La signature de l'accord de libre-échange va non seulement porter à un niveau plus élevé les relations bilatérales sino-helvétiques, elle va aussi resserrer la coopération de la Chine avec d'autres pays européens sur les plans économique et commercial. Situées à des échelons différents sur la chaîne industrielle mondiale, la Chine et la Suisse jouissent d'une forte complémentarité économique. Bien que la Suisse ne fasse pas partie de l'UE, elle est étroitement liée à cette dernière au niveau économique avec plus de 120 accords de coopération.

Au cours du développement de ses relations économiques avec la Chine, l'Europe montre alternativement deux visages, à savoir un protectionnisme intransigeant et une interdépendance qui ne cesse de s'approfondir. Face à des frictions commerciales de plus en plus fréquentes, des personnalités des deux parties ont appelé à recourir au dialogue et à apprendre le compromis, souvent en vain. La création d'une ZLE sino-helvétique permettra de franchir un pas ferme pour briser l'iceberg érigé au milieu des relations commerciales entre la Chine et l'Europe.

Le gouvernement chinois va profiter de l'opportunité qu'apportera la signature de cet accord, accélérer l'application de la stratégie de libre-échange et prendre une part plus active à la coopération économique internationale, afin de promouvoir d'une manière plus poussée le développement commun et la réciprocité des relations sino-helvétiques et sino-européennes.

Bien que la Suisse soit un pays de petite taille, elle jouit d'une économie très développée. Animée d'un esprit ouvert, elle est l'un des premiers pays européens à avoir accédé au marché chinois. En 2007, la Suisse a reconnu le statut de l'économie de marché de la Chine à part entière. Son rapprochement avec la Chine ne lui a pas été néfaste : le pays de la neutralité reste l'un des rares pays européens affichant une balance commerciale excédentaire dans ses échanges avec la Chine.

Pourtant, l'attitude de l'UE vis-à-vis de la Chine est en fort contraste avec celle de la Suisse. Cela va du refus de considérer la Chine comme une économie de marché à part entière aux contraintes imposées sur les exportations chinoises de produits de haute technologie, en passant par le protectionnisme sous forme d'enquête anti-dumping sur les panneaux solaires chinois. Pourquoi tant de problèmes ? La situation est dans une grande mesure imputable à l'état d'esprit négatif de l'UE. Incapable de s'adapter activement au développement rapide de la Chine, l'Union européenne recourt à la facilité avec le protectionnisme, au lieu d'élever sa propre compétitivité. Cependant, la construction d'une forteresse commerciale portera atteinte aux intérêts de l'UE à long terme. Dans ce domaine, la Suisse peut servir de référence à l'UE, qui devrait s'ouvrir plus et moins se replier sur elle-même.

En fait, à en juger par la tendance mondiale, la coopération sino-européenne a un grand potentiel de croissance rapide. La Chine a besoin de collaborer plus étroitement avec le monde extérieur compte tenu de son développement socio-économique, tandis qu'il est nécessaire pour l'UE de resserrer ses liens avec d'autres pays pour réussir sa restructuration économique et son optimisation industrielle. Le rapprochement sino-européen sera de plus en plus indispensable et mutuellement avantageux.

La relation sino-européenne est l'une des relations bilatérales les plus importantes du monde. Économiquement, la Chine et l'Europe peuvent se compléter, en raison de leur grand potentiel de coopération et de leur forte dynamique de croissance. Compte tenu des différences culturelles, d'us et coutumes et de systèmes politiques, les frictions et les divergences de vues sont inévitables. Les deux parties se doivent de s'en tenir au principe de respect mutuel et de recourir au dialogue pour trouver une solution aux problèmes éventuels. Si l'UE parvient à adopter une attitude plus positive et une perception de la Chine plus objective et plus complète, la coopération sino-européenne s'intensifiera chaque jour davantage. Le canal se forme dès que l'eau arrive. L'établissement d'un ALE Chine-UE est aussi envisageable dans le futur.

Beijing Information