Huatailong, une mine de richesse pour tous |
Wang Jun Post-apocalyptique. Voilà comment l'on pouvait qualifier, en 2006, le paysage de la vallée Gyama, à 70 km de Lhassa, capitale de la Région autonome du Tibet. Sur la toile, les photos du carnage se sont répandues comme une traînée de poudre : grandes piscines d'eaux usées, cadavres d'animaux jonchant un sol ravagé par l'exploitation minière... Face à ces images choquantes, les internautes ont évidemment pointé la responsabilité du gouvernement : comment a-t-il pu laisser les groupes miniers détruire la région, et la vider de ses ressources naturelles ? Mais aujourd'hui, les paysages à la Mad Max ont laissé place à de vastes prairies arborées, traversées par des routes, et accueillant des infrastructures et des installations minières propres. Cette révolution fut possible grâce à l'action de la Tibet Huatailong Mining Development Co. Ltd, une filiale de China National Gold Group Corp. (China Gold), arrivée à Gyama en 2008 avec une mission bien précise : nettoyer la zone et mettre en place une extraction minière durable. Des mines respectueuses de l'environnement Avant l'arrivée de la China Gold dans la région, 15 petites sociétés privées se partageaient les activités d'extraction, peu attentives aux conséquences de leurs activités sur l'environnement. En 2008, la China Gold a obtenu le feu vert pour exploiter les ressources de la vallée, après plus de 40 cycles de négociations en un semestre. Au cours des trois dernières années, Huatailong a renforcé ses efforts de prospection. Un total de 252 millions de yuans (39,87 millions de dollars) ont été dépensés, ayant permis de découvrir 4,95 millions de tonnes de cuivre, 530 000 tonnes de molybdène, 135 tonnes d'or, 6 600 tonnes d'argent et 580 000 tonnes de plomb et de zinc, a indiqué la compagnie. La première phrase du projet Gyama a débuté en juillet 2010, après deux ans de travaux, avec comme priorité de protéger l'environnement tout au long de la planification et de la mise en œuvre du projet. Les sociétés minières qui exploitaient jusqu'alors la région, en utilisant des techniques et des équipements dépassés, ont laissé plusieurs étangs de résidus miniers qui sont venus polluer les sources d'eau locales. Conséquence, les concentrations de cuivre dans les cours d'eau dépassaient de loin les normes nationales. « Ces compagnies privées étaient là pour faire de l'argent, puis elles sont parties, laissant derrière elles une zone gravement polluée », a déclaré Lukhang Yeshe, directeur général adjoint de Huatailong. Chai Liwei, un ingénieur de Huatailong, a expliqué que la compagnie utilisait une technologie de déchargement à sec pour éliminer les résidus miniers, permettant de recycler les eaux usées. Soit une économie de 34 000 tonnes d'eau par jour. Pour faire face à la pollution des rivières et cours d'eau, Huatailong a établi une usine de traitement des eaux usées et a investi 27 millions de yuans (4,27 millions de dollars) en réduisant le niveau des ions cuivre dans l'alimentation en eau, rendant ainsi la qualité de l'eau conforme aux normes nationales. Afin de protéger les prairies et réduire les émissions de poussière pendant le transport des minerais, la société a dépensé 200 millions de yuans (31,65 millions de dollars) dans la construction d'un tunnel de 5,5 km de long. Selon Teng Yongqing, directeur général de Huatailong, le tunnel, ayant une capacité de transport de 2 millions de tonnes par an, permet de transporter directement les produits vers les usines de traitement de minerais. En 2011, la société a dépensé 10,44 millions de yuans (1,65 millions de dollars) pour des projets d'écologisation de ses installations minières, et 4,4 millions (696 000 $) pour des installations de micro-irrigation (goutte à goutte). Pour réaliser des économies d'énergie, Huatailong a installé plus de 10 000 m² de panneaux photovoltaïques alimentant les appartements du personnel, ce qui a permis de réduire les émissions de dioxyde de carbone de 5 000 tonnes par an. Depuis sa création, Huatailong a dépensé un total de 180 millions de yuans (28,48 millions de dollars) pour la protection de l'environnement, ce qui représente plus de 11,7 % de l'investissement total du projet, bien au-delà du minimum légal, fixé à 3 %. La dernière opération en date remonte à avril dernier, lorsque