Pour une commercialisation civilisée |
Zheng Yang Une histoire de plus de 5 000 ans a laissé à la Chine environ 700 000 sites de patrimoine historique à travers le pays. Ces précieux trésors et monuments sont devenus la force motrice d'un tourisme en plein essor. Toutefois, le mercantilisme envahissant commence à constituer une menace à leur protection. Trouver un équilibre entre le passé et les forces de la modernité est une tâche que la Chine doit maintenant entreprendre. Mesures de protection Les grottes de Mogao, situées dans la ville de Dunhuang, province du Gansu, constituent l'un des trois ensembles rupestres les mieux connus de Chine. C'est également un des sites d'art bouddhiste les mieux préservés du monde.
Sur ce lieu, plus de 735 grottes de différentes tailles s'étalent sur une falaise de 1 600 mètres de long. Les peintures rupestres qu'elles abritent présentent une grande diversité de styles artistiques des différentes dynasties chinoises. Pour de nombreux visiteurs, cependant, l'attraction n'est pas seulement l'histoire magnifique peinte sur les murs. Il y a aussi les nombreuses mesures mises en place pour protéger les œuvres d'art. Les peintures murales sont délicates, et luttent pour survivre au milieu d'une mêlée de touristes en plein essor. Les grottes ne peuvent recevoir que deux millions de touristes chaque année, puisque le dioxyde de carbone exhalé par des personnes accélère la détérioration des peintures murales. Des appareils ont été mis en place pour contrôler l'humidité à l'intérieur de chaque grotte, et des grottes sont fermées quand le nombre de visiteurs franchit la limite. Il existe plusieurs itinéraires de randonnée permettant de parcourir 10 des grottes de Dunhuang. Ensemble, ces dix grottes représentent toutes les périodes artistiques trouvées parmi des centaines de grottes du site. Billet en main, le touriste est accompagné d'un guide professionnel, et se prépare à en apprendre davantage sur l'histoire du bouddhisme. Liu Hongli est un des guides de Mogao. Son travail est double. Elle explique le sens historique et religieux des peintures murales, et - peut-être plus important encore - elle déverrouille puis verrouille les portes en bois qui protègent les œuvres d'art à l'intérieur des grottes. Contrairement aux peintures murales, ces portes ne sont pas des reliques du passé, elles ont été construites relativement récemment. Nul ne peut entrer sans autorisation.
Liu et ses collègues ne sont pas des guides ordinaires. Pour utiliser les clés des grottes, il faut avoir un diplôme universitaire ainsi qu'une connaissance profonde de l'histoire, de l'art et de la religion, afin de comprendre la valeur de ce site. D'après Liu, sur 400 grottes décorant des peintures murales et des sculptures, seulement 40 sont ouvertes aux touristes. Rapidement, explique-t-elle, ce nombre sera divisé par deux, « quand la nouvelle salle d'exposition en dehors des grottes sera achevée. Cela ne prendra pas plus de deux ans. » Cette nouvelle salle donnera aux visiteurs la chance de visiter les grottes en réalité virtuelle. Cette nouvelle sera peut-être une déception pour les admirateurs de Mogao, mais le théâtre en trois dimensions est loin de suffire à préserver le site. « Même cette mesure de protection ne peut rivaliser avec l'érosion naturelle des grottes, à mesure que le temps passe », explique Sun Xuehu, un fonctionnaire du gouvernement municipal de Dunhuang. Néanmoins, poursuit-il, « je suis persuadé que Mogao est le site historique le moins commercialisé du pays. » |