Croisade anti-pollution |
Le gouvernement central s'est engagé à investir 277,32 milliards de dollars pour lutter contre la pollution de l'air au cours des cinq prochaines années. Si certains ont salué la nouvelle selon laquelle une réunion informelle des dirigeants de la Coopération économique Asie -Pacifique 2014 (APEC) se tiendra près du lac Yanqi de Beijing, beaucoup s'inquiètent de savoir si ces chefs d'État souhaiterons venir en automne, ou la pollution atmosphérique menace de recouvrir la ville et ses régions environnantes. À Beijing, les statistiques montrent que seulement six jours en septembre répondaient aux normes nationales de la qualité de l'air. « Il est facile de prendre des mesures temporaires visant à assainir l'air moins d'un an avant l'ouverture du sommet de l'APEC, mais les gens ont besoin que le gouvernement prenne des mesures concrètes pour s'attaquer aux problèmes de fond », a déclaré Bai Yansong, journaliste de la CCTV. Les commentaires de Bai rappellent les efforts de la Chine en 2008, lors des Jeux olympiques. La qualité de l'air s'était améliorée grâce à des mesures temporaires telles que la fermeture des usines et la restriction du nombre de véhicules autorisés sur les routes. Mais cette amélioration n'était que temporaire. Plan d'action Un plan d'action contre la pollution de l'air publié le 12 septembre dernier par le Conseil des affaires d'Etat apporte quelques espoirs aux personnes qui souhaitent que le gouvernement s'attaque au problème de fond. Selon le Plan d'action pour la prévention et le contrôle de la pollution de l'air (2013-2017), « En cinq ans, la qualité de l'air en Chine s'améliorera de manière significative, avec une réduction considérable des journées polluées. » Le document stipule que d'ici 2017, la densité de particules dans l'air, en particulier les PM2,5 - celles de moins de 2,5 microns de diamètre - doivent être réduites de 25 % par rapport aux niveaux enregistrés à Beijing et ses environs en 2012. Le gouvernement chinois a décidé d'utiliser une approche multidimensionnelle pour lutter contre la pollution de l'air en réduisant la consommation de charbon, les gros pollueurs et en promouvant une production propre. Approche globale Le Plan prévoit 35 mesures dans dix domaines pour lutter contre la pollution, en réduisant les émissions des véhicules et la consommation de charbon, en transformant la structure industrielle et en réduisant les émissions. « Ces 35 mesures visent les sources de PM2,5, principal contributeur à la pollution des villes. Sans elles, la Chine ne peut réaliser ses objectifs tels que la réduction de la consommation de charbon et l'amélioration de la qualité de l'air », a déclaré Wang Jian, directeur adjoint du Département de la prévention et de contrôle de la pollution au ministère de la Protection de l'environnement (MEP). En décembre 2012, le gouvernement chinois a dévoilé un plan de réduction de la pollution de l'air visant à réduire le niveau de particules dans l'air d'au moins 5 % dans 13 domaines clés couvrant 117 villes en 2015. Selon le nouveau Plan, le gouvernement central s'engage à investir 1,7 billion de yuans (277,32 milliards US) pour lutter contre la pollution de l'air au cours des cinq prochaines années et à réduire la consommation de charbon d'au moins 65 % de la consommation totale d'énergie primaire du pays en 2017. L'utilisation des énergies propres comme le gaz naturel et le méthane de houille doit être augmentée et les projets de construction qui ne satisfont pas les normes environnementales seront interdits. Pour réduire davantage la pollution, les centrales combinant production d'énergie et de chaleur remplaceront progressivement les chaudières à charbon dans des secteurs de la chimie, la fabrication du papier, la teinture et le tannage. Des peines plus sévères seront également imposées pour des violations des règles de protection de l'environnement, des économies d'énergie et de la sécurité. Bien que l'élimination des méthodes dépassées de la production industrielle affecte négativement les économies locales, Wang Jinnan estime que le Plan d'action stimulera les industries vertes, qui peuvent également stimuler considérablement la croissance du PIB. Carburant plus propre Le nouveau Plan d'action vise également à contrôler les émissions des véhicules. La Chine est le premier producteur et