Les liens affectifs avec la France |
Vers une embellie des relations Evoquant ses huit années en tant qu'ambassadeur de Chine en France, M. Cai les divise en deux périodes : quatre années difficiles et quatre années propices. Au cours des quatre années difficiles, son expérience la plus mémorable aura été la négociation en vue de la normalisation des relations sino-françaises. En 1993, le gouvernement socialiste perd les élections législatives en France et le parti gaulliste de Jacques Chirac devient majoritaire à l'Assemblée. Le nouveau gouvernement dépêche à deux reprises un négociateur en Chine en vue de normaliser les relations. Après des négociations difficiles, un communiqué conjoint est publié le 12 janvier 1994. Il s'agit du « communiqué 112 », qui contient deux points importants. D'abord, le gouvernement français s'engage à ne plus autoriser les entreprises françaises à vendre des armes à Taïwan. Il reconnaît ensuite explicitement que le gouvernement de la République populaire de Chine est le seul gouvernement légal de Chine et que Taïwan est une partie inaliénable du territoire chinois. C'est la première fois qu'une telle formulation est adoptée. Le « communiqué 112 » est une victoire diplomatique importante pour le développement ultérieur des relations bilatérales et pose les bases politiques du développement des relations bilatérales tous azimuts. Ce qui a cependant le plus marqué M. Cai durant son mandat aura été la visite d'Etat du président Jacques Chirac en Chine en mai 1997. Au cours de cette visite, le président Chirac et son homologue chinois Jiang Zemin ont signé un communiqué conjoint en vue de la création d'un partenariat global pour le 21ème siècle. C'est en fait d'un partenariat stratégique, même si le terme « stratégique » n'apparaît pas. « Il s'agit du niveau de positionnement des relations bilatérales le plus élevé depuis l'établissement des relations diplomatiques. La France, une grande puissance occidentale, est la première à établir une telle relation, et elle jouera un rôle précurseur ; plus tard, d'autres puissances occidentales comme les Etats-Unis, l'Union européenne, le Japon et le Canada ont établi une relation similaire. En 2004, quand le président chinois Hu Jintao a effectué une visite d'Etat en France, il a signé une déclaration conjointe avec le président Chirac pour faire passer le partenariat global sino-français à un partenariat stratégique global qui dure encore aujourd'hui. »
Les sentiments de Jacques Chirac envers la Chine Le président Chirac est connu pour son grand amour inconsidéré de la culture chinoise et sa connaissance de l'histoire de Chine, de sa poésie et de sa calligraphie. Il est capable de dresser la liste de toutes les dynasties chinoises et se passionne surtout pour l'antiquité chinoise, et notamment pour les bronzes. C'est un sujet sur lequel il peut s'entretenir sans rougir avec les plus grands spécialistes chinois. En octobre 2000, lors de la visite du président Chirac en Chine, il propose au président Jiang Zemin d'organiser des années croisées France-Chine. Seul des hommes qui aiment la culture et la comprennent peuvent parvenir à de telles idées novatrices.
En parlant du président Chirac et de ses connaissances des bronzes chinois, M. Cai aime raconter cette anecdote. « Lorsque M. Chirac s'est rendu en Chine en 1997, sa dernière visite s'est déroulé au musée de Shanghai. En arrivant dans la salle des bronzes, il n'a pas souhaité avoir les explications du conservateur du musée, M. Ma. Il était capable de donner l'origine de telle ou telle pièce de bronze, de sa fonction dans l'antiquité et de dire combien il en restait dans le monde. Le conservateur en est resté bouche bée. ». « Initialement, il devait rester une demi-heure mais il y est demeuré deux heures. Finalement, c'est son attaché protocolaire qui est venu lui dire de se dépêcher et qu'il était temps de partir, car l'avion présidentiel allait décoller. Quelques mois plus tard, le conservateur Ma a rencontré le président Chirac à l'Elysée. En raccompagnant M. Ma en voiture à l'ambassade, je lui ai demandé : « M. Chirac s'intéresse-t-il aux bronze chinois en amateur ou en a-t-il une connaissance approfondie ? ». M. Ma m'a répondu sans ambages : « C'est un expert ». M. Chirac possède une connaissance approfondie de la culture chinoise de sorte qu'il est très confiant et se permet de débattre des questions liées à l'histoire de la Chine avec les Chinois eux-mêmes. M. Cai a déjà confié cette anecdote à la presse. « C'était probablement en 2000, M. Chirac était visite en Chine. Comme le président Jiang s'était déjà rendu dans sa ville natale, il est allé visiter la maison du président Jiang à Yangzhou. Après le dîner, on se demandait si après l'empereur Yang de la dynastie Sui, il y avait eu un autre empereur. Tous les représentants de la partie chinoise présente répondirent par la négative. M. Chirac fut le dernier à s'exprimer et il répondit par l'affirmative, nommant l'empereur Gong des Sui entre 617 et 618. Li Yuan était alors régent. Tout le monde s'est mis à débattre. Finalement, le président Jiang a suggéré qu'il fallait vérifier pour mettre un terme à ce débat avant de lui donner finalement raison. Sa connaissance de la culture classique chinoise est vraiment inattendue. » |