L'esprit de Beijing plus fort que les orages |
Tang Song Face à la plus désastreuse pluie depuis 61 ans et qui a emporté 37 personnes, la capitale chinoise n'a pas tardé à réagir et à porter secours aux sinistrés, révélant toute sa bienveillance et son esprit de fraternité. Du chef d'un commissariat sacrifiant sa vie dans l'exercice de ses fonctions à des balayeurs se dressant devant des égouts ouverts, en passant par les quelques 7 000 policiers canalisant la circulation, les Pékinois ont su montrer une profonde éthique professionnelle. Le plus émouvant, c'est l'esprit d'entraide dont ont témoigné les Pékinois. Malgré les plaintes contre les égouts qui fonctionnent mal, malgré l'angoisse des internautes causée par une femme en couche bloquée dans la rue, la plupart des citadins sont passés du statut d'« observateurs passifs » à celui d'« hommes d'action ». Des automobilistes ont pris l'initiative d'aller secourir des passagers bloqués à l'aéroport ; des magasins ont ouvert leurs portes pour accueillir des passants incapables de rentrer chez eux ; alors qu'un véritable torrent coulait sous un échangeur, plusieurs dizaines de piétons ont prêté main forte aux secouristes pour venir en aide à une personne submergée avec sa voiture. Sur les microblogs, les messages chaleureux gouvernementaux et non gouvernementaux se sont succédés : « N'oubliez pas les travailleurs migrants qui habitent au sous-sol ! Allez les voir et les aider ! ». La nation chinoise ne manque jamais d'esprit de fraternité. La solidarité forgée lors du séisme de Wenchuan quatre ans auparavant ne cesse de s'amplifier et de se répandre partout dans le pays. Les pluies torrentielles qui se sont abattues sur la capitale nous poussent à comprendre que faire preuve d'esprit civique n'exige pas forcément un sacrifice de sa vie personnelle, mais une entraide omniprésente. Le noble civisme constitue non seulement un pilier de la vie moderne et de la civilisation politique, mais aussi une source intellectuelle qui permet de trouver de bonnes solutions à la « question du développement ». Dans ce processus complexe de modernisation, on espère voir moins de « spectateurs passifs » et plus de « passants aimables qui apportent leur assistance et leur aide ». Si telle est la réalité, plus de sympathie se fera ressentir. C'est vrai qu'on a besoin de sympathie dans le secours aux sinistrés mais ce serait mieux qu'elle se traduise dans la vie quotidienne et dans les divers aspects du développement social. Quant au gouvernement, il doit, tout en déployant le civisme, améliorer sans cesse sa conscience et sa capacité en matière de services publics. Au cours de la plus grave pluie torrentielle depuis 61 ans, si les stades avaient été ouverts aux foules bloquées par les crues, si davantage d'autobus avaient été mobilisés pour transporter les passagers retardés dans les aéroports et les gares, et si les plans d'urgence avaient été plus minutieux, de même que les mesures prises plus efficaces, les gens bloqués sous la pluie auraient ressenti un plus profond sens de la responsabilité et un plus grand souci de la part du gouvernement, ce qui les aurait conduit à avoir une plus grande confiance en leur gouvernement, et c'est là qu'on parle d'une « société harmonieuse ».
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