Park Geun-hye, la première présidente sud-coréenne |
Le mercredi 19 décembre fut une journée historique pour la Corée du Sud. Park Geun-hye, candidate du parti au pouvoir, Saenuri, a été élue à la présidence du pays, devenant ainsi la première femme à accéder à ce poste. Dans son discours, Park Geun-hye a déclaré qu'elle serait une présidente qui tiendrait ses promesses et se préoccuperait du bien-être du peuple. Avec la passation de pouvoir, les politiques intérieures et extérieures de la Corée du Sud seront réajustées, notamment celles vis-à-vis de la Corée du Nord. Mme Park avait exprimé lors de la campagne électorale qu'elle s'emploierait à la réconciliation avec la RPDC si elle gagnait l'élection présidentielle. Des spécialistes estiment que la Corée du Sud va adopter une attitude plus souple envers la Corée du Nord après l'intronisation de Park Geun-hye, ce qui est dans l'intérêt de la situation de la péninsule coréenne et de la sécurité de l'Asie du nord-est. L'apaisement de la tension entre les deux pays mérite d'être pris en considération. Equilibre entre la ligne intransigeante et la politique du « soleil » Dans son allocution sur la politique extérieure, Park Geun-hye a indiqué qu'après son investiture, elle s'efforcera d'améliorer les relations entre les deux Corée, et d'atténuer la confrontation militaire à travers des dialogues effectifs. Elle a proposé d'instaurer respectivement à Séoul et à Pyongyang une institution officielle appelée « Bureau d'échange et coopération entre la Corée du Sud et la Corée du Nord », et de réaliser d'abord la « petite réunification » basée sur la construction d'une communauté économique avant de passer à la « grande réunification » avec la promotion de l'intégration politique. Mme Park a aussi exprimé son souhait de rencontrer directement le leader de la Corée du Nord. Cependant, en tant que représentante du parti conservateur, Park Geun-hye cherche à manifester une attitude ferme en réponse à la menace potentielle de Pyongyang. Elle préconise la place dominante de la Corée du Sud dans la situation de la péninsule coréenne, et essaie de recourir aux moyens militaires pour maintenir une « dissuasion énergique ». Elle insiste sur « la primauté de la sécurité nationale », disant que la Corée du Sud ne ménagerait aucun effort dans sa contre-attaque si son voisin du nord osait procéder à des provocations militaires à la frontière septentrionale. Selon Yang Bojiang, spécialiste du Japon à l'Institut des Relations Internationales, Park Geun-hye va chercher un point d'équilibre entre la voie de « fer et sang » de son prédécesseur Lee Myung-bak et la politique du « rayon de soleil » à l'époque de Kim Dae-jung et de Roh Moo-hyun. Bien que mécontente de l'aide énorme à la Corée du Nord, une mesure qui n'apporte pas de « paix réel », elle insiste sur la confiance mutuelle qui est la base de l'amélioration des relations entre les deux pays, un fort contraste avec Lee Myung-bak qui avait conditionné toute aide au Nord à des progrès dans le domaine du désarmement nucléaire. Mme Park reconnaît également que la dénucléarisation sur la péninsule coréenne est un processus, et que ce n'est pas la peine d'attendre que la Corée du Nord abandonne à 100 % ses armes nucléaires pour lui offrir de l'aide. Autrement dit, la coopération économique bilatérale pourra commencer à condition que Pyongyang franchisse un pas vers la dénucléarisation. « Park Geun-hye s'est déjà entretenue avec l'ancien leader de la Corée du Nord. Si les pourparlers recommencent, les deux parties pourront se mettre à la table pour une négociation effective, au lieu de se rencontrer seulement pour être face à face. De plus, Park Geun-hye a dit qu'elle voulait rencontrer le dirigeant de la Corée du Nord. C'est une main tendue. Nous avons donc mille et une raisons de nous attendre à l'apaisement des tensions entre ces deux pays », a ajouté Yang. Pacification possible Depuis son arrivée au pouvoir en 2008, Lee Myung-bak a appliqué une politique dure « œil pour œil, dent pour dent » vis-à-vis de la Corée du Nord, mettant fin à la politique conciliante de ses prédécesseurs. Cependant, cette fermeté a poussé Pyongyang à aller plus loin sur le chemin de la mise au point d'armes nucléaires et de missiles. La tension sur la péninsule coréenne s'est aggravée avec des incidents tels que le naufrage de la corvette Cheonan et le tir d'obus et roquettes sur l'île de Yeonpyeong. Un sondage mené en novembre a montré que deux tiers des sud-coréens ne soutenaient pas l'attitude de l'administration Lee Myung-bak. D'après le Chosun Ilbo (en coréen : « Le Quotidien de Corée »), au cours des 20 dernières années, « le passage d'une extrémité à l'autre » a caractérisé la politique de Séoul à l'égard de Pyongyang, notamment lors des passations de pouvoir. Les forces conservatrices tentent de se baser sur la coopération avec les Etats-Unis pour pousser la communauté internationale à régler le problème nucléaire de la Corée du Nord, mais cette méthode ne porte pas ses fruits. La politique de rapprochement menée par Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun pendant une dizaine d'années n'a pas non plus permis au voisin du Nord de renoncer à sa politique de priorité aux forces militaires basée sur le développement d'armes nucléaires et de missiles. « Tous ces pouvoirs ont seulement contribué à la multiplication de contradictions entre la Corée du Sud, les Etats-Unis et la Chine, au lieu de susciter des changements au Nord ». « Certaines politiques dures de Lee Myung-bak n'ont aucun sens et jouent un rôle négatif dans la sécurité nationale et le développement de la Corée du Sud. Par contre, choisir l'assouplissement au détriment de l'intransigeance dans certains domaines est le point de départ de la politique de Park Geun-hye. Si les deux Etats réussissent à entamer un dialogue, la pacification sur la péninsule coréenne sera encore possible », a dit Yang Bojiang. Selon Lü Yaodong, chercheur à l'Institut d'études sur le Japon de l'Académie des Sciences Sociales de Chine, la Corée du Nord et la Corée du Sud ont un lien du sang et appartiennent au même groupe ethnique, il est donc dans leur intérêt d'améliorer leurs relations bilatérales. Leur rapprochement va aussi créer une bonne atmosphère en faveur de la sécurité en Asie du nord-est et contribuer à atténuer la tension régionale. « Quelle que soit l'évolution de la situation en Asie du Nord-est, toutes les parties concernées doivent éviter de s'affronter et revenir à la table des négociations. Entamer un actif dialogue bilatéral ou multilatéral est au service de la sécurité d'Asie Pacifique et de péninsule coréenne », a-t-il conclu.
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