Nouvelles opportunités dans la coopération économique sino-russe |
Après la seconde élection de Vladimir Poutine à la présidence russe en 2012, le développement de la partie orientale de la Russie est devenu une priorité de la politique intérieure du pays. Cette initiative de développement économique et urbain dans cette région a ouvert de nouvelles opportunités stratégiques tout en créant un fort potentiel pour la coopération régionale sino-russe. Un avantage de taille : les ressources naturelles La partie orientale du pays regroupe le district fédéral de Sibérie et le district fédéral extrême-oriental. Pour comprendre les perspectives de développement urbain dans la région, il faut en rappeler les caractéristiques géographiques, les conditions historiques de son développement et la nature des politiques menées par l'Etat. Le développement socio-économique de la Russie présente de sérieux déséquilibres et l'ampleur des disparités entre villes est significative. Plus de 78 % de la population vit dans la partie occidentale de la Russie, qui représente plus de 70 % de la production industrielle et 76 % de la production agricole. La densité de population dans la partie orientale y est onze fois moins importante. Le potentiel de croissance urbaine est donc énorme. La plupart des ressources minérales, énergétiques, forestières, aquifères et océaniques russes sont concentrées dans la partie orientale du pays. Leur exploitation a été essentielle au développement de l'économie russe et elles restent au centre de la prospérité du pays. Avec l'épuisement des ressources naturelles à l'ouest de la Russie et le développement économique russe et du reste du monde attendu au cours des trente prochaines années, l'exploitation des matières premières dans la partie orientale permettra de répondre à la demande. L'influence sera considérable en termes d'investissements, de production, d'emplois et de croissance urbaine. Quand les mesures soviétiques de développement régional homogène ont pris fin, les régions de l'est du pays ont cessé de bénéficier de l'appui politique et financier du gouvernement central et la situation économique a connu une détérioration progressive. Le gouvernement de la fédération russe a vu que le retard économique des régions orientales entravait non seulement la coopération économique avec la zone Asie-Pacifique, mais aussi la revitalisation économique du pays. Il fallait donc encourager l'émergence de ces régions et promouvoir activement leur développement : c'est devenu une priorité de politique intérieure pour créer de nouvelles opportunités. Un éventail de possibilités Les implantations urbaines et l'activité économique en Russie ont été déterminées par les contraintes géographiques. La population s'est établie dans les zones les plus propices au niveau du climat et des ressources. Grâce aux mécanismes de marché, les relations entre les villes se sont renforcées et la population, les ressources énergétiques et les activités économiques se sont concentrés davantage dans des grands centres urbains. Les régions orientales ont abrité des nœuds urbains qui vont probablement demeurer des bases essentielles du développement économique dans la nouvelle structure économique régionale. La partie orientale de la Russie contient plus de 80 % de toutes les ressources minérales prouvées du pays mais elles n'ont pas été exploitées à une grande échelle jusqu'à présent. Le renforcement des techniques de prospection et l'amélioration des infrastructures de base vont permettre la création de nouveaux centres urbains miniers. La Sibérie et l'Extrême-Orient russe sont la voie de communication la plus courte entre la zone Asie-Pacifique et l'Europe. La Russie bénéficie aussi de la Route maritime du nord. Après la dislocation de l'Union soviétique, les ports de l'Extrême-Orient russe ont pris une importance de premier plan pour les exportations. L'élaboration de la stratégie de développement de ces régions a permis aux villes portuaires de la côte de l'Extrême-Orient et des villes frontalières d'acquérir une position plus importante pour être à l'avant-poste des échanges commerciaux et de la coopération technologique et économique avec la zone Asie-Pacifique. Le développement économique et urbain de la partie orientale de la Russie est crucial pour l'unification de l'espace économique du pays. Il va bénéficier de l'impulsion combinée des mécanismes de marché et des politiques gouvernementales. Les mécanismes de marché resteront néanmoins au centre du dispositif. Même si les premières étapes du développement nécessiteront l'appui des autorités sans toutefois en dépendre. Les politiques régionales seront le principal instrument permettant de gommer les disparités. Les zones sous-développées seront dotées d'infrastructures et les mécanismes de marché créeront des potentialités. Les disparités entre l'Extrême-Orient russe et la Sibérie sont importantes et les mesures doivent en tenir compte. On constate aussi certains éléments négatifs. La région s'est d'abord gravement dépeuplée. De 1990 à 1992, la population active de l'Extrême-Orient russe a baissé de 8,7%, et de 22,1% en Sibérie, notamment les adultes qualifiés et spécialisés. La capacité d'innovation en a été altérée. Par ailleurs, on assiste au phénomène de la « malédiction des matières premières ». L'économie russe est de plus en plus dépendante des matières premières et leur abondance a réduit l'impulsion nécessaire à l'établissement de mécanismes, reportant ainsi le processus des réformes. Ce retard a entravé l'utilisation rationnelle de la manne en ressources naturelles. Un tel cercle vicieux a entraîné la dépendance à des mécanismes inefficaces, particulièrement évidents dans la partie orientale. Cette manne ne s'est donc pas traduite par un développement homogène de l'économie dans la région. Enfin, l'environnement n'est pas favorable aux investissements, ce qui préoccupe fortement les investisseurs étrangers. Les instituts de recherche scientifique sont nombreux, la puissance technologique y est forte, mais le marché des technologies n'est pas développé et les innovations trouvent rarement une application sur le terrain. La coopération régionale sino-russe La partie orientale de la Russie et le nord-est de la Chine ont établi des bases solides de coopération commerciale. La politique de développement de la partie orientale de la Russie et les stratégies de revitalisation du nord-est de la Chine permettent des synergies mutuellement bénéfiques pour la coopération transfrontalière. La main-d'œuvre et les investissements dans la partie orientale de la Russie sont insuffisants et la Russie ne peut à court terme y répondre. La Chine doit donc accorder son soutien de manière réaliste, d'autant plus que cela correspond aussi aux intérêts chinois en garantissant l'approvisionnement en matières premières de l'économie chinoise et en contribuant à la revitalisation des anciennes bases industrielles du nord-est du pays. La Chine y trouve aussi son compte avec la pénétration des marchés de la Russie orientale et l'exportation de la main-d'œuvre chinoise. La première ville de la région, Khabarovsk, est séparée de la Chine par un fleuve et les relations économiques transfrontalières entre les deux pays, notamment Khabarovsk et Fuyuan et Heihe, ne feront que se renforcer et s'étendre aux autres villes frontalières, assurant ainsi le développement économique sain des villes chinoises sur la frontière. Le potentiel des villes de la partie orientale de la Russie est significatif et si les mesures politiques sont appropriées, on pourra voir s'établir un cercle vertueux de développement économique. Il existe néanmoins de nombreuses zones d'ombre. Les politiques du gouvernement fédéral restent parfois incertaines et le cap laisse apparaître certaines contradictions et des hésitations. Les mesures de développement de la région et des villes demeurent toutefois propices pour la Chine, notamment sur le plan stratégique.
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