A la veille de la Fête du Printemps 2013, le projet de réforme sur la distribution des revenus longtemps attendu par le public est enfin paru. Elaboré depuis des années et faisant l'objet de multiples débats, ce document relatif à la redistribution des intérêts a vu le jour tardivement. Mais sa mise en œuvre va certainement exercer une influence profonde sur l'évolution socio-économique du pays.

Le coefficient de Gini, qui mesure de 0 à 1 le niveau des inégalités, a été publié en février par le Bureau national des statistiques. Bien que ce chiffre ait tendance à baisser depuis 2008, il se maintient toujours à un niveau supérieur à 0,4 au cours des dix dernières années. Cela signifie que le fossé entre les riches et les pauvres continue à se creuser, et qu'une réforme sur la répartition des revenus est nécessaire et ne tolère aucun retard.

Récemment, la presse chinoise a dévoilé plusieurs scandales en matière de richesse personnelle illégale ou non-transparente. Des « hyper-propriétaires » possédant plusieurs dizaines d'appartements ont outré l'opinion.

Selon des spécialistes, si la Chine n'arrive pas à réduire l'écart de richesse, elle aura du mal à transformer les forces motrices du développement économique, à tel point qu'elle risquera de tomber dans le « piège du revenu intermédiaire », piège qui avait déjà bloqué des pays d'Amérique latine.

« L'écart entre villes et campagnes est assez élevé, les revenus sont distribués irrégulièrement…Il faut chercher à accroître les revenus des habitants à tout prix, pour que les revenus par tête des résidents urbains et ruraux soient doublés d'ici 2020 », a indiqué le rapport du XVIII^e Congrès national du Parti communiste chinois.

Le projet de réforme lancé par le Conseil des affaires d'Etat concerne plusieurs points : distribution primaire et secondaire, augmentation des revenus des paysans, ordre de répartition. De plus, certains problèmes chauds, tels que limiter les salaires des administrateurs supérieurs des entreprises nationales, augmenter le salaire minimum, réduire les taxes de façon structurelle, élever les impôts des entreprises nationales, accroître l'investissement dans le bien-être, sont également mentionnés dans le communiqué, qui va jusqu'à fixer des indices concrets.

Le projet de réforme aborde aussi des mesures cruciales, comme la modification du système d'état civil au service d'un nouveau modèle d'urbanisation, l'universalisation des services publics fondamentaux et l'élargissement de l'assiette de l'impôt foncier.

L'écart entre riches et pauvres se creuse graduellement au fur et à mesure de la marchéisation. C'est un phénomène qui concerne divers facteurs, allant du système économique au système d'administration, en passant par le régime de gestion sociale. La résolution des inégalités dans la distribution ne se fera pas en un seul jour. En luttant pour la justice, les architectes de la réforme ont besoin de faire preuve de courage et de sagesse face à l'opposition des groupes d'intérêts.

« La redistribution des revenus nécessite l'éradication des facteurs en faveur de la corruption au niveau institutionnel. Il faut créer un environnement de marché basé sur la compétition loyale et réduire l'intervention du pouvoir », a souligné Wang Xiaolu, vice-directeur du Centre d'études de l'économie nationale, Fondation de la réforme de Chine.

Les gouvernements locaux et les départements compétents ont reçu l'ordre d'élaborer des plans de soutien et des règles détaillées pour la mise en œuvre de cette réforme. Les deux sessions annuelles du parlement qui se sont ouvertes cette semaine serviront de plate-forme de débats dans ce domaine aux nouveaux députés.

Beijing Information