A Beijing, le covoiturage démarre |
Une organisation non-gouvernementale de la capitale lance un programme de sensibilisation au covoiturage. Wang Hairong Huilongguan, grand quartier résidentiel du nord de Beijing, accueille environ 400 000 habitants, dont beaucoup font plus de 12 km chaque jour pour se rendre à leur travail. Autant dire que tous les transports publics sont bondés, et que les automobilistes jouent à touche-touche sur l'autoroute de Badaling. Wang Yong, fondateur de l'ONG Shunfengche, a décidé de s'attaquer au problème en promouvant le covoiturage. Et pour ce faire, la fondation a tout simplement mis la main à la poche : les conducteurs acceptant de transporter deux passagers aux heures de pointe obtiennent une remise de 5 yuans au péage, somme qui sera payée par l'ONG Shunfengche. Bonnes intentions La capitale chinoise accueille pas moins de 5 millions de véhicules, dont un million sont ôtés des routes quotidiennement grâce à la politique municipale de restriction en fonction du numéro de la plaque minéralogique. Shunfengche estime que le covoiturage pourrait éliminer 400 000 voitures de la route, réduisant ainsi le trafic de 10 à 25 %. Cela permettrait, toujours selon les calculs de l'ONG, d'économiser 464 tonnes de carburant par jour, ainsi que la pollution atmosphérique que cela engendre. Enfin, Wang Yong, responsable du programme, et qui pratique le covoiturage depuis 1998, pense que cette pratique crée de la confiance et de la sympathie entre les résidents. Wang Yong n'en est pas à son premier coup d'essai : en 2011, durant le grand chassé-croisé du Nouvel an chinois, il avait lancé une campagne de covoiturage avec quelques stars dont Deng Fei, initiatrice de la campagne « déjeuners gratuits » destinés à améliorer la nutrition des enfants. Aujourd'hui, c'est avec le concours de la municipalité de Beijing qu'il a lancé cette expérimentation dans le quartier de Huilongguan depuis le 17 juin. Malgré des débuts fastidieux, les coupons de réduction ont rapidement fait des émules. Il n'y a pas de petites économies, diront certains… Le premier mois, l'ONG a payé pas moins de 1 645 véhicules, transportant au total 4 935 personnes. Un résultat modeste pour ce quartier surpeuplé. Obstacles Pour Wang Yong, les deux grandes difficultés dans la promotion du covoiturage sont le manque de soutien politique et la faible participation du public. Il faut dire que beaucoup de gens s'inquiètent pour leur sécurité lorsqu'ils roulent avec des inconnus. Se pose aussi le problème de la responsabilité en cas d'accident. Si un passager est blessé dans un accident et que le conducteur se trouve être en faute, alors il doit le dédommager, même si le trajet n'était pas rémunéré, a expliqué Dong Laichao, fondateur de Beijingjtlawer.com, site sur le droit du transport. C'est pourquoi la fondation Shunfengche a donc mis au point un accord écrit de covoiturage, spécifiant clairement la responsabilité de chacun en cas d'accident. Autre appréhension, le risque d'être considéré comme exerçant une activité de taxi illégal en cas de partage des coûts de transport entre conducteur et passagers. Mais selon un officier de police de la circulation, la loi serait devenue plus flexible sur le sujet, et le partage du coût du trajet ne serait plus puni d'amende. Pour Dong, le gouvernement devrait mettre au point une régulation spécifique à la pratique du covoiturage. Bonne nouvelle, la municipalité de Beijing réfléchirait actuellement à la question.
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