Chine : les Brésiliens débarquent ! |
Alors que les acheteurs européens et américains deviennent chaque jour plus prudents, l'appétit des marchés émergents ne se dément pas. Dans les diverses foires commerciales qui se tiennent en Chine, les participants indiens, russes, brésiliens et des pays d'Afrique sont toujours plus nombreux, davantage que les Occidentaux. Avec une mention particulière pour les Brésiliens qui, à la veille de la Coupe du monde de football et des Jeux Olympiques, dépensent énormément. Une croissance éruptive « Le voyage au Brésil est toujours plaisant. C'est peut-être le climat tropical qui rend les Brésiliens enthousiastes. En tous cas, ils sont très chaleureux avec les Chinois », a évoqué Ning Huajun, exportateur de machines d'imprimerie. Ning se souvient encore des scènes de liesse lorsque le Brésil a été choisi pour organiser les Jeux Olympiques de 2016. D'après lui, cet enthousiasme naît d'une fierté nationale. Et cette fierté augmente avec le développement économique. Grâce à un PIB de 2 400 milliards de dollars en 2011, le pays est devenu la sixième économie mondiale, en dépassant le Royaume-Uni. Une économie en essor, une puissance d'achat en hausse... Les affaires de Ning en ont beaucoup bénéficié. Depuis 2006, les ventes des produits de Ning progressent de 10 % par an. Après l'éclatement de la crise en 2008, la croissance sur le marché brésilien a pu être conservée, neutralisant ainsi les pertes sur le marché étasunien. Les cinq dernières années, le marché des machines au Brésil a plus que doublé. Et l'exportation chinoise en la matière, qui était de 803 millions de dollars en 2008, a été multipliée par 6 dans ce laps de temps, alors que les parts de marché des Etats-Unis, de l'Allemagne et du Japon sur le marché brésilien ont diminué année après année. Un marché chaud Et alors que les marchés européens et étasuniens sont en berne, le « made in China » continue de progresser au Brésil. L'Etat de Sao Paulo, la plus grande ville du pays, compte trois aéroports, tous vieux et petits, comme ceux de la Chine d'il y a dix ans. Il reste beaucoup à faire et à améliorer en vue de la tenue de la Coupe du monde de football en 2014 et des Jeux Olympiques de 2016. Les infrastructures stratégiques telles que les ports, aéroports et gares, monopoles des entreprises nationales, s'ouvrent aux investisseurs privés et étrangers. Pour 2014 ce ne sont pas moins de 50 projets de terrains sportifs qui seront construits, reconstruits ou agrandis. Une grande opportunité pour les petites et moyennes entreprises d'exportation chinoises. En 2012, trois sociétés du bâtiment, avec dans leurs valises des bons de commande d'une valeur totale de 3 milliards de dollars, sont venues en Chine à la recherche de fournisseurs. La société Status s'intéresse beaucoup aux produits LED de Chine. « Nous allons développer une ville-satellite sur 1,35 million de m². Il s'agit d'un gros projet d'investissement de 410 milliards de yuans RMB. De plus, nous souhaitons construire un nouveau siège. Pour tous ces projets, nous avons besoin de beaucoup de matériaux chinois », a expliqué Ricardo Severino, PDG de la société. Queiroz Galvao est le quatrième bâtisseur brésilien. Il est chargé de la construction des infrastructures de toutes catégories : autoroutes, aéroports, chemins de fer, métro, ponts, tunnels, ports, système de traitement des eaux usées, pipeline, etc.. Il a l'habitude d'acheter des matériaux en Chine. Sur ses chantiers, les véhicules d'ingénierie du groupe Xugong circulent sans cesse. Des échanges qui nécessitent d'être rodés Entre 2001 et 2011, le commerce bilatéral sino-brésilien est passé de 3,2 à 84,2 milliards de dollars. Et les liens se sont encore renforcés à partir de 2008. Dans le contexte de la crise financière, les deux parties se sont entraidées pour s'en sortir ensemble. La Chine a besoin des marchandises en vrac du Brésil, et ce dernier attend ses investissements et ses produits manufacturés. La croissance du commerce Chine-Brésil est la plus importante parmi les pays du « Brics ». La Chine est le premier partenaire commercial et d'investissement du Brésil. Cependant, avec la coopération naissent les litiges. Vers la fin du carnaval de 2011, l'Association brésilienne d'importateurs de textile s'est étonnée que 80 % des costumes de la fête proviennent de Chine. Dès lors, de peur de la concurrence des marchandises chinoises bon marché, le Brésil a imposé une taxe anti-dumping de 4,1 dollars par kg sur les fibres synthétiques chinoises. En effet, le Brésil avait déjà augmenté plusieurs fois la taxe douanière sur les vêtements et chaussures importés de Chine. Les deux dernières années, environ la moitié des mesures anti-dumping brésiliennes l'était à l'encontre des exportations chinoises. Afin de promouvoir l'économie et l'emploi, le Brésil s'engage à développer l'industrie à main-d'œuvre intensive. Néanmoins, la « loi sur la protection des travailleurs » accorde aux Brésiliens des congés annuels de 25 jours au minimum, et un salaire de haut niveau. Cela a compressé les avantages du « made in Brazil ». Et de fait, les mesures anti-dumping sont devenues le principal outil pour protéger l'industrie nationale. Quoiqu'il en soit, les avantages du « made in China » restent bien présents sur le marché brésilien, que ce soit par leur prix et aujourd'hui leur meilleure qualité.
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