exportateur de véhicules au monde depuis quatre ans. Selon le ministère de la Sécurité publique, le nombre de véhicules en Chine a atteint 247 millions en juillet de cette année, et leurs émissions représentent plus de 20 % des polluants atmosphériques. « Le principal problème est la qualité du carburant. L'améliorer peut permettre de réduire la pollution et réduire le smog », explique Zhou Dadi, expert de la Société chinoise de recherche sur l'énergie. Le 17 septembre, le ministère a dévoilé la phase 5 de ses normes d'émissions pour les véhicules légers, pour réduire les émissions d'oxyde d'azote de 90 000 tonnes et de particules fines de 20 000 tonnes dans les cinq ans. Dans le cadre du calendrier pour l'amélioration de la qualité du carburant dans le pays, la phase 4 concernant l'essence et le diesel devrait être achevée d'ici début 2014 et 2015 respectivement, et la phase 5 d'ici début 2018. Focus sur Beijing Dans le cadre du Plan d'action national, une attention particulière est accordée à Beijing, Tianjin et la province du Hebei. « C'est la région où la pollution de l'air est la plus grave », commente Wang Jinnan. Les niveaux moyens de PM2,5 à Beijing et ses environs ont atteint 115 mg par mètre cube, plus de trois fois la norme nationale de bonne qualité de l'air. Faisant écho au Plan d'action national, le gouvernement municipal de Beijing a dévoilé son propre plan quinquennal, le 12 septembre pour améliorer la qualité de l'air de façon significative en 2017, avec une réduction des niveaux de PM2,5 d'environ 60 mg par mètre cube. La capitale compte actuellement 5,35 millions de véhicules, pour des émissions annuelles d'environ 900 000 tonnes, selon Li Kunsheng, en charge de la gestion des émissions des véhicules au Bureau de la protection de l'environnement municipal de Beijing. « Les émissions des véhicules contiennent plus de 100 substances cancérigènes, qui stagnent à basse altitude et affectent directement la santé des gens », dit Li. En favorisant l'énergie propre et les véhicules à faibles émissions, en réduisant l'utilisation des véhicules et en faisant respecter strictement les règlements, le gouvernement prévoit de réduire la consommation totale de carburant de 5 % ou plus par rapport à 2012. Afin d'assainir l'air de la ville, le gouvernement municipal de Beijing prévoit d'augmenter les taxes sur les émissions de dioxyde de soufre et l'oxyde d'azote cette année et sur les émissions de composés organiques volatils l'année prochaine. Les entreprises qui enfreignent les lois environnementales ne seront pas admissibles aux prêts bancaires, aux offres publiques ou aux allégements fiscaux à valeur ajoutée à partir de cette année. Le gouvernement central prend également des mesures et a alloué 5 milliards de yuans (829 millions de dollars) pour améliorer la qualité de l'air à Beijing, Tianjin, ainsi que dans le Hebei et les régions avoisinantes. Responsabilisation Selon Zhai Xiaohui de la Division de la publicité du Bureau de la protection environnementale de Beijing, 84 actions du plan de réduction de la pollution d'air de la capitale ont été attribuées à 42 ministères et 23 entreprises. Les responsables locaux en Chine ont longtemps été critiqués pour avoir ignoré les règles environnementales en raison de leurs stratégies de développement PIB. « Il est temps de changer notre modèle de développement et de mettre davantage l'accent sur la protection de l'environnement », a déclaré Ma Jun, directeur de l'Institut des affaires publiques et environnementales, ONG basée à Beijing. Ma conseille le gouvernement pour évaluer les performances des responsables locaux en fonction de leur impact environnemental plutôt que de la croissance économique. Zhai souhaite une plus grande participation du public dans la lutte contre la pollution atmosphérique. « Compte tenu de la situation désastreuse que nous connaissons aujourd'hui, la participation du public est grandement nécessaire si nous voulons réussir », a-t-il dit. Le 23 septembre, le ministère de la Protection environnementale a publié des objectifs pour les six régions les plus polluées. En 2017, la concentration de PM2,5 devra être de 25 % moindre que ses niveaux de 2012 à Beijing, Tianjin et dans le Hebei, de 20 % dans le Shanxi et Shandong et de 10 % en Mongolie intérieure.
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