deux jours et après ils étaient tous copains ».

2013 a été l'année de la coopération dans le domaine de l'eau : une action de solidarité a été préparée par tous les enfants qui ont organisé des collectes, monté des spectacles. Ils se sont investis pleinement et ont appris des valeurs essentielles.

Des enfants chinois d'une maternelle ont aussi fait le voyage en France. Un séjour extraordinaire, selon Wu Yuna : « En Chine, nous n'avons pas la culture du camping, c'était la première fois. Nous avons rencontré des jeunes du monde entier ».

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