La croissance par l’innovation |
Tang Yuankai Une conférence nationale sur l'innovation scientifique et technologique appelle à l'approfondissement des réformes dans ces domaines, ainsi qu'à l'accélération de la construction d'un système d'innovation national. Le 7 juillet, l'Institut de Shenzhen pour les technologies intégrées avancées a lancé le premier projet chinois d'application du cloud computing à l'industrie. La technologie, développée conjointement par l'Institut et le groupe ACL Machinery, a déjà été adoptée par la US National Aeronautics and Space Administration, par le géant automobile General Motors et par la société chinoise Huawei Technologies Co. Ltd. Fondé en 2006 sous l'autorité de l'Académie chinoise des sciences, l'Institut est le seul établissement public de cette ville méridionale symbole de la réforme et de l'ouverture. « Depuis sa création, l'Institut se consacre à l'innovation institutionnelle, la recherche fondamentale et appliquée, et la commercialisation des fruits de ses recherches », a déclaré Pan Jianping, chercheur et président de l'Institut. Des politiques au service de l'innovation A la veille du lancement du projet, une conférence nationale sur l'innovation scientifique et technologique d'envergure sans précédent s'est tenue à Beijing. Durant cette réunion de deux jours, le mot d'ordre était d'approfondir la réforme du système scientifique et technologique, d'accélérer la construction du système national d'innovation et de définir les orientations pour un nouveau cycle de réforme. Lors de la conférence, le président Hu Jintao a exhorté le pays à renforcer la capacité d'innovation scientifique et technologique, et à intégrer la science et la technologie au développement social et économique. Le président a fait des suggestions pour accélérer la construction d'un pays innovant, tels que la promotion de l'innovation axée sur le développement, l'amélioration de la capacité d'innovation nationale et du système de formation de talents, l'approfondissement de la réforme des systèmes scientifiques et technologiques, l'optimisation de l'environnement pour l'innovation, et l'élargissement de la coopération internationale. L'innovation nationale est devenue une stratégie nationale, dans le but d'en faire un moteur de la croissance. Les statistiques officielles montrent que les dépenses publiques dans ce domaine n'ont cessé de croître, avec un taux de croissance annuel moyen de 25,2 % de 2006 à 2010, atteignant 861 milliards de yuans l'an dernier, soit 1,83 % du PIB, plaçant la Chine juste derrière les Etats-Unis. Selon Xu Heping, directeur du département de recherche du ministère des Sciences et Technologies, cet écart devrait être comblé en 2015. En 2011, la Chine a accordé 172 000 brevets d'invention, +27,4 % par rapport à l'année précédente, au troisième rang mondial selon ce même ministère. La Chine s'est également classée deuxième en termes de nombre d'articles publiés, et septième en termes de nombre de documents scientifiques et technologiques cités, comme le montre le Science Citation Index. L'innovation conduite par les entreprises Lors de la récente conférence de Beijing, le Premier ministre Wen Jiabao a déclaré qu'en la matière, la priorité était d'intégrer la science et la technologie à l'économie, ainsi que de renforcer les capacités d'innovation des entreprises. « A l'heure actuelle, le problème le plus urgent est de mettre en place un système industriel innovant principalement conduit par les entreprises », a déclaré Wan Gang, ministre des Sciences et des Technologies. « Cette idée est largement acceptée par la société, mais nous sommes encore loin de sa réalisation », a prévenu Liu Li, dans le Science and Technology Daily. Dans un domaine resté longtemps monopole d'Etat, les entreprises chinoises sont encore trop faibles pour jouer un rôle de moteur. De nombreuses entreprises ont pris conscience de l'importance de l'innovation pour être compétitives. Récemment, le ministre Wan a visité Gree Electric Appliances, Inc à Zhuhai, province du Guangdong, leader international de l'air conditionné pendant de nombreuses années. L'entreprise possède un institut de recherche à la pointe de la technologie. Et les résultats sont là : Gree innove et gagne des parts de marché. Et sa présidente, Dong Mingzhu, se classe en septième position au Top 50 des femmes d'affaires établi par le journal britannique Financial Times. Les entreprises investissent massivement dans la recherche : elles comptaient pour 74 % du total des investissements l'an dernier, selon le ministère. Parallèlement, la structure d'allocation des fonds gouvernementaux a radicalement changé, au profit des projets innovants. Et le secteur financier ne s'y trompe pas, qui a augmenté son soutien au secteur. Réforme du système Le cycle actuel de la réforme sera axé sur l'amélioration de la capacité d'innovation indigène, la promotion de l'intégration des sciences et des technologies au développement économique et social, et la résolution des problèmes entravant l'innovation scientifique et technologique. Les principaux obstacles à l'innovation sont la faiblesse des capacités d'innovation et le faible taux d'autosuffisance en matière de technologies clés. Les entreprises n'ont pas été établies comme les piliers du système, et les relations entre les universités, les instituts de recherche et les entreprises n'ont pas été renforcées. L'allocation des ressources scientifiques et technologiques demeure la chasse gardée de l'administration, elle est trop dispersée et répétitive, ce qui empêche le développement de la capacité d'innovation de la Chine. Pour motiver les scientifiques et les ingénieurs à s'engager dans l'innovation, le gouvernement devrait réformer la gestion des sciences et des systèmes actuels d'évaluation des talents, adopter de meilleures mesures pour former et attirer les jeunes talents, et favoriser l'établissement d'un environnement sain pour l'innovation, a déclaré Wan. Actuellement, l'intégration de l'innovation à l'économie est entravée par le faible taux de commercialisation des fruits de la recherche. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Chaque année, 6 000 nouvelles techniques agricoles sont approuvées par les gouvernements provinciaux et au niveau ministériel. Mais seulement 40 % de ces réalisations ont été commercialisées entre 2006 et 2010. Pour Pan Jiluan, professeur à Qinghua et membre de l'Académie chinoise des sciences, le coupable, c'est le système d'évaluation des performances en matière de recherche des instituts et des universités. Les chercheurs ont tendance à être jugés sur le nombre de projets et d'articles publiés, au détriment de la résolution de problèmes pratiques et de la valeur économique des projets. Li Xiaolin, professeur à l'Université agricole de Chine, explique en effet que beaucoup de ses collègues ne se focalisent que sur les papiers et les brevets. Leur objectif ? Obtenir des titres académiques et des financements. Mais ne feraient-ils pas mieux de se concentrer sur les véritables besoins des agriculteurs ? « La recherche doit absolument être appliquée », a martelé Wan. Les instituts et les universités feraient bien de participer davantage au développement économique et social.
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