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Publié le 19/07/2013
Don d'organes : entre la vie et la mort

Wang Hairong

中国首部人体器官捐献地方法规施行 人体器官捐献监督体系将建立

Dans le cimetière de Shenzhen, province du Guangdong en Chine du sud, un carré est spécialement réservé pour accueillir les dépouilles de vingt personnes ayant choisi de faire don de leurs organes, y compris un garçon de deux ans qui s'était noyé, et de plusieurs jeunes victimes d'accidents de la circulation.

Gao Min se rend fréquemment sur ce lieu. Et pour cause, elle a coordonné les dons d'organes des personnes inhumées, permettant de donner une seconde vie à d'autres êtres humains.

Elle est devenue coordonnatrice de ce programme pilote en 2005, alors qu'elle travaillait bénévolement pour la Croix-Rouge à Shenzhen. Auparavant, elle était déjà devenue célèbre pour avoir donné plus de cent fois son sang.

Née dans la province rurale du Shandong, Gao est venue à Shenzhen en 1997 afin de s'occuper de sa nièce alors que sa jeune sœur travaillait. Cette année, elle a donné son sang pour la première fois. Depuis, elle a coordonné 87 dons d'organes en 8 ans, un record.

Une activité difficile

« Actuellement, il y a 332 coordonnateurs de dons d'organes dans tout le pays », a déclaré Gao Xinpu, chef adjoint du Département commercial du Centre chinois de management des dons d'organes. Le centre a été lancé le 6 juillet 2012 par la Croix-Rouge chinoise et le ministère de la Santé afin de superviser le don d'organes au niveau national.

La plupart des coordonnateurs sont entrés en fonction à la suite du programme de don d'organes qui a été expérimenté dans 19 provinces en mars 2010. Jusqu'à aujourd'hui, les coordonnateurs ont aidé 659 donateurs, pour un total de 1 804 organes selon la Croix-Rouge chinoise, chiffre confirmé par l'administration du don d'organes.

En février dernier, Zhao Baige, vice-présidente exécutive de la Croix-Rouge chinoise, a exhorté les autorités à généraliser le programme pilote à l'ensemble du pays d'ici à la fin de l'année.

Dans le cadre du programme actuel, lorsqu'un médecin identifie un donneur d'organes potentiel, généralement une personne gravement malade ou en état de mort cérébrale, il doit contacter un coordonnateur des dons d'organes, qui s'entretiendra ensuite avec le donateur potentiel ou sa famille. Les coordonnateurs facilitent le processus administratif, et assistent à la procédure de prélèvement d'organes.

La Chine est confrontée à une pénurie d'organes humains destinés à la transplantation. Les statistiques officielles montrent que près de 300 000 patients sont en attente d'organe chaque année, dont seulement 10 000 pourront être satisfaits.

Les croyances traditionnelles font que les Chinois hésitent à donner leurs organes. De nombreuses personnes pensent que leur corps doit être conservé intact, même si elles doivent être incinérées. Il est également considéré comme de mauvais augure de parler à une personne en bonne santé d'un éventuel don d'organes à titre posthume.

« Par ailleurs, un membre de la famille peut s'opposer au prélèvement d'organe, même si le donneur avait donné son accord juridique de son vivant », a expliqué Gu Guorong, dirigeant de la Croix-Rouge chinoise à Zhengzhou, capitale de la province du Henan.

L'opposition de la famille, voilà le grand challenge de Gao Min. Une fois, les parents d'une fille décédée dans un accident de la circulation ont donné leur accord pour le don. Mais quelques jours plus tard, les parents ont de nouveau appelé disant que les grands-parents de la jeune fille s'y étaient fermement opposés. Et dans ce cas, il faut respecter cette décision, même quand un receveur attend sur la table d'opération.

D'ailleurs, selon Cao Yanfang, coordinatrice dans la province du Zhejiang, les deux tiers des candidats ou de leurs familles refusent le don d'organes. Infirmière dans une unité de soins intensifs, elle a vu des gens mourir par absence d'organes à transplanter. Voilà pourquoi Cao s'est portée volontaire pour devenir coordinatrice.

En dépit de fréquents refus, Cao respecte la décision des familles des donneurs potentiels. « Mais à chaque fois qu'une famille refuse, nous sommes vraiment tristes », confie-t-elle.

Assistance humanitaire

Outre la supervision des dons, les coordonnateurs font tout leur possible pour aider les familles des donneurs, a rappelé Cao.

Xu Yuwen avait été traité pour une tumeur au cerveau depuis plus d'un an. Pendant cette période, les coordonnateurs l'ont souvent accompagné et assisté. Avec leur aide, le jeune frère de Xu a été transféré dans une meilleure école. « Nous considérons la famille du donneur comme nos parents, afin de parfaitement comprendre quels sont leurs besoins », a expliqué Cao.

La réglementation actuelle en Chine stipule que les dons d'organes doivent se faire sur la base du volontariat et de la gratuité.

« Quand les familles des donateurs sont en difficulté, ils peuvent bénéficier d'une certaine aide psychologique et humanitaire », révèle Liu Weixin, directeur adjoint du Centre chinois de management des dons d'organes.

« Une circulaire destinée aux donneurs pauvres devrait être publiée à la fin de l'année. Elle prévoit notamment le remboursement des frais de funérailles et des frais médicaux, ainsi qu'un programme d'aide financière pour les membres de la famille immédiate du donateur », a déclaré Gao Xinpu.

Coordonnateurs volontaires

Malgré les difficultés et les épreuves, la fonction de coordonnateur demeure bénévole.

Gao Min n'a jamais reçu de compensation en plus des remboursements pour les frais de téléphone et de transport. Elle est principalement soutenue par sa sœur cadette. Mais cette fonction pourrait être rémunérée à partir de cette année, et devenir ainsi un véritable métier.

« Par la suite, les coordonnateurs devront avoir une formation médicale, et devront être formés et évalués par la Croix-Rouge chinoise », a déclaré Gao Xinpu, qui estime qu'il faudrait un coordonnateur pour un million de personnes, soit 1 300 coordonnateurs professionnels répartis sur tout le territoire chinois.

« Chaque année, il y a 154 000 donneurs potentiels dans les unités de réanimation chinoises. Si nous travaillons beaucoup, nous pouvons trouver au moins 40 000 donneurs, et donc 110 000 organes, chaque année », s'est enthousiasmé Huang Jiefu, ancien vice-ministre de la Santé et l'un des les principaux défenseurs du don d'organes.

 

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