90% des antiquités volées dans les tombes vendues à l’étranger |
Lors des « deux sessions annuelles » de la province du Zhejiang, certains spécialistes ont indiqué qu'avec le développement des technologies de géolocalisation, de détection et des explosifs, le pillage d'anciens tombeaux se répand en Chine, devenant même la principale cause de la disparition des reliques. Des statistiques montrent que 90 % des antiquités dérobées dans les tombes sont désormais déversées à l'étranger.
« Beaucoup de gens pensent que l'exode du patrimoine a atteint son apogée à la fin de la dynastie des Qing (1644-1911) et à l'époque de la République de Chine (1911-1949). Ils ont tort. A vrai dire, ce sont ces trente dernières années qui marquent la période la plus noire », a dit Yu Changsheng, vice-directeur général du Fond spécial de sauvetage des antiquités dispersées à l'étranger relevant de la Fondation pour le développement socio-culturel de la Chine. Selon Yu, les vestiges de la dynastie des Han (202 av. J-C-220) sont aujourd'hui les plus rares en Chine. Plus la tombe est ancienne, plus le caveau s'affaisse, allant jusqu'à descendre à une profondeur de 20 ou 30 mètres. Il est donc impossible pour les non professionnels de faire des fouilles. Cependant, avec le développement des hautes technologies, notamment la géolocalisation, la détection et les explosifs, de plus en plus de personnes osent s'adonner au pillage. D'après Liu Bin, vice-directeur de l'Institut d'archéologie de la province du Zhejiang, ces dix dernières années, le nombre d'antiquités dérobées a atteint un record. De plus, en trente ans de réforme et d'ouverture, le patrimoine culturel du pays a été littéralement ravagé. « En Chine, plus de 90 % des fouilles archéologiques sont passives », a ajouté Yu Changsheng.
Selon Liu Bin, la Chine a pour principe de donner la priorité à l'archéologie en cas de lancement de travaux de construction d'infrastructures : chemin de fer, barrage des Trois Gorges, projets hydrauliques... Problème, le pays ne compte que 2 000 archéologues, un effectif extrêmement insuffisant et en fort contraste avec ces immenses chantiers. « Actuellement, il n'y a que 10 archéologues au Tibet et au Xinjiang. Dans le Zhejiang, nous ne sommes que 22 personnes dans notre institut. Selon des spécialistes étrangers ayant fait un voyage d'études au Zhejiang, nous devrions être 2 à 3 000 rien que dans cette province ! », a expliqué Liu Bin. Les pillages ne sont qu'une des causes de la fuite du patrimoine. L'autre raison importante, c'est tout simplement le manque de moyens humains, financiers et matériels en archéologie. « La province du Zhejiang accuse un grand retard au niveau matériel par rapport à d'autres provinces », a poursuivi Liu. Actuellement, on a déjà commencé à construire des musées d'archéologie au Shaanxi et au Hunan, alors que la province du Zhejiang n'a élaboré aucun projet dans ce domaine. Le saccage de tombeaux s'est développé avec les enterrements de luxe dès l'époque des Printemps et automne (770-476 av. J-C), une période trouble. Dans l'histoire funéraire de la Chine antique, c'est la dynastie des Han (202 av. J-C-220 ) qui marque l'âge d'or de la somptuosité des nécropoles, allant des caveaux de diverses sortes aux cercueils luxueux, en passant par d'innombrables trésors accompagnant les défunts dans l'au-delà.
Beijing Information
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