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Publié le 30/05/2013
La flambée du marché de l'art

« Les prix des peintures sont en folie », s'est exclamé M. Li, un collectionneur respectable. « Au début de l'année, je suis descendu dans le sud, où j'ai entendu parler d'un peintre pas très connu, mais déjà capable d'échanger un de ses tableaux contre une villa ! ». Mais ce genre de prix exorbitant peut s'avérer être un leurre…

Une sorte de ségrégation s'est développée dans les milieux artistiques : certains artistes se contentent de voir les prix de leurs œuvres monter en flèche, alors que la plupart des peintres peinent à joindre les deux bouts car leur travail tombe en disgrâce. Comment cette situation s'est-elle installée ?

Une conjoncture folle

« Chaque année, les peintres et calligraphes fixent le prix de leurs œuvres à l'approche de la Fête du Printemps. Par exemple, Fan Zeng organise régulièrement son exposition personnelle à la galerie Rongbaozhai depuis dix ans, et sa cote sert de repère à ses collègues », explique le critique d'art Qi Jianqiu. Actuellement, le cours des peintures de Fan Zeng est évalué à 450 000 yuans par chi carré (un mètre égal à trois chi), et celui de ses calligraphies, à 120 000 yuans par chi carré.

« Actuellement, les peintres plus ou moins célèbres jouissent d'une côte moyenne de 70 à 80 000 yuans par chi carré, tandis que des artistes peu connus fixent leur prix à 10 à 20 000 yuans par chi carré », ajoute M. Qi.

Une clientèle folle

« C'est par hasard que j'ai fait la connaissance d'un ami mordu de collection. Il m'a conseillé d'acheter des meubles en palissandre avec la somme originellement réservée à la décoration de mon appartement de noce. C'est vraiment une bonne idée », raconte M. Zhang. Désormais, sa passion pour la collection des œuvres d'art est hors de contrôle.

« Comme je ne suis pas expert, je risquerais de me faire avoir si j'achetais des œuvres anciennes. Cependant, les artistes contemporains peuvent garantir eux-mêmes l'authenticité de leurs tableaux, donc aucun risque de contrefaçon », continue Zhang.

Le jeune homme a dépensé jusqu'ici 3 à 4 millions de yuans pour l'achat de tableaux de certains peintres peu cotés, sans pour autant se préoccuper du risque d'être pris au piège. « La croissance économique est si rapide que les œuvres d'art ont peu de raison de se déprécier. Regarde ces trophées que j'ai acquis seulement pour quelques milliers de yuans par chi carré l'année dernière, ils sont maintenant 20 000 ! Si je les revends, je pourrai faire un gros bénéfice », s'excite Zhang.

Multiples facteurs favorables

« Les peintres sont de plus en plus matérialistes. C'est dur d'être leur mandataire », déplore M. Mo, un marchand d'art.

Depuis une dizaine d'année, Mo tisse un large réseau de connaissances dans les milieux des beaux-arts, en faisant le va et vient entre les mégapoles comme Guangzhou, Shanghai, Xi'an et Beijing.

« Certains peintres, qui ont parfois plus l'esprit commerçant que moi, réclament un prix exorbitant en suivant l'exemple de leur collègues, sans penser au cours réel du marché ni à leur développement durable », déplore Mo.

« En tant que patrimoine intangible, les œuvres d'art constituent maintenant un maillon crucial de la chaîne des produits de luxe chez les fonctionnaires. Leur prix augmente car elles font de très élégants pots-de-vin », dénonce d'un ton furieux M. Li, un collectionneur.

De surcroît, la politique de l'Etat en matière de marché d'art est aussi un facteur aggravant la conjoncture actuelle.

Le silence de la majorité

« Mais l'enthousiasme est seulement de leur côté, non du mien ». La formule célèbre de l'écrivain Zhu Ziqing s'applique parfaitement à la situation actuelle du marché de l'art. En fait, des statistiques montrent que le cours d'ensemble n'est pas excellent : 85% des peintres sont confrontés à la dépréciation de leurs œuvres.

La « guerre monétaire » est monnaie courante sur ce marché : si ta cote est évaluée à 10 000 yuans par chi carré, la mienne sera fixée à 20 000 yuans ! Mais la vanité n'arrive jamais à se matérialiser lors des transactions réelles : même un fort rabais de 50% n'intéresse personne !

Ce chaos résulte aussi du manque de coordination entre galeries et artistes. En principe, les peintres doivent éviter de vendre leurs tableaux en coulisse et maintenir leur prix de vente au même niveau que celui fixé par les galeries. En réalité, il y a toujours des « fauteurs de troubles » qui écrasent la concurrence en faisant du « dumping ».

« Ce désordre sur le marché de l'art est principalement causé par la communication inefficace entre les peintres et les institutions professionnelles. Beaucoup d'artistes recourent à des maisons d'enchères pour promouvoir leurs œuvres, ce qui prolonge les marchés primaire et secondaire dans le chaos. On ferait mieux de confier le travail à des galeries ou des organismes professionnels, pour former un cercle vertueux permettant d'étalonner la cote sur le marché », conclut M. Li.

 

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