Réduire la pollution sonore |
Wang Hairong
L'autoroute Beijing-Tibet, au trafic très lourd Beijing, arrondissement de Haidian. De la fenêtre de son appartement, Madame Wang jouit d'une vue imprenable sur Badaling, un tronçon touristique de la Grande muraille. Mais voilà, lorsqu'elle ouvre la fenêtre, ce spectacle est gâché par le concert de klaxons et de moteurs qui se joue sans interruption sur l'autoroute, à cinquante mètres de là. Lorsqu'elle a emménagé dans le quartier en 2004, la pollution sonore restait tolérable. Mais avec la densification du trafic, et le balai ininterrompu des camions de marchandises, Madame Wang ne ferme plus l'œil de la nuit. Selon le Bureau municipal de protection de l'environnement, dans ce quartier, le niveau de pollution sonore atteint 75,3 décibels pendant la journée et 76,1 décibels la nuit. Nous sommes bien loin des normes nationales : 70 et 55 décibels. Les oreilles cassées C'est prouvé, la pollution sonore peut causer des troubles de l'audition, des maladies cardio-vasculaires, une diminution des capacités cognitives et de l'anxiété. Le bruit constitue le deuxième plus grand type de pollution en Chine, comme l'a montré un rapport du ministère de la Protection de l'environnement en février dernier : 36 % des courriers adressés à ce ministère concernent les nuisances sonores. Le niveau de bruit le long des routes urbaines est élevé la nuit. En 2010, il s'est conformé aux normes nationales dans seulement 37,3 % des zones surveillées, selon le rapport. Les grandes villes comme Beijing voient leur trafic automobile exploser, leur réseau métropolitain se densifier, et leur trafic aérien augmenter. D'où la colère de nombreux résidents. Le 16 février, le Bureau de gestion de la circulation de Beijing a annoncé que le nombre d'automobiles avait dépassé les 5,015 millions, et que plus de 90% des routes de la ville étaient saturées ou super-saturées. Ceci alors que plus d'un million de Pékinois sont exposés à la pollution sonore le long des principales artères de la capitale. Certains résidents ont décidé d'agir, et ont surveillé le trafic sur une section de l'autoroute Beijing-Tibet, entre les ponts Shangqing et Xiaoying dans l'arrondissement de Haidian. Résultat : chaque minute, ce sont 350 véhicules qui passent sur ce tronçon ! Mais comment faire ? Le bruit peut être réduit à la source. Selon les experts, on peut mettre en place certaines mesures comme des écrans antibruit et des ceintures vertes, et insonoriser les portes et fenêtres des bâtiments les plus exposés. On peut aussi travailler à l'amélioration de la conception des véhicules et de l'entretien des routes, et imposer des restrictions sur l'utilisation du klaxon. La mise en place de telles mesures dépend de différents ministères, et la responsabilité n'est pas toujours facile à déterminer. Par exemple, il est clair que ce sont les constructeurs et les exploitants d'infrastructures routières qui devraient fournir des produits insonorisés. Mais qui devrait se charger de l'insonorisation des bâtiments ? Les promoteurs immobiliers ou les agences chargées des équipements routiers ? En somme, personne ne veut payer. Du côté juridique, la Chine a adopté la Loi sur la prévention et le contrôle de la pollution du bruit ambiant le 29 octobre 1996, entrée en vigueur le 1er mars 1997. Et selon l'article 37 : « Les développeurs de bâtiments sensibles au bruit le long des axes principaux déjà construits en ville doivent, selon les règlements pertinents, maintenir une certaine distance entre les bâtiments et les routes et prendre des mesures pour atténuer ou éviter l'impact du bruit du trafic ». Problème, l'article précédent dédouane les équipements routiers sur la question de la distance routes bâtiments, et stipule que ce sont les agences de transport qui sont responsables. Mais voilà, sur l'autoroute menant à Badaling, les constructions avaient commencé avant l'entrée en vigueur de la loi en 1997. Et rien n'avait été fait concernant la pollution sonore. Ces dernières années, le trafic urbain a explosé. Depuis 2008, la grogne est de plus en plus perceptible chez les propriétaires, a confié Zhang au Beijing Morning Post, gestionnaire immobilier dans un quartier le long de l'autoroute menant à Badaling. Les immeubles dont s'occupe Zhang datent d'après la mise en service de l'autoroute. Les promoteurs ont donc installé des isolations dans les pièces donnant sur l'autoroute. Mais locataires et propriétaires trouvaient cela totalement insuffisant, et continuaient de se plaindre du bruit. Ils ont donc réclamé l'installation de barrières antibruit le long de l'autoroute, question qui a été étudiée par les experts du Bureau municipal de la protection de l'environnement. Malheureusement, ils ont conclu à l'impossibilité de réaliser ces travaux entre les ponts Shangqing et Xiaoying, faute de place suffisante. En conséquence, le gouvernement municipal de Beijing a publié en 2007 des mesures de prévention et de contrôle du bruit du trafic, exigeant que les promoteurs immobiliers laissent une distance adéquate entre les bâtiments et les routes. « Une fois que les nuisances sonores sont installées, elles sont très difficiles à déloger », explique un document technique sur la prévention et le contrôle de la pollution sonore causée par la circulation, rédigé par le ministère de la Protection de l'environnement en 2010. Pour le ministère, il n'y a qu'une solution, la planification rationnelle : « Si les vibrations et le bruit ne sont pas inclus dans la planification à long terme, le coût de la modernisation des installations ou du déménagement des résidents sera astronomique », a déclaré Hao Ruyu, vice-président de l'Université de commerce et d'économie de la Capitale, qui a longtemps été concernée par les nuisances sonores. Les données du ministère de la Protection de l'environnement montrent que, entre 2005 et 2010, Beijing a investi plus de 180 millions de yuans (28,57 millions de dollars) pour contrôler la pollution sonore liée à la circulation, bénéficiant à plus de 100 000 personnes. Le 1er avril, Beijing a publié des normes sur le bruit et les vibrations du métro, qui stipulent que des mesures de lutte contre le bruit doivent être prises pour protéger les bâtiments sensibles situés à moins de 50 mètres des rails. Des installations de contrôle des vibrations et du bruit doivent être conçues, construites et mises en service en même temps que les nouvelles lignes de métro.
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