Profil de Li Keqiang : un homme qui place le peuple en première priorité |
Photo d'archive prise le 31 janvier 2008 montrant Li Keqiang (3e à gauche) discutant des opérations de secours tout en prenant un simple repas de nouilles instantanées après avoir constaté les dégâts et rendu visite aux sinistrés du village de Ziyun du district de Xuanhan de la province du Sichuan (sud-ouest), en Chine. REFORMISTE TENACE M. Li a recueilli une grande attention en prenant à bras le corps des réformes complexes au cours de ces cinq dernières années, en une période où la Chine a eu à faire face à de multiples défis, dont le séisme meurtrier de Wenchuan et la crise financière mondiale. Le rajustement macroéconomique était le premier noyau dur auquel le vice-Premier ministre s'est attaqué en 2008. Alors qu'il n'y avait pas d'accord sur une manière appropriée de compenser les répercussions de la crise financière mondiale, M. Li a demandé aux départements de planification fiscale et économique du Conseil des Affaires d'Etat d'adopter une politique fiscale proactive avec comme condition préalable de maintenir le taux de déficit au-dessous de 3%. Cette décision a donné à l'économie chinoise un coup de fouet qui était suffisamment puissant pour éviter les complications. M. Li a également présidé plus de 40 réunions pour délibérer sur et prendre des dispositions pour le lancement d'un programme de logements à prix abordables pour les nécessiteux, le plus grand du genre en Chine, dans l'objectif de promouvoir la consommation domestique malgré le ralentissement de l'économie mondiale. Ces dernières années, la Chine a alloué la plupart de ses recettes financières à la construction de logements à prix abordable. Grace aux 17 millions de logements subventionnés par le gouvernement déjà construits, environ 100 millions de Chinois ont déménagé dans des habitations confortables et de haute qualité, tandis que 13 millions de logements sont actuellement en construction ou en cours de rénovation. Une autre réforme qui a placé encore davantage M. Li sous les projecteurs concerne les services de santé, un défi dans le monde entier. Après que M. Li a conduit le groupe de dirigeants du Conseil d'Etat pour la réforme médicale et du système de santé, le pays a rapidement fixé comme objectif de transformer le système de santé en service public de base abordable pour tous, au moyen d'une approche progressive accordant la priorité à l'amélioration institutionnelle et aux besoins fondamentaux du peuple. Le gouvernement central a publié 14 documents pour inspirer des essais locaux depuis 2009. Toutes les tâches ont été conduites de façon réussie. Avec ce régime, le gouvernement a efficacement atténué les préoccupations du public en construisant le plus grand système de santé du monde en près de trois ans. L'érudit américain Robert Lawrence Kuhn considère cette réforme comme le plus grand accomplissement de la Chine au cours de la dernière décennie. Margaret Chan, directrice générale de l'Organisation mondiale de la Santé, a pour sa part reconnu que ce succès était le résultat d'un travail considérable. John Langenbrunner, économiste en chef de la santé de la Banque mondiale, a décrit les résultats obtenus par la réforme comme étant sans précédent. M. Li a également eu le grand mérite d'avoir saisi le créneau précieux ouvert par la crise financière de 2008 pour propulser la réforme de la taxe sur les combustibles impliquant de multiples acteurs. En trois ans, cette initiative a contribué à éliminer les frais redondants des combustibles, encouragé la conservation de l'énergie et la réduction des émissions, amélioré le système de tarification du pétrole raffiné et engrangé de l'expérience pour les réformes futures. Cette année, M. Li n'a pas ménagé ses efforts pour traiter un autre goulot dans la réforme des taxes. Il a mené des enquêtes de terrain et a conduit les départements concernés à former des plans pour une réforme substituant l'impôt sur le chiffre d'affaires par la taxe sur la valeur ajoutée. Après que Shanghai a lancé un programme d'essai, le fardeau de la taxe dans l'industrie des services et les petites entreprises locales a été grandement allégé. En prélude à la réduction structurelle très attendue de la taxe, l'essai a été élargi à neuf provinces, une importante innovation institutionnelle destinée à faciliter la restructuration économique, promouvoir la croissance économique et améliorer les conditions de vie du peuple. Li Keqiang a également dirigé l'élaboration du 12e Plan quinquennal (2011-2015), qui fournit à la foi les directives générales du développement futur du pays et des directives spécifiques pour une centaine de zones. Il a mené des enquêtes de terrain dans un grand nombre d'endroits et de départements gouvernementaux, sollicité l'opinion de fonctionnaires de l'échelon bas, d'experts industriels et d'entrepreneurs, et présidé des symposiums de brainstorming afin d'établir des plans concernant le secteur tertiaire et l'industrie de l'énergie. Des recherches en profondeur ont été menées pendant plus de deux ans sur d'importantes questions, telles que l'élargissement de la consommation domestique de façon durable, la réduction de l'écart entre les régions urbaines et rurales, la conception d'une voie d'urbanisation et l'amélioration stable des conditions de vie du peuple. L'économiste américain Michael Spence, lauréat d'un prix Nobel, a affirmé que le 12e Plan quinquennal était très compliqué mais clair. Sa mise en oeuvre efficace fera de la Chine le plus important acteur de la transformation du mode de croissance économique et du rééquilibrage de l'économie mondiale, a-t-il noté. Joseph Stiglitz, également lauréat d'un prix Nobel, a indiqué que le plan de développement traçait la direction de la restructuration économique de la Chine, avec pour tâche centrale l'ouverture de la Chine afin qu'elle s'intègre mieux au monde extérieur. Les nouvelles responsabilités et opportunités seront nombreuses, et le pays sera davantage impliqué dans le remodelage de l'ordre économique mondial, a-t-il prévu. Martin Feldstein, professeur en économie à l'Université de Harvard, a remarqué les importantes implications du plan quinquennal pour l'économie mondiale. "Sa caractéristique principale est de transformer la politique officielle de maximisation de la croissance du PIB en une politique d'augmentation de la consommation et de la moyenne du niveau de vie des travailleurs",a-t-il indiqué. Connu comme un spécialiste des situations de crises, M. Li est apparu là où l'on avait le plus besoin de lui. Quand les scandales de la sécurité alimentaire se sont produits en 2010, M. Li a été désigné à la tête du Comité pour la sécurité alimentaire relevant du Conseil des Affaires d'Etat, orchestrant la coopération entre divers secteurs. "La sécurité des aliments concerne chaque famille et chaque personne. Donner à ceux qui enfreignent les règles de la sécurité des aliments un coup décisif est une nécessité", a souligné M. Li. En incluant la sécurité alimentaire dans le système d'évaluation de la performance des gouvernements locaux et en renforçant la lutte contre les coupables, la Chine a commencé à réaliser des progrès dans la maîtrise des scandales liés à ce secteur. Début 2009, le monde a été pris au dépourvu par l'apparition d'un nouveau virus de la grippe A, et l'Organisation mondiale de la Santé a émis une alerte du plus haut niveau contre la grippe pandémique. Peu après sa déclaration en Amérique du Nord, le virus a été transmis en Chine, provoquant la panique dans la population. M. Li a alors mis en place de manière catégorique une prévention conjointe impliquant tous les départements concernés, et a exhorté à un développement plus rapide et plus sûr de vaccins, ce qui a permis de stopper la propagation du virus et minimisé son impact en Chine. Ce triomphe a été loué comme une réponse d'urgence exemplaire en cas d'événement imprévu menaçant la santé publique. |