la société a planté 2 000 peupliers dans la vallée. Prospérité commune Les conditions de vie de la population locale ont connu une nette amélioration depuis l'implantation de Huatailong dans la région. Ngawang Tsering, 59 ans, gardien à l'entrée de la mine, avait l'habitude de vivre une vie de nomade auparavant. Cette famille de sept membres ne gagnait jusqu'alors que 20 000 yuans (3 165 $) par an. Aujourd'hui, si Ngawang ne gagne que 2 000 yuans (316 $) par mois, son fils a un salaire mensuel de 5 000 yuans (790 $) en tant que chauffeur poids-lourd chez Huatailong. Avec ce nouveau revenu, la famille a pu acheter une maison à Lhassa, ainsi qu'une voiture. Mais la partie n'était pas gagnée. Au début, les populations locales ont d'abord hésité à coopérer avec Huatailong. Si l'arrivée d'un grand groupe laisse présager du développement de la région, le souvenir des anciennes mines, et celui des ravages qu'elles avaient faits à l'environnement, était encore très présent à l'esprit de tous les habitants de la vallée. Lukhang Yeshe, Tibétain de 29 ans originaire du Yunnan, est aujourd'hui assistant du directeur général. En 2008, il a commencé à travailler comme interprète pour l'entreprise. « On m'a traité de traître, parce que j'aidais des gens qui n'étaient pas du coin », se souvient-il. Huatailong a pris diverses mesures pour créer un bon rapport entre la société et la population locale. Il a commencé par payer 30,87 millions de yuans (4,88 millions de dollars) de compensation pour les terres cultivées et de 1,93 millions de yuans (305 380 $) pour les prairies, ce que les patrons des anciennes mines ne s'étaient même pas donné la peine de faire. La société a également versé 3,5 millions de yuans (553 797 $) en compensation du bétail mort à cause de la pollution. Pour s'acquitter de sa responsabilité sociale, Huatailong a dépensé plus de 120 millions de yuans (18,99 millions de dollars) pour la construction de routes, le boisement et la lutte contre la pauvreté. La société a également fait don de 740 000 yuans (117 000 $) à des familles pauvres, financé les études de neuf jeunes tibétains à la Northeastern University, a envoyé 30 membres du personnel au centre du pays pour une formation professionnelle, et a fait un don 550 000 yuans (87 000 dollars) en faveur des étudiants locaux. Pour améliorer l'emploi local et augmenter les revenus de la population locale, Huatailong a embauché 253 Tibétains. À ce jour, l'entreprise compte 294 agents issus de groupes ethniques minoritaires, soit 35 % de l'effectif total, et leur revenu moyen annuel atteint les 45 000 yuans (7 120 $). En comparaison, selon les chiffres du Bureau des statistiques de la Région autonome du Tibet, en 2011, la moyenne était à 4 904 yuans (776 $). En décembre 2009, Huatailong a investi 16 millions de yuans (2,53 millions de dollars) pour l'achat de l'équipe de transport de la ville de Gyama, pour fonder la Gyama industrial and Trading Co., dont les capitaux sont intégralement détenus par les 3 850 habitants de la ville. Jusqu'à présent, cette société a engrangé 2,51 millions de yuans (397 150 $) de bénéfices. Dans cette entreprise, la majorité des gestionnaires, chauffeurs et membres du personnel sont tibétains, et gagne en moyenne 4 000 yuans (633 $) par mois. Selon Lukhang Yeshe, bon nombre d'entre eux ont déjà pu acheter une voiture. Tsering Dekyi, 24 ans, fait partie de ces neuf étudiants qui ont été envoyés à l'Université Northeastern par Huatailong. Alors que sa famille n'avait les moyens de lui financer ses études supérieures, Huatailong lui a permis de faire des études d'ingénieur en génie minier. Désormais, elle gagne 5 000 yuans (790 $) par mois en sein du groupe. Les impôts locaux dont s'acquitte Huatailong - 118 millions de yuans (18,67 millions de dollars), soit 47 % des recettes totales du comté - ont considérablement amélioré la situation financière du gouvernement local. « Metrorkongka était un comté pauvre, mais grâce à ce groupe, l'industrie minière est devenue le pilier de notre économie », a déclaré Lin Tao, secrétaire départemental du Parti. Lukhang Yeshe se sent étroitement lié à Huatailong : « Si le développement de Huatailong n'est pas bon, notre vie ne sera pas bonne non plus », a t-il confié à Beijing Information.
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