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Publié le 03/04/2013
Ces étrangers qui quittent la Chine

 

« Tu ne deviendras jamais Chinois. » C'est le titre du dernier article que Mark Kitto a publié dans Prospect. Après mûres réflexions, cet Anglais vivant en Chine depuis environ 20 ans a choisi de rentrer, et s'en explique. Alors que Mark préparait son départ, un autre Anglais, Chris Devonshire-Ellis, et un jeune Américain, Charlie Custers, ont eux aussi décidé de partir et de le faire savoir.

Alors, coïncidence ou tendance parmi les laowai ? Certains n'hésitent plus à parler de la fin d'une « ère ». Essayons de comprendre ce phénomène à partir de ces trois témoignages.

Mark Kitto : La Chine moderne vit une crise de valeurs !

Mark Kitto, 45 ans, a grandi au Pays de Galle. Passionné par l'Extrême-Orient, il a appris le chinois à l'Ecole des études orientales et africaines (SOAS) de l'Université de Londres, et a consacré sa thèse à Wang Wei, célèbre poète de l'époque Tang.

Peu après son arrivée en Chine, il s'est lancé dans l'édition, et a crée le magazine anglophone « That's Shanghai », distribué à Beijing, Shanghai et Guangzhou. Grâce à un positionnement intelligent et un contenu riche, cette publication fut un succès. Si bien qu'à une époque, tous les étrangers en possédaient un exemplaire, sorte de guide de survie et de guide touristique indispensable pour apprécier son séjour dans le pays.

Mais la lune de miel n'a pas duré. En 2003, Mark Kitto a rompu avec son associé chinois pour des raisons assez compliquées, et a donc rangé son carnet et ses stylos.

« Il n'y a qu'une valeur en Chine aujourd'hui : c'est l'argent », déplore-t-il. Mais bon, après tout, on peut s'en accommoder. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase concerne ses enfants et leur scolarité : « En Chine, on n'enseigne aucune connaissance aux enfants, on leur apprend juste les méthodes pour passer les examens », lâche-t-il agacé.

En septembre 2012, sa fille a commencé sa cinquième année scolaire. Dès le début, sous prétexte de préparer l'entrée dans le secondaire, l'école a annulé toutes les activités hors classe. Les devoirs et les heures supplémentaires se sont multipliés.

Chris Devonshire-Ellis : C'est le moment de partir !

A l'âge de 30 ans, Chris Devonshire-Ellis a débarqué à Shanghai. Cela remonte à la fin des années 80. A ses yeux, cette ville côtière chinoise ressemblait beaucoup à son Liverpool natal : « Une ville tranquille, dans un sommeil long et profond ».

Mais voilà, suite au voyage de Deng Xiaoping dans le Sud, les entreprises étrangères ont toutes accouru à Shanghai. Et la complexité des procédures industrielles, commerciales et fiscales ainsi que le système juridique local en ont troublé plus d'une. Chris Devonshire-Ellis saisit l'opportunité, crée alors à Hongkong sa société de consulting, et aide les entreprises étrangères à s'implanter.

En très peu de temps, il ouvre des bureaux à Shenzhen, à Beijing et à Shanghai. Les affaires marchent bien, mais la bureaucratie du pays devient de jour en jour plus insupportable. Chris en a marre de gérer les « relations » avec les départements administratifs locaux. « Même pour un banal document administratif, il faut cajoler les fonctionnaires, sinon ils ne le tamponnent pas », a-t-il soupiré.

Fatigué, Chris a commencé à regarder ailleurs : l'Inde a un marché de consommation comparable à celui de la Chine, le Viet-Nam dispose d'une main-d'œuvre meilleur marché, et Singapour est attirante d'un point de vue fiscale. Sa décision était prise : Chris déménage ses activités en Amérique du nord et en Asie du Sud-Est.

Custers : Ce ciel bleu, il est vrai ou il est faux ?

Custers a 27 ans. Né dans une famille d'intellectuels du Connecticut, il a étudié la culture asiatique à l'Université Brown.

A Beijing, il était comme le poisson dans l'eau. Ecrire, composer des chansons et tourner des vidéos, Clusters vivait de ses passions. En 2011, il a épousé une Chinoise, avec qui il avait tourné le documentaire dont il était le plus fier. C'était au sujet du rapt et de la vente d'enfants en Chine. Pour la réalisation de cette enquête, ils ont eu beaucoup de mal à décrocher des financements. Et encore, ce n'était rien à côté du tournage ! Ils sont partis à la rencontre d'une vingtaine de familles de victimes, aux quatre coins du pays. « Le plus dur, ce n'était pas la fatigue, mais la détresse de ces parents dont les enfants ont disparu », a-t-il expliqué.

Ce fut une forte expérience. Voir ces familles s'unir et s'entraider, partageant leur tristesse respective, et partir ensemble à la recherche de leurs volés et vendus comme esclaves dans les usines de briques du Shanxi. Et les résultats sont là : cette association a déjà permis de sauver une centaine d'enfants.

Alors, pourquoi Clusters, passionné de Chine et en pleine ascension, a-t-il tout de même quitté le pays ? La réponse est simple : pollution de l'air et insécurité alimentaire.

 

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