Incertitudes autour de l'embauche en 2013 |
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Feng Ye et Chen Xinmiao En 2013, 6,99 millions de nouveaux diplômés quitteront les bancs de l'université. Et l'angoisse de ne pas trouver un emploi grandit d'année en année. Dans seulement quelques mois, Xu Ben sera diplômé de la business school de l'Université Sun Yat-sen. Malgré les vacances qui approchent, ce « bon élève » aux yeux de ses camarades n'arrive pas à se détendre, car sa demande d'admission vient d'être refusée par 9 grandes entreprises. Dans sa promotion, ils sont dix-huit, mais seulement un tiers a déjà signé un contrat d'embauche… Entreprises étrangères, financières et aériennes : baisse des embauches La situation économique actuelle n'est pas bonne. En tant que directeur de l'insertion professionnelle de l'Université des études étrangères du Guangdong, Zhao Ye a remarqué le changement depuis l'an dernier. « En juin 2012, les entreprises étrangères nous avaient accordé pas mal de contrats d'embauche. En septembre, elles ont beaucoup moins embauché. De plus, elles étaient presque absentes des forums d'embauche. » D'après Zhao, les quatre grandes agences de comptabilité constituent l'indicateur de la performance des entreprises étrangères. Avant, ces auditeurs étaient connus pour leur emploi du temps hyper chargé. En ce début 2013, ces employés ont enfin droit à de longues vacances. Bonne nouvelle ? Pas si sûr… L'industrie aérienne, qui avait connu un développement rapide en 2011, n'a pu maintenir cette tendance. Le service au sol de China Southern Airlines a recruté 630 personnes en 2012, contre 580 cette année. Zhao Chenguang est un pilote de China Eastern Airlines. Depuis le deuxième semestre 2012, il vole 60 à 70 heures par mois, 20 heures de moins qu'avant. « La situation économique internationale n'est pas bonne depuis deux ans. On gagne moins. C'est normal de réduire ses déplacements », a-t-il expliqué. Le secteur financier subit lui aussi les effets de la situation économique. Le Forum d'embauche 2010 spécialisé en Finances organisé par l'Université de Jinan a permis 4 000 embauches. En 2012, seuls 2 500 diplômés y ont trouvé un emploi. Le cabinet de conseil en stratégie Roland Berger prévoit que dans les années à venir, le secteur va supprimer 40 000 postes. La détérioration de l'environnement financier a poussé les étudiants dans ce domaine qui étudiaient à l'étranger à revenir au pays. Les nouvelles énergies se portent bien Le secteur du gaz naturel, principale alternative au charbon, se porte à merveille, grâce au soutien du gouvernement. Mais on ne peut pas en dire de même de l'éolien. Le groupe Sinovel Wind, le numéro un du secteur, a dû résilier les contrats d'embauche pré-signés avec des centaines de diplômés de 2012, et n'embauchera pas en 2013. Un autre fabricant du secteur, Jiang Yin Envision Energy a révisé son programme de recrutement 2013 : -60 % ! Liu Chang est entré dans cette entreprise en 2011. A l'époque, le secteur connaissait un véritable boom, grâce aux mesures politiques favorables. « Hélas, depuis 2011, la production est en surplus. Le gouvernement central a récupéré le pouvoir de ratification régional. Le secteur tout entier est en déclin », a déploré Liu. Les entreprises centrales et nationales : accès difficile L'envergure du recrutement des entreprises centrales et nationales continue de s'accroître, mais l'accès est ultra concurrentiel. Deng Xin va bientôt être diplômé de l'Université de Leicester. Elle a décidé de rentrer au Shanxi, sa province natale, et souhaite entrer dans une société de vente et de transport de charbon, la société dans laquelle sa mère travaille. Malgré son arrière-plan éducatif et familial, elle n'a pas pu trouver un emploi au siège, à Taiyuan, et a été envoyée dans une succursale ailleurs. Il y a peu, une liste de candidats de la succursale à Jinan de la China Merchants Bank a fuité sur Internet. Ce « document interne » était accablant. Les candidats avaient tous des liens familiaux ou sociaux avec des gens importants : amis du président de la banque, des dirigeants de la Commission de régulation bancaire ou du gouvernement provincial. Plus on a de relations, plus on a de chances de trouver un emploi. L'industrie immobilière : une extension contre vent En 2013, le secteur immobilier pourrait devenir l'eldorado des jeunes diplômés. C'est du moins ce que pense Qin Hong, directrice du Centre d'étude politique du ministère de l'Habitat et du Développement urbain et rural. Pour elle, l'urbanisation engendre des besoins énormes, qui vont se traduire par des créations d'emplois dans le secteur. Les effectifs du groupe immobilier Evergrande croissent de 1 300 personnes par an. Cette entreprise affiche un gros chiffre d'affaires, tout comme ses concurrents. Dans ces conditions, l'immobilier pourrait être un investissement solide pour les jeunes diplômés.
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