Education : un Master, pour quoi faire ? |
Le 7 janvier 2013, l'examen d'entrée en deuxième cycle universitaire s'est clôturé. Pas moins de 1,8 million de candidats ont planché pendant deux jours ; la compétition était donc acharnée. Dans un contexte de dégradation des compétences des diplômés de Master et de la détérioration de la situation d'emploi, nous devons essayer de comprendre pourquoi tant de jeunes Chinois souhaitent à tout prix faire des études longues, d'autant plus que le phénomène a pris de l'ampleur ces dernières années.
D'après l'enquête de MyCOS, une compagnie de sondage et d'évaluation des données éducatives, sur 3 899 personnes interrogées, 34 % ont déclaré que faire un master leur permettra de « trouver un bon travail », 29 % ont attribué leur participation au désir d' « étudier dans une meilleure université ». Seulement 9 % ont déclaré souhaiter « poursuivre la voie académique ». Force est de constater que l'emploi est toujours le premier souci pour la plupart des étudiants. Cette motivation pour l'emploi va à l'encontre de l'objectif initial de l'enseignement de deuxième cycle universitaire : former des talents de nature à satisfaire aux besoins académiques. En fait, les ressources de l'enseignement supérieur, relativement inchangées malgré le nombre croissant de candidats au Master, ont du mal à permettre la formation de chercheurs qualifiés. Des statistiques montrent que de 2007 à 2012, le nombre d'étudiants de deuxième cycle a augmenté de 30 %. De là résulte un phénomène qui est monnaie courante dans de multiples institutions : un professeur dirige une dizaine voire-même plusieurs dizaines d'aspirants au Master. Par ailleurs, la presse se gausse fréquemment de la mauvaise qualité de certains mémoires ; on a donc mille et une raisons de mettre en doute la réelle compétence scientifique et professionnelle de leurs auteurs. Depuis 2005, le nombre d'étudiants inscrits à l'examen d'entrée en deuxième cycle universitaire a dépassé pour la première fois le million, en revanche, le taux d'emploi chez les détenteurs de Master diminue d'année en année, il est même inférieur à celui des licenciés. Lors de leurs études, certains aspirants au master ne font qu'élever leur niveau d'exigence à l'égard de l'emploi, au lieu d'acquérir des savoir-faire solides. Ils sont donc incapables de trouver un poste élevé, tout en méprisant un poste inférieur. A cela s'ajoute la contradiction structurelle qui résulte du décalage entre le marché de l'emploi et les disciplines en Master instaurées dans certaines universités. Face à cette fièvre du Master, les étudiants devraient mieux réfléchir sur leur vraie motivation, les autorités compétentes ont besoin d'évaluer avec sang-froid le mode d'enseignement en deuxième cycle universitaire, et tous les citoyens devraient analyser objectivement la situation de l'emploi pour les détenteurs de Master. Il faut sensibiliser les étudiants à des valeurs correctes en matière d'apprentissage et d'emploi, procéder avec prudence à un nouveau positionnement de l'enseignement de deuxième cycle universitaire par rapport à l'emploi et à la formation des chercheurs, appeler les employeurs à engager les postulants uniquement selon leur talent et sans distinction de niveau d'instruction, de sexe et de réputation des universités dont ils sont issus. C'est seulement de cette manière qu'on pourra peu à peu refroidir cette fièvre du Master, et inciter les étudiants à adopter une attitude rationnelle face à ce diplôme.
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