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Publié le 10/01/2014
Les liens affectifs avec la France

 

Un dîner historique

Le 30 janvier 1998, à l'occasion du troisième jour du premier mois du calendrier lunaire, le président français Jacques Chirac était invité à la résidence de l'ambassadeur Cai pour fêter le Nouvel an chinois. Jean-David Levitte, le conseiller diplomatique du président, a déclaré : « Qu'un président français accepte l'invitation à dîner d'un diplomate étranger est sans précédent ».

Le président Chirac s'entretient avec Cai Fangbai avant le dîner

Pourquoi le président Chirac a-t-il fait une exception en acceptant l'invitation de l'ambassadeur Cai ? Il faut reprendre les faits par le commencement. La visite effectuée en mai 1997 par le président Chirac avait été un succès historique. Il était entièrement satisfait. Lors de la réception de bienvenue organisée par le maire de Shanghai Xu Kuangdi, c'est le visage radieux que le président français s'est adressé à l'ambassadeur Cai en lui disant : « Ambassadeur Cai, vous pourrez désormais m'appeler au téléphone quand il vous conviendra. Vous êtes le seul ambassadeur à Paris qui puisse me joindre directement ». M. Cai a fait part de sa reconnaissance au président français pour la confiance qu'il lui accordait et il a saisi une opportunité aussi rare en lui répondant : « M. le Président, si vous pouviez accepter mon invitation et vous rendre incognito à l'ambassade de Chine pour y être mon invité, j'en serais très honoré ». Le président lui a immédiatement répondu : « Du moment que vous avez un bon cuisinier, que j'aille incognito ou officiellement à l'ambassade, cela n'a aucune importance ». M. Cai lui a alors déclaré : « Mon cuisinier est sans aucun doute l'un des meilleurs de Paris ». Cet échange bref a fait rire toute la tablée. Après avoir mis fin à ses obligations d'hôte, M. Cai est rapidement rentré à Paris.

Peu après, il rendait visite à Jean-David Levitte pour organiser les modalités de ce dîner spécial. M. Levitte, quelque peu embarrassé, lui a répondu : « Votre excellence, vous savez comme moi qu'il y a près de 200 ambassadeurs à Paris. Si le président acceptait votre invitation, il ne pourrait alors pas décliner celles qui émanent des autres ambassadeurs ». Après quelques instants de réflexion, M. Cai lui expliqua qu'il comprenait parfaitement son embarras, mais que le président s'était engagé à Shanghai et que tous deux avaient été témoins. Puisque le président l'a dit, déclara Jean-David Levitte, il faut alors trouver une excuse pour que cela se fasse.

Six mois plus tard, l'excuse était toute trouvée. Début janvier 1998, à l'Elysée, à l'occasion des vœux annuels du président aux missions diplomatiques, M. Levitte dit discrètement à M. Cai que la quasi-promesse faite l'an dernier en mai à Shanghai serait honorée. Le président Chirac se rendra le 30 janvier à l'ambassade de Chine et y passera la fête du Printemps. De cette façon, les autres ambassadeurs n'y trouveront rien à redire. M. Levitte ajouta que le président Chirac voulait aussi saisir l'occasion pour lui parler de sujets qu'il avait soulevés il y a peu dans un courrier adressé au président Jiang Zemin. C'est ainsi que la date et les modalités ont été arrêtées.

A son retour à l'ambassade, M. Cai a immédiatement effectué les préparatifs pour le dîner. Le chef-cuisinier de la résidence, M. Zhao, était un spécialiste de la gastronomie du Sichuan. En compagnie de sa femme, M. Cai a élaboré un menu gourmet avec, des hors-d'œuvre variés, des plats du Sichuan, puis une fondue pékinoise et des raviolis chinois. Enfin, des gâteaux pour la fête des Lanternes ont été l'occasion de souhaiter prospérité et bonheur au président français et à sa famille. Avant la réception, la résidence de l'ambassadeur avait subi quelques transformations. Des lanternes ont notamment été accrochées, des carillons ont été ajoutés, afin de donner aux lieux un caractère plus traditionnel et susciter une atmosphère plus festive et somptueuse.

Cette nuit-là, la résidence brillait de tous ses feux. A 20 heures 10, le président Jacques Chirac est arrivé en compagnie notamment des époux Levitte. Après avoir échangé les vœux, le président français s'est entretenu en tête à tête avec M. Cai. L'ambassadeur lui a d'abord transmis les salutations du président Jiang Zemin et lui a remis une réponse à son courrier au président chinois. M. Chirac s'en est réjoui, avant de donner son avis sur les sujets soulevés dans ce courrier. Ils ont aussi échangé leurs points de vue sur la question irakienne, les relations entre la Chine et le G7 et les relations entre la Chine et l'Afrique notamment. Les deux parties partageaient des points de vue similaires ou voisins sur tous ces sujets.

Remise d'une calligraphie de Jiang Zemin à  Jacques Chirac

Le point culminant de ce banquet aura été la remise du présent de Jiang Zemin au président français, qui avait accepté de lui faire don d'un manuscrit original. Respectant la volonté de M. Chirac, Jiang Zemin avait en effet calligraphié un poème de Li Bai, appelé « Nostalgie ». L'original devait cependant passer par les canaux diplomatiques. M. Cai avait averti immédiatement les autorités, Jiang Zemin avait donné son accord et la compagnie Air China devait expédier le présent le plus rapidement possible pour qu'il arrive à l'ambassade avant le dîner. Pendant le banquet, M. Cai a remis le manuscrit de Jiang Zemin au président, qui extrêmement heureux, lui a adressé sa profonde gratitude. M. Chirac lui a dit affectueusement : « J'ai eu des entretiens très intéressants avec Jiang Zemin, qui est un érudit. Il possède non seulement une connaissance approfondie de la culture chinoise, mais il connaît aussi en profondeur la culture occidentale. Qu'un tel homme dirige la Chine est réconfortant ».

Le président Chirac est resté jusqu'à minuit 40, soit quatre heures et demie en tout. Même le personnel de sécurité du Président a fait savoir qu'il était rare que le président reste si longtemps dans une soirée en ville. Après le dîner, M. Cai et tous les artisans de cet événement ont exprimé leur joie et leur émotion. Pour M. Cai, cet événement aura été un point d'orgue de sa carrière diplomatique. En fait, M. Chirac a voulu ainsi montrer toute l'attention qu'il portait au développement des relations sino-françaises. Comme l'a déclaré son conseiller diplomatique, « M. Chirac souhaite que grâce à cette réception, le développement du partenariat global avec la Chine prenne une place de choix dans la politique étrangère française ».

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